Décidément
il était le bon génie de la cité, qui la révélait à elle-même,
lui mettait au jour d’occultes trésors, qu’elle ignorait.
Georges Rodenbach, ... "Le Carillonneur"
« Ay Marieke
....Marieke je t'aimais tant
Entre les tours de Bruges et Gand
Ay
Marieke....
Marieke il y a longtemps ... »
chante le Grand
Jacques
« C’est tout
là-bas, parmi le nord où tout est mort :
Des beffrois survivant dans l’air frileux du nord »
chante Grand Georges
( Georges Rodenbach - poème, paysages de ville ( XIV) )
« leçon de
silence venue des canaux immobiles, à qui leur
calme vaut la
présence de nobles cygnes »
Fernand Khnopff, Bruges, l'entrée du Béguinage - 1904
« J’ai
voulu montrer combien par un seul trait, on pouvait
évoquer tout un
paysage, des côtes découpées, des récifs…
Et ainsi toucher
l’infini. »
Fabienne Verdier
"Mater dolorosa d'après Simon Marmion " ,
Fabienne Verdier
« Cela
sent la mort, le Moyen-Age, Venise en noir, les
spectres routiniers …
cependant Bruges s’en va, elle aussi »
Charles Baudelaire
les
cloches tintent ,
les marbres portent,
les mantes noires ,
la nuit
coule et les âmes pleurent…
« Ay
Marieke Marieke il y a longtemps ... »
«
il flotte une odeur de linge humide, de coiffes défraîchies à
la
pluie,... »
« Ils
peignent comme on prie »…
ils
peignent la lumière ...à s'y méprendre..
L'illusion crée la
profondeur.
Du
pain béni. ...
Les trois figures, Léon Spilliaert
....Elles
murmurent,
elles espionnent, elles trottent ,
se signent , se
faufilent.
Les miroirs de Bruges ont leurs servantes.
Bruges
la froide, Bruges la morte…
étonnante création.
Bruges ... « soror dolorosa »
...
« pénétrations de l'âme et des choses »,
«
nous entrons en elles tandis qu'elles pénètrent en
nous, »...
Bruges, ...cette morte.
« Toute
cité est un état d'âme ».
F. Khnopff
Bruges
la morte... , étrange roman,
qui me fait découvrir une ville que je
pensais... mais ignorais.
Bruges,
les « Bruges »,
ville pleine, ville vide, ville ombre,
ville flamme, ville chant,
ville psaume, ville glas, ville tocsin,
ville seule , ville pardon,
ville songe, ville fantôme, ville
refuge, ville dérive, ville phare.
Les
Flandres se dressent, se reflètent, les Flandres
regardent,
scrutent, dominent.
Bruges
, la Venise du Nord. Bruges l'espagnole,
Bruges la catholique, Bruges
l'étrange..,
la mystique, la gardienne.
Jan Van Eyck
« La
ville est une sirène qui fait perdre la mémoire à celui qui
la
façonne afin qu'elle puisse conserver son âme.
Architecture
mnémonique.
Prend garde conquérant !
La ville peut te
transformer en esclave.
La ville tient registre d'elle même.
Par
les signes qu'elle porte en elle elle offre un nouveau
langage à
l'homme.
Signe de pouvoir, de servitude, de magnificence,
de plaisir
, de rêve.
Tout fait signe dans la ville.
Celui qui a reçu la
lecture des signes d'une ville ,
où qu'il se trouve tentera de
retrouver ces signes n'importe
où.
C'est le langage de la ville
qu'il l'occupe à présent,
qu'il a à l'esprit.
"Il ne sait plus voir
dans un vol d'oiseau l'arrivée d'un orage
mais à présent il
reconnaîtra le visage d'un dieu dans
l'écorce d'un arbre... »
ainsi commentais-je
les Villes Invisibles d'Italo Calvino.
L'empreinte
qu'une ville nous laisse est elle plus marquante
que la forme que
nous lui donnons ? …
Bruges
, tout là bas, parmi le nord...
Bruges toujours muette , et de ce saint-sang
coule en corps.
Astrid Shriqui Garain, lecture
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