mercredi 30 novembre 2016

LES MACHINES À DESSINER , François Schuiten et Benoît Peeters, exposition au musée d'Arts et Métiers de Paris






Il fait très beau ce dernier mercredi de novembre. Ligne 4 ,... ligne 3 , un accordéon souffle son petit air sur les  toits, 
Paris est a le nez bleu et les lèvres qui tremblent un petit peu 
mais la Seine a toujours ses belles cernes d'émail bleu. 






Mes pas m'entraînent vers les arts et leurs métiers. 

Dans la maison du pendule, manivelles engrenages, soupapes , cadrans dorment dans les nuages. J'ai rendez vous avec les machines à dessiner. Drôles de machines, drôles de machins bidules et machins choses à croquer.


François Schuiten dévoile un peu de sa table de travail.


 Entre la maison des arts et métiers et François Schuiten c'est l'histoire d'une fidèle amitié. Et ce n'est pas un hasard si dans l'album «  revoir Paris », ce musée trouve sa place.


Connaissez vous les cités obscures ? Non, et bien quel dommage mais je vous sais curieux par nature et intelligent par l'esprit et je sais d'ors et déjà que vous vous préparez à  cette grande aventure.



Car c'est une grande aventure que de partir à la rencontre de l'univers de Schuiten et de Peeters !
Prodigieuse même !



Ne cherchez pas la porte d'embarquement, ne courez pas au guichet de DreamAirway, non… ouvrez un livre, un livre de dessins, un livre d'histoires et de dessins et au détour d'un passage .... entrez dans un musée ! 


 
Beaucoup connaissent ces mondes. Certains  n'en reviennent pas . 
D'autres ont fait le choix d'y vivre, et cela, pour toujours .



Ces mondes sont dans une autre dimension. Une dimension inconnue de la Terre. Invisible si vous préférez. Mais ces cités existent bien.

Et ce que je suis allée voir ce matin c'est à la fois la feuille de toutes ces routes et le carnet des nombreux voyages qu'elles offrent. 

Poésie. Ces mondes sont poétiques. Parce qu'ils sont rêves, magie, imaginaires, fantaisie, beauté, voyages, ils sont surréalistes, fantastiques, troublants, émouvants, inquiétants, parfois...effrayants. Ils sont invention, intelligence, ils sont renversants, hallucinants. Ils sont touchants. Ils sont si proches de nous. Ils nous ressemblent tellement…









 ils nous ressemblent....

Pas comme deux coups de crayons, non, comme des milliers de traits, d'encres, de plume, de lavis, de couleur, de dessin préparatoire , d'esquissse, de tecnhique, de lecture, de savoir. 






Penché sur sa table de travail, Schütten dessine et c'est une leçon de poésie qui vous traverse l'âme.


J'ai compris aujourd'hui une  chose. C'est une journée de génie ! comme qui dirait une leçon de chose...



 J'ai compris que bien longtemps je limitais la Poésie, je la limitais à notre monde, j'ai compris que la Poésie n'est pas domestique, n'est pas objet de compagnie. 

J'ai compris qu'elle est un fleuve d'air de pierre de bois d'eau de feu de chair de langue , de terre, que c'est un fleuve qui traverse les mondes , qui parle de monde à monde, que sa langue est multiple que la plupart de ses dimensions nous sont inconnues. 

Je viens de le comprendre et ce sont toutes ces drôles de machines et toutes les passions, et tous les rêves qui les ont crées qui m'ont permis de comprendre cela.



Il faisait très beau ce mercredi de novembre. 




Je ne regrette qu'une chose. Il n'y avait pas d'enfant ce matin à cette exposition. J'espère qu'ils viendront. J'espère que les grands penseront à leur montrer ces machines à voyager, à rêver, à transformer.


Puissiez vous passer la mer des silences, traverser celle des adieux, plonger dans l'océan neptunique.

Puissez vous voir l'architecture de Xhystos, étudier les Quarx, traverser ces cités du livre, là où dans chaque livre  le remède à toute maladie…

Que le continent obscur vous conduise aux sciences, qu'il sème en vous toutes les questions que les mondes puisent porter, que ses tours vous fassent dresser le regard vers le ciel, 




Puissiez vous trouver votre Passage, que la preuve par neuf vous transporte, que votre imagination vous porte.

Puissiez vous savoir les nuits d'Alaxis, et les sept jours de Mylos. 

Puissiez vous croire au plus incroyable possible , à tout ce que suppose  le vaste devenir des humains.




Osez chaque jour imaginer. 




« Le Musée des arts et métiers présente, du 25 octobre 2016 au 26 février 2017, Machines à dessiner, une exposition exceptionnelle, fruit d’une collaboration avec François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des Cités obscures et de Revoir Paris. Pivot de l’exposition, le dessin s’y dévoile comme une activité à la fois technique et poétique, entre précision et imagination. »


François Schuiten
François Schuiten est né à Bruxelles le 26 avril 1956, dans une famille où l’architecture tient une grande place. À l’atelier bande dessinée de l’Institut Saint-Luc, il rencontre Claude Renard avec qui il réalise deux albums : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail. Avec son frère Luc, il élabore au fil des ans le cycle des Terres creuses. Depuis 1980, il travaille avec Benoît Peeters à la série Les Cités obscures ces albums ont été traduits en une douzaine de langues et ont obtenu de nombreux prix. Il a obtenu en 2002 le Grand prix d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre. François Schuiten a également participé à la conception visuelle de plusieurs films, dont Taxandria de Raoul Servais, Mars et Avril de Martin Villeneuve mais aussi Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Auteur de très nombreuses réalisations scénographiques, dont la station de métro Arts et Métiers, il fut le responsable du gigantesque pavillon thématique A Planet of visions qui accueillit cinq millions de visiteurs à l’Exposition Universelle de Hanovre en l’an 2000, ainsi que du pavillon belge à l’Exposition de Aïchi en 2005. Il est le concepteur du Train World de Bruxelles, qui remporte un succès considérable depuis son ouverture à l’automne 2015.
 Benoît Peeters

Benoît Peeters est né à Paris le 28 août 1956. Ancien élève de Roland Barthes, il a publié de nombreux ouvrages, dans des genres très divers. Il est l’auteur avec François Schuiten de la série, couronnée en 2013 par le Grand prix manga au Japan Media Arts Festival. Spécialiste d’Hergé, il a publié trois ouvrages qui ont fait date, Le Monde d'Hergé, Hergé fils de Tintin et Lire Tintin, les bijoux ravis, ainsi que plusieurs essais sur la bande dessinée, le storyboard, Hitchcock, Nadar, Paul Valéry, etc. Il a collaboré avec le dessinateur Frédéric Boilet, la photographe Marie-Françoise Plissart et le cinéaste Raoul Ruiz. Il a aussi réalisé trois courts métrages, plusieurs documentaires et un long métrage, Le dernier plan. Commissaire de nombreuses expositions, il s’est occupé avec François Schuiten de la restauration et de l’aménagement scénographique de la Maison Autrique, premier édifice Art Nouveau du grand architecte belge Victor Horta. Il a publié la première biographie du philosophe Jacques Derrida, ainsi que Trois ans avec Jacques Derrida, les carnets d’un biographe, et plus récemmentValéry, tenter de vivre.




Paris - 30.11.2016, Astrid Shriqui Garain 

lundi 21 novembre 2016

Peuple meulière, lecture poétique sur Selfportraits de Sophie Patry


Photographie de Sophie Patry ©Selfportraits
( son site, ses expositions en cours : http://sopatry4.wixsite.com/sophiepatry/expositions)
 
( avec l'aimable autorisation de l'artiste  ) 

 
Sur la peau
autour de ta chair
où passe la terre entière
entre les pierres

à ton ventre
peuple meulière

et dans la tête
cette lumière

Passer longer glisser
encre la pierre

de tes lèvres à ta bouche
entre les vrilles
et tes genoux
d'un cou
deux craies

maintenant
après
à l'après de mes mains
et à l'avant de tes bras

marchez papiers !
lumière passée
lissée- longée et repassée

ça se confond
où bon nous tremble

photo parterre
l'envers lumière

décore , un nom

une épine dans un buisson
une note un mot
et tu connais les ombres,
elles se déplient sous le nombre.




© Astrid Shriqui Garain , nov 2016.

vendredi 18 novembre 2016

“Acil çağrı!”, Soutien aux journalistes, intellectuels, et artistes turcs







"“Acil çağrı!”
Soutien aux journalistes, intellectuels, et artistes turcs.
11.206 © Astrid Shriqui Garain
encre et numérisation.


" Je regarde la nuit à travers les barreaux
et malgré tous ces murs qui pèse sur ma poitrine
Mon coeur bat avec l'étoile la plus lointaine."

Nazim Hikmet, il neige dans la nuit et autres poèmes, extrait.

 










Balancement











balancement , encre de chine et numérisation, 
© Astrid Shriqui Garain - nov 16.

jeudi 17 novembre 2016

mercredi 16 novembre 2016

LIBERTE POUR ASLI ERDOGAN - özgürlük !




LIBERTE

özgürlük 


POUR LA LIBERATION IMMEDIATE DE L'ECRIVAIN , LA JOURNALISTE ET LA MILITANTE POUR LES DROITS DE L'HOMME 

 ASLI ERDOGAN 

INJUSTEMENT  ARRETEE le 17 aout 2016   ET INCARCEREE à la Prison Bakırköy Cezaevi, C-9, Istanbul, TURQUIE , sur ordre de Recep Tayyip ERDOGAN, premier ministre turc.  


« Je suis née à Istanbul en 1967. J'ai grandi à la campagne, dans un climat de tension et de violence. Le sentiment d'oppression est profondément enraciné en moi. L'un de mes souvenirs, c'est à quatre ans et demi, lorsqu'est venu chez nous un camion rempli de soldats en armes. Ma mère pleure. Les soldats emmènent mon père. Ils le relâchent, plusieurs heures après, parce qu'ils recherchaient quelqu'un d'autre. Mon père avait été un dirigeant important du principal syndicat étudiant de gauche. Mes parents ont planté en moi leurs idéaux de gauche, mais ils les ont ensuite abandonnés. Mon père est devenu un homme violent. Aujourd'hui il est nationaliste. J'étais une enfant très solitaire qui n'allait pas facilement vers les autres. Très jeune j'ai commencé à lire, sans avoir l'intention d'en faire mon métier. Je passais des journées entières dans les livres. La littérature a été mon premier asile. J'ai écrit un poème, et une petite histoire que ma grand-mère a envoyés à une revue d'Istanbul. Mes textes ont été publiés, mais ça ne m'a pas plus du tout : j'étais bien trop timide pour pouvoir me réjouir. Plusieurs années plus tard, à 22 ans, j'ai écrit ma première nouvelle, qui m'a valu un prix dans un journal. Je n'ai pas voulu que mon texte soit publié. J'étais alors étudiante en physique. Je suis partie faire des recherches sur les particules de haute énergie au Centre Européen de Recherche Nucléaire de Genève. Je préparais mon diplôme le jour et j'écrivais la nuit. Je buvais et je fumais du haschich pour trouver le sommeil. J'étais terriblement malheureuse. En arrivant à Genève, j'avais pensé naïvement que nous allions discuter d'Einstein, de Higgs et de la formation de l'univers. En fait je me suis retrouvée entourée de gens qui étaient uniquement préoccupés par leur carrière. Nous étions tous considérés comme de potentiels prix Nobel, sur lesquels l'industrie misait des millions de dollars. Nous n'étions pas là pour devenir amis. C'est là que j'ai écrit Le Mandarin miraculeux. Au départ j'ai écrit cette nouvelle pour moi seule, sans l'intention de la faire lire aux autres. Elle a finalement été publiée plusieurs années plus tard. Je suis retournée en Turquie, où j'ai rencontré Sokuna dans un bar reggae. Il faisait partie de la première vague d'immigrés africains en Turquie. Très rapidement je suis tombée amoureuse de lui. Ensemble, nous avons vécu tous les problèmes possibles et imaginables. Perquisitions de la police, racisme ordinaire : on se tenait la main dans la rue, les gens nous crachaient dessus, m'insultaient ou essayaient même de nous frapper. La situation des immigrés était alors terrible. La plupart étaient parqués dans un camp, à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Plusieurs fois, j'ai essayé d'alerter le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU sur leur sort. Mais c'était peine perdue. Je ne faisais que nous mettre davantage en danger Sokuna et moi. Puis Sokuna a été impliqué dans une histoire de drogue et il nous a fallu partir. Des amis m'ont trouvé une place dans une équipe de scientifiques au Brésil, qui travaillaient sur ma spécialité. Je pouvais y terminer mon doctorat, mais Sokuna n'a pas pu me suivre. Il a disparu, un an après. Je suis restée seule avec mes remords. Rio n'est pas une ville facile à vivre pour les migrants. J'ai alors décidé de renoncer à la physique pour me consacrer à l'écriture. Mais ce n'est qu'à mon retour en Turquie que j'ai écrit La Ville dont la cape est rouge, dont l'intrigue se passe à Rio. L'héroïne est une étudiante turque, qui se perd dans l'enfer de la ville brésilienne. J'étais étrangère au Brésil, mais aussi étrangère en Turquie. Je ne me sens chez moi que lorsque j'écris. Vingt ans plus tard, aujourd'hui, je me sens toujours comme une sans-abri. J'aime bien Cracovie, je pourrais y rester encore longtemps, mais je sais bien qu'il faut laisser la place à ceux qui attendent un asile. Il faudra bien que je retourne en Turquie. En attendant, chaque jour, je me dis que dans mon pays tout le monde sait bien que je suis devenue l'écrivaine turque la plus populaire. Tout le monde le sait, mais pourtant tout le monde se tait. C'est sans doute cela, aujourd'hui, l'exil le plus terrible ».

 ASLI ERDOGAN


vendredi 11 novembre 2016

la nuit de novembre - la crèche



"la nuit de novembre", ©, 
11.2016 
mine et numérisation, Astrid Shriqui Garain



Quelque part dans l’univers, il y a un arbre.

Près de lui il y a
un fleuve,
un village
et une pierre.

La pierre borde le fleuve
et le village berce la pierre.

Sur cet arbre est venu un papillon.
Et sur ses ailes,
juste entre les branches de l’arbre,
là où s’entrefilent l’ombre et le soleil,

il est écrit l’approche du ciel.


Astrid Shriqui Garain, la crèche.  ©

Paris NOvembre







"Paris NOvember" ,  numérisation 
© Astrid Shriqui Garain 2016













mercredi 9 novembre 2016

ma belle, ma tendre, Liberté





 "Immortal Season "© , brou de noix, Astrid Shriqui Garain.

"Aux automnes froissés
à l’enjambée du ciel
à chaque marche pied
aux battements des images
au déserteur, à l’évadée,
à l’otage, à l’internée,
aux cris d’Orphée,
à cette chanson qui n’arrête pas de tourner
à l’enfant Lyre
à chaque livre confié
aux dessins sur les murs
à la porte qui s’entrouvre
aux limites repoussées
à chaque poème envolé
à chaque question posée,
au fusil déposé
à la guitare et à ses mains
à la grille forcée
au journal imprimé,
aux prisons de fer brisé
à la parole donnée
à la mémoire partagée,
à la main qui s’ouvre
et à celle qui se tend
Rappelle toi,
Houriah,
ma belle, ma tendre,
Liberté


à la page d’écriture,
à la belle Etoile,
aux chemins écartés
aux couleurs de chaque fruit
au murmure, au silence
au vin versé,
au langage des signes,
à la langue des possibles
à l’écho des arcs en ciel
aux cartables de chaque écolier
au marcheur d’idéal
à l’homme qui tremble
à l’homme qui sait
à l’homme qui demande
à l’humilié, à l’oublié,
à la chambre qui vague
au bateau qui revient
à l’avion qui se pose
à la frontière qui tombe
à la barrière qui se lève
à la lueur de l’espoir
à l’enfance qui regarde
Rappelle toi,
Houriah
ma belle, ma tendre,
Liberté


Astrid Shriqui Garain, Houriah ma belle, extrait 
 

samedi 5 novembre 2016

La bougie






" Die Sonne " de Frans Masereel



La bougie 


Les idées noires qui te sortent des poches.
Qui tombent et se flétrissent,
quelques scories à ces fenêtres peintes de nuit.

Des idées comme petites lettres mortes.
glose catastrophe
boule d'angoisse séchée à tes semelles
laissées à ce plancher
entre ses lames tu te dépenses
à ces silences plein l'escalier.

Cadavres gisant sur un blanc de bataille.
A qui s'attendre sous la pluie ?

Un peu endormie tu écris.
Tes doigts de dessous laine
prennent la lumière en compagnie

un billet pour entendre une histoire
a la fenêtre tu te voyais changer la couleur de la nuit.

Tourner les pages, prendre une image
entre nuages tu vois passer une folie
contre un sommeil la poser à ton réveil
et comprendre la pluie.

Tourner les pages à contre sens de la nuit
Une pensées douce qui te tire par une manche
et de l'autre lessive d'autres dimanches
par le sourire il te vient des envies de compagnie.

Plus de poches, plus de bottes,
Plus de bruit de roche dans la tête
Juste un billet au bord des cieux.
boire une l'histoire , vivre des jours
à toutes les pages comme on recèle l'amour
Juste tes doigts de dessous laine,
qui porte à mon étage cette petite flamme de compagnie.



Astrid Shriqui Garain ©

11.2016