mercredi 25 août 2021

écluse 14

 

 

 


 

Voici l’attente du canal
paupières courantes à l’abîme des mers
 
l’estuaire patiente et la maison sereine
 
ses volets sont muets
sur le quai des écluses
les ombres passantes
juste fleuve indocile
comme un souffle
aux épaules des hommes 
 
Au signe d’un passage
l’été en hallage
sillonne ses biefs
à la langueur de leurs mots.
 
Les péniches débordent de rives.
 
Un soleil
une braise de lune
une pupille de paille roule
sur des nuques de sables.
 
Un pont plus loin
ne saura jamais dire
pour quelle saison un ciel leur offre ses orages. 
 
 
écluse 14, Astrid Shriqui Garain - Canal de Briare – VIII 2021

lundi 12 avril 2021

La toupie

 

Dessin, encre, Astrid Shriqui Garain 04.2021

 

 

                    Le temps passe.

                    Il traverse sa demeure.

                    Un royaume toupille son visage.


                    L’aube dévoile sa pupille de sable.

                    Elle inspire des tendresses confiées

                    qu’elle adresse en chaque geste prolongé.


                    Elle parle de ce qu’elle ne retient pas. 

 

                    Chaque souvenir est un pays d’exil

                    qui se faufile au hasard des cieux.


                    Ton retour est toujours l’empreinte d’un départ.

                    Tu vois, 

                    l’inverse tournera dans le sens du jour. 

 

"la toupie", Astrid Shriqui Garain, 04.2021

 




mardi 5 janvier 2021

Chemin passe

 

 

 

Ma maison picore les étoiles des murs blancs de ma raison.
 
Dans la nuit, tout est si vaste.
 
La chair est par silence aussi sage qu’une image.
Le jour est un vase pour les fleurs qui n’ont plus de saison.
 
La nuit, des anges marchent sur le plafond nos têtes.
Ils sont beaux comme des ombres qui dansent sur le velours du repos.
 
Demain , je changerai l’heure des fleurs.
Leurs lettres ont besoin de nouveaux rêves,
chaque pétale est un soupir qui murmure à l’oreille d’un piano.
 
Même si leurs pieds sont restés sous la terre,
dans la nuit, les mots perdent leurs os.
 
Chaque maison ne tient que par miracle au sommet de la mémoire.
 
Tous les chemins jettent des étoiles derrière les grilles des visages.
Ils quittent la maison parce qu’ils sont nomades et vagabonds.
 
Sur les murs blancs de ma maison je relie les étoiles au fil de la saison.
 
Je dessine la carte du ciel pour ne pas oublier qu’un chemin passe devant toutes nos maisons.
 
Astrid Shriqui Garain.
"Chemin passe". 02.12.2020