jeudi 20 septembre 2012

Tellement fort

 

                           "Elle pleut", Astrid Shriqui Garain, acrylique, 2011


 

Il faut que je dorme fort
Et je n’entendrai pas la pluie.

Oublier le souffle de ces orages de suie.
Ouvrir aux couleurs qui battent à toutes nos vies.

Il faut que je dorme fort
Et je n’entendrai pas la pluie.

Suivre la partition de nos saisons
Et saisir dans ses accords
une note qui goûtera le ciel et écrira l’aurore.
Dormir encore,
et aimer la première lettre qui viendra à la fenêtre,
Et puis attendre sur une marche blanche
que le soleil entrouvre cet instant et dépose sur nos lèvres
un peu du sel de ce printemps .

Il faut que je dorme fort
Et je n’entendrai pas la nuit
qui laisse entre ses mailles dehors
se faire prendre dans le gris.

Je dors,
sans regret ni remord,
sous une pluie d’or.

Tant et si bien
je dors
Tellement fort.

 Astrid Shriqui Garain, 09.2012 

vendredi 7 septembre 2012

Origavie

 

 

 

Œuvre de Yulia Brodskaya, papiers.

 

J’sais plus si c’était…
son odeur ou …sa couleur.
Un coup d’buvard…un tas paplars…
Rien de fini!

Origami !
que je m’ suis dit.

Le temps, lui…
Il pleuvait un coup,
Un coude sur le boulevard.

J’ sais pas ce qui m’a pris
Juste un peu d’envie.
J’ sais plus comment j’ai réappris
C’est dans mes mains que j’ l’ai repris,.
En suivant une de ses veines,
En restant dans la marge,
J’ai tout saisi.
En ne faisant aucun trait,
Juste en suivant le sens du papier.
Fallait rien chiffonner !
J’ai glissé les mains dans ses replis et ses secrets,
là où la lumière n’osait plus entrer.

J’ai pris ma vie et j’ai….
recommencé.

Je l’ai sortie d’une rame
C’est comme ça que tout a démarré
J’ai dénoué toutes ses lianes.
J’ me suis retournée comme une feuille,
et j’ai filé en diagonale.
J’ai appuyé au centre, bien au dessus
Les quatre coins ensemble,
S’agissait plus de se tromper
Ma vie a pris une de ses formes et …
le goût d’une orange !
Une mésange en losange !
Les angles s’imposaient !
J’ai poussé les battants ,
Droit devant !
Ça m’a fait un pli central
J’ai déplié mes mains rabattues
et allonger mes jambes…
…Détendue !
De ma première épaisseur j’ai arraché
toutes les pointes !
Et j’ai remonté mon triangle supérieur !
J’ai rabattu mon cœur vers l’intérieur.
Il s’agissait de s’appliquer !
En prenant toute la hauteur,
J’ai obtenu..
Dans le poitrail, un éventail !
J’ai retourné ma vie.
C’est pas maintenant que ça finit !
Je me le suis répétée
et ça …avant la nuit.
J’ai remonté la branche en direction de la partie supérieure
Tout ça, figurez vous ,
en pliant tout vers l’intérieur !
J’ai fait la même chose à gauche et par devant,
et puis aussi le soir et un peu en avance !
J’ai fait plier toutes les branches avec les anges.
Et puis, enfin,
Sans faire de pli,
Je t’ai souri.

 

                                               Astrid Shriqui Garain , 09.2012