samedi 31 décembre 2016

J'écoute l'hiver



Astrid Shriqui Garain , " 31.12 " © 12.2016


Jeu dit dans cette étrange absorption du langage
dîme et peine à voir un autre visage
l'eau est arrêtée,
la lumière est brouillée
la vie est asséchée
rien ne coule plus
ni eau ni temps ni larme ni parole

ils marchent grelottant
serrés en leur faux cols
vite, si loin des uns et des autres,
Leurs points ferment leurs poches.
« Ne me touche pas j'ai froid
je cours je folle je rase je frêle »
je ne peux les rapprocher
les mots rétractent fendillent ricochent
j'ai froid j'inverse
je reprise je m'averse je pioche
jeu su dans cette étrange absorption du langage
Leurs mots sont des sillons d'écume
qui gravent mon coeur sur un océan de glace
je souffle à la lumière du ciel
dedans peut être
Mon regard raye son disque de soleil.
face contre glace
le givre contraint ma main de l'arbre
comme un fol en proie à l'angoisse de la sève
Écoute l'hiver fendre mon écorce.

 Astrid Shriqui Garain , "j'écoute l'hiver " © 12.2016

Cette nuit là


Image extraite du film " le concile lunatique " d'Arnaud Demuynck et Christophe Gautry, 2010.




Quand les mots auront fini de courir dans la rue,
de faire tourner les pages de nos livres,
Quand ils ne souffleront plus sur nos places
Quand ils arrêteront de faire les cons,
de discuter, de raconter,
de dessiner, de plaisanter,
de témoigner, d'imaginer,
de tout prendre, et de rien laisser.

Quand ils n'écriront plus rien sur les murs,
Quand ils seront bien polis et raisonnables,
Quand ils seront contrits et présentables,
Quand ils auront une certaine éducation
après avoir reçu toutes nos petites corrections,
Quand il diront...
« Bonjour Madame ,
pardon monsieur,
merci patron »,
quand ils arrêteront de gueuler
NON
quand ils sauront rester à leur place ,
sur la même ligne,
jamais en marge
Quand ils marcheront
en procession aux élections
sur le même ton
Quand ils auront fini de traîner dans l'air frais d'une chanson
ou de rêver au sourire d'une expression
Quand ils n'auront plus des idées de grand large,
ni d'accents de voyage,
plus d'avis,
plus d'opinion,
Quand ils obéiront
un jour au doigt d'un dieu,
demain à l'oeil du diable
et tous les jours à leur pognon
Quand ils sauront dire oui
sans même se poser une seule question,
quand ils écouteront le clairon,
Quand ils n'auront plus que le choix de nos bénir
….ou celui de nous maudire
cette nuit là, tu vois,
cette nuit...là
Avec eux , nous mourrons.


© Astrid Shriqui Garain, 12.2016  



mardi 27 décembre 2016

La coquille



Image extraite du film "Révolution" de Cécilia Pepper, 2012.


Je me croque
me roule et me roc
je me re- croque- vrille
en dedans moi
je bloque
je craque
je m'amande et me graine
au bord de l' hiver
Dans le creux de mes bois
mon écorce a perdu sa lande.
je me silence
et me souviens
de cette automne lointain
de ce village
je sème
de ses deux mains, de son visage
j'ai le sable qui tremble
de mes deux jambes
il flotte au dessus de ma langue.
Je prends le large la tête en bas
à genoux et les poings sous les bras
je me balance d'avant en la matière
dans le berceau de la terre
je crois que je me noie
j'ai le mal d'un pays planté au dessus de mes branches
c'est du rêve qui se projette
c'est la beauté du geste
je me déroule
et me redresse.
Je germe et je progresse
de mon visage
à mes deux pieds
mon corps apprend à se danser.
Un mot me manque :
C'est une coquille de moi.



Astrid Shriqui Garain, ©  La coquille,
 12.2016. 

Le premier automne

photo : extrait du film "Premier automne"
 d'Aude Danset et Carlos de Carvalho, 2013.




Je me fiche de la grande horloge du monde
je me fiche de la grande roue, du grand chariot, du chiffre rond,
je me fiche de la machine à nous faire perdre l'angle droit.
Moi je tourne dans le sens qui me va
je marche vers cette vie là
la vie qui va vers toi
J'ai tout mon temps
et je le prends.
Je ne me retourne pas.

Je boite, et je trottine à demi pas
je n'abats pas les montagnes
je ne fais pas long feu de tout mon bois
Je parle bas,
je rêve fort,
et je m'endors entre les bras de la grande ours,
elle et moi au soir on se comprend ,
on se guingois,
on se course,
on se paresse,
on se boussole ,
on parle d'ailes à tous les temps.
Je me fiche des heures qui passent
elles en feront toujours des siècles
une seconde ça peut bien me suffire
ça peut suffire à faire ton souvenir
un souvenir c'est un sourire qui s'en va pas
c'est une note qui joue toujours en moi.
Y en a qui dise …
« ça remplit pas
les rêves, les souvenirs ….
c'est de la ferraille qui traîne le passé
et qui laissera sa limaille entre les lames de ta pensée.
tu penses, tu penses,...
et vlan ! v'là que ça rouille
voilà : t'es toute cassée. »
Oui mais tant que j'y suis, j'y pense
et dis qu'on devrait pas avoir le goût de tout faire passer.
Je vais pas me plier en quatre pour bien me mettre en boite.
Ça tourne plus rond
mais dans l' bon sens
je marche vers cette vie là
cette vie qui vient à moi.
J'ai tout mon temps
et je le prends.
Sur la route,
dans les bras de la grande ours, je dors.
Qui sait,... ce soir,
le ciel peut être nous comprend.


Astrid Shriqui Garain, © , le premier automne , 12.2016

de la terre et de l'eau


" Le pays d'où je viens "© , , de Marie Javouhey, huile sur toile.


C'est de la terre et de l'eau
juste de la terre et la couleur de l'eau
juste la moiteur de la terre et de l'eau

et puis il y a la main

la profondeur de la main et puis le coeur


juste le coeur
ça n'aurait pas suffit
il fallait la main la terre de l'eau et le coeur
et puis le rythme
Parce que la terre, l'eau, la main,
même sur le coeur,
sans le rythme il n'y aurait pas eu grand-chose

pas grand-chose à dire, rien à faire,
un tas peut être
un tas de petites choses qui s'agiterait ou qui resterait là
avec la moiteur de la chair et la couleur de ses os.

Ça tremblerait, ça passerait, ça s'effacerait
Rien à faire
Pas grand-chose

C'est juste un peu de terre et un peu d'eau
ça commence comme un voyage en bateau
avec au plus profond du coeur
une main qui balance ses couleurs

au rythme

Au rythme tiens
de tous les coins de la chair

au rythme de la main
de son coeur,
sans jamais s'arrêter,

ça n'a jamais commencé.

juste
de la terre
et de l'eau
pas une carte, y a même pas de nom,
pas de dé-fi-ni—tion.

D'où je viens y a juste de la terre et de l'eau.
Et la musique...
elle est en moi.


© , Astrid Shriqui Garain, De la terre et de l'eau , 12.2016









Les vergers de la vie



Vergers en fleurs, Claude Monet 



 La silhouette d'un mot était venu s'accrocher
à la voûte blanche des jardins. 

L' encre de la vie s'enroulait aux mâts de ses branches. 

C'était un matin en partance vers l'infini. 

Il n'y a pas de jour, pas de saison, pas de lieu,
pour se rendre à la bonté du monde. 

Pour chaque lettre, un pétale,
pour chaque fleur, un mot
et pour tout le reste…

disons...juste une brassée d'étoiles. 





Les vergers de la vie, Astrid Shriqui Garain, Noël 2016. 









mercredi 21 décembre 2016

L'aquatinte




Eau forte et aquatinte de Françoise Gérardin, © 2016,
atelier Bo Halbirk.
http://bohalbirk.com/artistes/francoise_gerardin.html


Un pont glissé 

à la paupière du soir, 

dans un miroir j'accoste ton prénom. 

Un ciel te fait cygne. 

Dans mon regard, il se met à flotter 

à l'envie de la saison. 


Astrid Shriqui Garain © " l'aquatinte", 12.2016




jeudi 15 décembre 2016

La glisse


 L'étoile de glace, d'Andy Goldsworthy.



Il y a des jours comme ça sur lesquels ça glisse et qui nous font perdre pieds.
Des jours de grands fracas et de tremblantes mains écorchées.
Il y a des matins de regard couché.
Des pas incertains et des bruits étouffés.
Il y a le sentiment de ne pas être né
de n'être de nul part espéré.
Il y a des couloirs et des ponts,
des villes renards et des drôles de lascars,
Des croque-bestioles qui vous enferment dans le noir des placards
qui vous racontent des histoires
où personne n'ira jamais mettre le bout de son nez
des heures de rendez vous blizzard à sans unique à sans égard.
Il y a la monnaie qu'on balance même pas pour le vœu
juste pour partager un mot ou deux et c'est peu.
Il y a ces Noël que d'autres dansent et ces années lumières qu'on a laissé de côté.
Il y a tellement d'images auxquelles ton ombre est venue se confier.
Un peu d'inachevé, un petit peu d'eau salée.
Il y a la route, cette inconnue de fortune,
il y a un sourire qui écoute et qui a dit juste ce qu'il pouvait.
Ce visage, ces mots simples et qui roulent en route et qui sont si beaux d'être vrais.
Il y a comme ça ces heures qu'on aurait jamais du croiser
et puis vient cet instant qui ne peut rien effacer mais qui peut tout te donner.
Il y a un jour comme ça sur ta peau
qui te laisse un baiser et qui te fait tourner la tête
dans le sens où ton coeur recommence à marcher
Des jours de belle chance et de mains enlacées
d'une lumière qui dessine le seul nom que ne peut être inventé.


Astrid Shriqui Garain. © , " la glisse" , 12.2016

mercredi 14 décembre 2016

Forêt pelote

Photographie : la souffleuse de verre, 2016,
film de Petra Durst-Benning




Le ciel et moi nous tombons 
à flocons ouverts
au bout des cils 
il y a la vie qui marche sans hiver
et puis le vent qui écrit sa rivière. 

De la pointe de l'étang le monde donne la lumière
L'arbre grandit lorsqu'il comprend.


Forêt pelote, 12.2016 ©Astrid Shriqui Garain .

La passante






 Extrait d'un dessin de Victor Hugo, Voyage de Nuit.




 
Sur les images filantes de ta peau
j' ouvre silence.
Là où mes mots marquent un baiser,
bande passante, mon coeur est un chariot ;
 

sur sa toile ça chemine.
Et c'est la pluie qui viendra nous rayer.
 

Toi, près de moi
je ne veux pas l'écouter.


Là bas ils brûlent d'enfer sur le reste des pierres,
cent ans se sont coupés les mains à leurs prières.

Mais ils ne savent pas ce que fait la lumière à tes pieds.

La tête me tourne autour de tes yeux
Je ne compte pas les mots que je dépose sur tes lèvres.
Deviens toute la Terre et je serai le jardin.
C'est l'univers qui repose sous les cendres.
il est assez grand tu sais,
pour porter notre envie de l'aimer.

Sur la bande filante d'un mot
marche une étoile filante.
Elle passe comme toi.
elle dit comme moi.

Elle demande qu'on se rassemble.
C'est ici tous les soirs
mais c'est là-bas,
une seule Nuit.

C'est un peu de moi qui se jette dans le feu
alors viens,
quelque braise que je te dise
si le ciel nous protège un peu.



À la survivance , 12.2016

© La passante, Astrid Shriqui Garain .





samedi 10 décembre 2016

Paris, F. 1959

photographie : Paris, 1959 © Saul Leiter

"« Je n'avais pas eu vraiment de mal à retrouver la trace de F. Un ami commun, résidant depuis peu à Lausanne, m'avait confié, lors d'un déjeuner foisonnant d'anecdotes et de souvenirs cocasses, que F. résidait à présent à Paris, près du Jardin du Luxembourg.
Cela faisait quinze ans que je n'avais pas revu F. . Quinze ans qu'Isle était morte. Quinze ans que la guerre avait pris fin.
Quinze ans juste un peu assez pour que le chagrin me démorde et que je puisse me remettre à marcher.
Je n'avais pas osé lui dire ce qu'elle m'avait confié. En avais-je le droit à présent ? Davantage qu'il y a quinze ans ? Le fait est que je n'aurai pas pris le risque de me retrouver en bas de son immeuble, si un événement ne m'y avait pas poussé. J'avais la lettre avec moi. Quinze ans également que je ne l'avais pas sortie de son enveloppe.
En sonnant à sa porte, je ne savais pas que nos vies, qui m'avaient toujours semblé fort éloignées, allaient s'enchevêtrer de telle façon que ,quelque années plus tard , je présenterais F. comme le plus fidèle ami qu'un homme puisse espérer.
Il est vrai qu'on imagine toujours ceux que l'on rencontre, les projetant dans l'espace réduit de nos désirs et de nos craintes, on devrait leur donner la liberté de notre surprendre, c'est là je crois où chacun peut de la plus véritable des façons se révéler. De là me vient, je crois, cette nostalgie constante de l'inconnu.
On ne devrait rien attendre, ni bonheur, ni félicité, ne connaissant pas leur visage, à quoi cela sert il de les guetter ?
Est- ce cette femme assise en face sur ce banc, est ce ce coup de téléphone, est-ce ce regard sur les marches du soir, ou cette main qui repose ce livre ?
Numéro 64. Le chapeau à la main, j'entrai. Cela sentait l'encaustique, et le plâtre mouillé.
La pluie avait cessé, la semaine était de novembre. Dans la rue, les lumières éclabousseraient encore quelques heures les pavés.
Le panneau référençant les locataires de l'immeuble m'indiqua l'étage. Je lus . Monsieur F. David. 4eme étage, porte G.
Il était dix huit heures lorsqu'à sa porte je me présentai. » 


 © Astrid Shriqui Garain - 12.2016

lecture sur photographie de Saul Leiter, Paris, 1959

vendredi 9 décembre 2016

Canopy







Canopy, 1958
Photographie Saul Leiter 



Canopy,
J'ai l'avenue plein de costards

On my rock
douce
et regard noir
je pose mes yeux
sur tes fesses giratoires

il fait trottoir
à se vider la mémoire

d'un coup de langue
au bout d' la rue
C'était quand même un peu blizzard.
 

© Astrid Shriqui Garain - 12.2016

lecture sur photographie de Saul Leiter







Ite 1955





Ite, 1955. 
Photographie de Saul Leiter 


Au coin de la 8eme
Au genou de l' enseigne
L'enfant prend le quart
Tram que rail
un bruit se grille
la dalle que paille
La ville s'ébranle à saute mitraille
Les mots tombent des poches de djin
Ils rippent,
l'enfant frotte,
ils s'écaillent
à coup de trottoir,
à midi moins son quart
l'enfant mur
la lumière pale
il passe
et prend vitrail.


Ite, © Astrid Shriqui Garain - 12.2016

L'image dépliée






Lanesville,1958. 
Photographie de Saul Leiter 



 Il n'y a qu'un pas
de papier
un miroir d' odeur
dans une toile bleue pliée. 

la croûte d 'un pain
sur le dos du matin

et sept soirées à la vitre du passé. 

la page à l'agenda
pelotonnée dans mon panier. 

je me fonds
du jardin
comme d'une image oubliée. 



 l'image dépliée © Astrid Shriqui Garain -
12.2016







mercredi 7 décembre 2016

Le peuple de l'arbre






































Le peuple de l'arbre - © Astrid Shriqui Garain -
Crayon, mine de plomb - 12.2016



Le peuple de l'arbre - © Astrid Shriqui Garain -
Crayon, mine de plomb et infographie - 12.2016





lundi 5 décembre 2016

L'arbre de vie






 "l'arbre de vie ", © Astrid Shriqui Garain




                                                  Plume et ocrine

Les Herbiers





Infographie des Herbiers  © Astrid Shriqui Garain .




Les Herbiers , © Astrid Shriqui Garain .
Encre, aquarelle, plume, pinceau 








la tour de verre





 la tour de verre , Astrid Shriqui Garain - © 12.2016



L'horizon est une paroi verticale contre laquelle s'écoulent mes passions.

Il pleut en dehors et s'effacent mes traces. 

Il reste entre mes mains une sueur étrange 


à peine si je sang
juste si je ressens 


L'horizon est un lac ou une porte 

La pluie n'est qu'en dedans

à mon front , l'ultime est lueur 


à peine si
je vois
juste
si je marche.



l'obscurité du songe , Astrid Shriqui Garain - © 12.2016





dimanche 4 décembre 2016

mercredi 30 novembre 2016

LES MACHINES À DESSINER , François Schuiten et Benoît Peeters, exposition au musée d'Arts et Métiers de Paris






Il fait très beau ce dernier mercredi de novembre. Ligne 4 ,... ligne 3 , un accordéon souffle son petit air sur les  toits, 
Paris est a le nez bleu et les lèvres qui tremblent un petit peu 
mais la Seine a toujours ses belles cernes d'émail bleu. 






Mes pas m'entraînent vers les arts et leurs métiers. 

Dans la maison du pendule, manivelles engrenages, soupapes , cadrans dorment dans les nuages. J'ai rendez vous avec les machines à dessiner. Drôles de machines, drôles de machins bidules et machins choses à croquer.


François Schuiten dévoile un peu de sa table de travail.


 Entre la maison des arts et métiers et François Schuiten c'est l'histoire d'une fidèle amitié. Et ce n'est pas un hasard si dans l'album «  revoir Paris », ce musée trouve sa place.


Connaissez vous les cités obscures ? Non, et bien quel dommage mais je vous sais curieux par nature et intelligent par l'esprit et je sais d'ors et déjà que vous vous préparez à  cette grande aventure.



Car c'est une grande aventure que de partir à la rencontre de l'univers de Schuiten et de Peeters !
Prodigieuse même !



Ne cherchez pas la porte d'embarquement, ne courez pas au guichet de DreamAirway, non… ouvrez un livre, un livre de dessins, un livre d'histoires et de dessins et au détour d'un passage .... entrez dans un musée ! 


 
Beaucoup connaissent ces mondes. Certains  n'en reviennent pas . 
D'autres ont fait le choix d'y vivre, et cela, pour toujours .



Ces mondes sont dans une autre dimension. Une dimension inconnue de la Terre. Invisible si vous préférez. Mais ces cités existent bien.

Et ce que je suis allée voir ce matin c'est à la fois la feuille de toutes ces routes et le carnet des nombreux voyages qu'elles offrent. 

Poésie. Ces mondes sont poétiques. Parce qu'ils sont rêves, magie, imaginaires, fantaisie, beauté, voyages, ils sont surréalistes, fantastiques, troublants, émouvants, inquiétants, parfois...effrayants. Ils sont invention, intelligence, ils sont renversants, hallucinants. Ils sont touchants. Ils sont si proches de nous. Ils nous ressemblent tellement…









 ils nous ressemblent....

Pas comme deux coups de crayons, non, comme des milliers de traits, d'encres, de plume, de lavis, de couleur, de dessin préparatoire , d'esquissse, de tecnhique, de lecture, de savoir. 






Penché sur sa table de travail, Schütten dessine et c'est une leçon de poésie qui vous traverse l'âme.


J'ai compris aujourd'hui une  chose. C'est une journée de génie ! comme qui dirait une leçon de chose...



 J'ai compris que bien longtemps je limitais la Poésie, je la limitais à notre monde, j'ai compris que la Poésie n'est pas domestique, n'est pas objet de compagnie. 

J'ai compris qu'elle est un fleuve d'air de pierre de bois d'eau de feu de chair de langue , de terre, que c'est un fleuve qui traverse les mondes , qui parle de monde à monde, que sa langue est multiple que la plupart de ses dimensions nous sont inconnues. 

Je viens de le comprendre et ce sont toutes ces drôles de machines et toutes les passions, et tous les rêves qui les ont crées qui m'ont permis de comprendre cela.



Il faisait très beau ce mercredi de novembre. 




Je ne regrette qu'une chose. Il n'y avait pas d'enfant ce matin à cette exposition. J'espère qu'ils viendront. J'espère que les grands penseront à leur montrer ces machines à voyager, à rêver, à transformer.


Puissiez vous passer la mer des silences, traverser celle des adieux, plonger dans l'océan neptunique.

Puissez vous voir l'architecture de Xhystos, étudier les Quarx, traverser ces cités du livre, là où dans chaque livre  le remède à toute maladie…

Que le continent obscur vous conduise aux sciences, qu'il sème en vous toutes les questions que les mondes puisent porter, que ses tours vous fassent dresser le regard vers le ciel, 




Puissiez vous trouver votre Passage, que la preuve par neuf vous transporte, que votre imagination vous porte.

Puissiez vous savoir les nuits d'Alaxis, et les sept jours de Mylos. 

Puissiez vous croire au plus incroyable possible , à tout ce que suppose  le vaste devenir des humains.




Osez chaque jour imaginer. 




« Le Musée des arts et métiers présente, du 25 octobre 2016 au 26 février 2017, Machines à dessiner, une exposition exceptionnelle, fruit d’une collaboration avec François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des Cités obscures et de Revoir Paris. Pivot de l’exposition, le dessin s’y dévoile comme une activité à la fois technique et poétique, entre précision et imagination. »


François Schuiten
François Schuiten est né à Bruxelles le 26 avril 1956, dans une famille où l’architecture tient une grande place. À l’atelier bande dessinée de l’Institut Saint-Luc, il rencontre Claude Renard avec qui il réalise deux albums : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail. Avec son frère Luc, il élabore au fil des ans le cycle des Terres creuses. Depuis 1980, il travaille avec Benoît Peeters à la série Les Cités obscures ces albums ont été traduits en une douzaine de langues et ont obtenu de nombreux prix. Il a obtenu en 2002 le Grand prix d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre. François Schuiten a également participé à la conception visuelle de plusieurs films, dont Taxandria de Raoul Servais, Mars et Avril de Martin Villeneuve mais aussi Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Auteur de très nombreuses réalisations scénographiques, dont la station de métro Arts et Métiers, il fut le responsable du gigantesque pavillon thématique A Planet of visions qui accueillit cinq millions de visiteurs à l’Exposition Universelle de Hanovre en l’an 2000, ainsi que du pavillon belge à l’Exposition de Aïchi en 2005. Il est le concepteur du Train World de Bruxelles, qui remporte un succès considérable depuis son ouverture à l’automne 2015.
 Benoît Peeters

Benoît Peeters est né à Paris le 28 août 1956. Ancien élève de Roland Barthes, il a publié de nombreux ouvrages, dans des genres très divers. Il est l’auteur avec François Schuiten de la série, couronnée en 2013 par le Grand prix manga au Japan Media Arts Festival. Spécialiste d’Hergé, il a publié trois ouvrages qui ont fait date, Le Monde d'Hergé, Hergé fils de Tintin et Lire Tintin, les bijoux ravis, ainsi que plusieurs essais sur la bande dessinée, le storyboard, Hitchcock, Nadar, Paul Valéry, etc. Il a collaboré avec le dessinateur Frédéric Boilet, la photographe Marie-Françoise Plissart et le cinéaste Raoul Ruiz. Il a aussi réalisé trois courts métrages, plusieurs documentaires et un long métrage, Le dernier plan. Commissaire de nombreuses expositions, il s’est occupé avec François Schuiten de la restauration et de l’aménagement scénographique de la Maison Autrique, premier édifice Art Nouveau du grand architecte belge Victor Horta. Il a publié la première biographie du philosophe Jacques Derrida, ainsi que Trois ans avec Jacques Derrida, les carnets d’un biographe, et plus récemmentValéry, tenter de vivre.




Paris - 30.11.2016, Astrid Shriqui Garain