mercredi 14 février 2018

Claudio Parmiggiani - sculpture d'ombre

éditions Actes Sud - Coédition Ville de Montpellier
traduit du français par : Anne BRESSON-LUCAS  ISBN 978-2-7427-3694-2


« On ne peut atteindre l'aube, sinon par le sentier de la nuit. »
  Khalil Gibran.

Poussières, cendres, sculptures d'ombre. Initiation au silence.
 
Les Delocazioni de Claudio Parmigianni…. ? « Une communion sur l'absence ». 


  Claudio Parmiggiani 

 
« La suie et la cendre ont révélé des fissures que l'on ne voyait plus ».Michel Hilaire

« Photographier avec le feu et la fumée, utiliser comme moyen photographique le feu et comme papier sensible l'espace. »

Claudio Parmiggiani peint à l'encre du temps.





« Moi je n'ai pas honte de rêver. Sans rêve, il n'existe pas de réalité ». 



Salita della memoria, 1976 



 

« L'air devient le medium essentiel de cette œuvre, il s'éprouve comme une haleine expirée des murs eux-mêmes. Il devient le porte- empreinte de toute image.' « Georges Didi-Huberman. 



Sculpture d'ombre, Musée Fabre , Montpellier, 23 mars 2002 

 


Poésie, acte poétique.

A vous allumer tous les feux du regard, à vous en couper le souffle.

Silence, on marche dans le silence.
A murs nus, à voix tues.
De mystérieuses présences traversent la conscience .
On vient, dans le silence. 


Polvere, 1997, feu, suie, fumée. 
 
 
« Passif comme la résistance des humbles, le silence est l'arme dernière de l'insoumission, le seuil où l'oppression et la torture fléchissent. 

Soudain et momentané, le silence ne s'exerce que dans la durée, dilaté en temps toujours plus précieux.
Il est économiquement immoral"
 
«  Emilio Villa ( paroles silencieuses) 




Deiscrizione, 1972



A lume spento, 1985
 
Faire danser le feu dans un musée, planter un phare au bout du monde, 
enterrer une œuvre d'art, 
pétrifier, dissimiler, 
disperser, pulvériser, briser, brûler...

Problèmes. 


Terra, 1988,
 ensevelissement de l'oeuvre, cloître du musée des Beaux Arts, Lyon, 25 septembre 1990. 



Claudio Parmiggiani pose problèmes. 
 

Il faro d'Islanda, 2000, Islande.




 Fable du lieu, Le Fresnoy 2001



Transparence, opacité, profondeur et reflet.




« C'est la sécurité qui naît d'une pensée non problématique, inerte. 
Plus l'art refuse de donner ce sentiment de sécurité, plus il est hostile à toute tentative de capture, plus il est perçu comme problématique (…) 
et pour un artiste, ce qui semble être un impératif élémentaire, 
c'est justement de créer des problèmes. ».



« La langue de l’image réside dans l'émotion, première impulsion qui enfante l'art. »

«  Le silence est aujourd'hui une parole subversive puisqu'il est un espace méditatif. »

À la lumière des choses, 
à cette absence qui provient, 
à ce brouillard qui se retire, 
à cette pensée qui devient, 
à l'absurde cacophonie du désordre qui s'évapore, 
à l'imaginaire qui conquiert l'esprit.

A ce rêve impalpable qui nous transporte. 

 
« Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé que pour sortir en fait de l'enfer. » « Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société)






1989, porte brûlée, cadnium

Pour Parmiggiani, la mémoire n'est pas un passé mais une pensée.

Pas de clôture, de la mesure, pas de limites.

« Un visage dans le cristal d'une larme : c'est quelque chose qui est dans l’œil. »
Ombre, cendres, éclat de poussière…la carte du ciel. 









Phisiognomiae coelestis 1975 ,photographie



«  Il est naturel que l'on parte d'une oeuvre et que l'on arrive toujours à une autre œuvre.
Infinies sont les lectures que l'on peut faire et, labyrinthique et infini le rêve qui se trouve dans la parole. » 




  Teatro dell’arte e della guerra – Bologne 

«  Géométrie qui est beauté, lieu de profonde mélancolie.

Et cela a été une façon de comprendre une chose importante : la mesure ».


zoo geometrico, 1968-1969
 
«  L'art est comme l'eau..Regarder DANS une œuvre c'est comme observer son propre reflet
 
à la surface de l'eau, tout est clair, et tout est profondeur. »



Fontaine, Rennes, 1993

 
«  Émotion..
la première impulsion d'où naît l'art, 
c'est ce mot qui continue à inquiéter..
un mot ancien, qui incommode, 
mais que la poésie aime. » 


 
2001, suie sur bois


En réalité, la lumière où va t elle ?  ,
et en rêve qui est elle  ?

« Non pas un objet , mais une idée. Une œuvre qui vit plus dans l'esprit que dans le regard, plus dans la distance que dans l'observation directe..un emblème de ce que je suis et de ce que je pense. »


 2002, marbre de Carrare, parco della Padula, Carrare. 

« Comme des moines , les artistes travaillent enfermés dans leurs grottes, leurs usines, occuper à sculpter à l'intérieur d'un mot, se lançant, de temps en temps, l'un l'autre des signaux, dans la nuit avec leurs lanternes, pour se sentir vivants, suspendus à un symbole...comme une goutte de rosée à un brun d'herbe »


"Senza titolo, 1985" 

« Une œuvre est une arme et je crois que ce n'est jamais un geste de bonne éducation, ni un geste rassurant, ni optimiste, ni mondain, ni décoratif, mais un acte subversif….anarchique..c'est en cela, je pense que réside sa vérité. Et, elle est subversive parce qu'elle n'a pas d'objectif, parce qu'elle ne sert à rien, elle n'est en fonction de rien. Elle est existence. Pure existence. Pour la société, c'est quelque chose d'absurde mais cet absurde, nous en avons besoin. »

«  Aujourd'hui comme jamais, il faut protéger, défendre tout ce qui a le moindre lien avec le monde spirituel ».


«  Le marché où tout a un prix et rien n'a de valeur, 
qui décide non pas ce qui est actuel mais ce qui doit l'être, 
qui euphorise, qui transforme le nain en géant et le géant en nain, 
ne coïncide pas avec les exigences , les inquiétudes d'une œuvre. »


«  Mettre une œuvre dans l'espace, .comme une icône clouée au ciel..dans le corps vivant de l'espace...dans l'angoisse et dans le sentiment de l'espace..peindre, pour moi, c'est cela. "

 
Temps suspendus entre des mains brûlantes qui chassent  l'ignorance d'un mystère en nous laissant deviner la lumière des mots.

 "Autoritratto, 1979, toile photographique"


  • "Né en 1943 à Luzzara, Claudio Parmiggiani vit et travaille à Arnarstapi, où il a développé depuis les années 1960 une œuvre d’une grande puissance poétique qui utilise une large gamme de matériaux et de références.
  • Nourri de culture classique et fortement marqué par le romantisme, il a su imposer au sein des recherches les plus expérimentales de l’art contemporain son goût pour la culture et la littérature.
  • Le raffinement de ses sculptures et de ses installations, la richesse du travail sur la couleur et les matières, ne tempèrent pas la puissance de ses thèmes et la radicalité de son positionnement artistique. 
  • Aux questions fondamentales de la disparition, de l’oubli, de la destruction qui le hantent, il répond par une œuvre dédiée à la mémoire et au temps. 
  • Profondément humaine, sa création s’articule autour d’images et de lieux chargés d’une densité exceptionnelle : il combine ainsi la puissance des images au « génie du lieu », pour créer chez le spectateur un véritable choc émotionnel."






 Nebulosa, 2016


02.2018 , Astrid Shriqui Garain