dimanche 30 octobre 2016

De la peinture américaine des années 1930, ou "The age of anxiety"


 “Je ne sais maintenant, ce que je porte en moi, 

 mes yeux font de l’obscur et je cherche à mieux voir….”

le chaos et la création, les fables du monde , Jules Supervielle, extrait . 



 
"Les filles de la révolution " , Grant Wood, 1932.


29 octobre 1929 . La bourse de New York s'effondre. 

1932 : 


 (source :  photographie , bibliothèque du Congrès américain ) - hors expo

1929... Les dix années qui suivront verront l'Europe s'enfoncer peu à peu dans l'obscurité . La nuit vient. Elle recouvrira tout. Dix années. Décisives, déterminantes.

Misère chômage expulsions. Tout un peuple est jeté sur la route.
Les raisins auront à jamais le goût de la colère. 




( hors expo)   (source :  photographie , bibliothèque du Congrès américain )


Montée des extrémismes , radicalisation, nationalismes, ségrégationnisme.  

Antiparlementarisme, fascisme, populismes, racisme, antisémitisme.


Le monde occidental se rétracte, se sclérose, il n'imagine pas , il s'invagine, 

s'infectionne… 

Il se referme. Au creux de ses mains ? la chair, la vie, la terre, des hommes.


de Grant Wood,


Erosion 2, Mother Earth Laid Bare ( 1936) , d' Alexandre Hogue. 



Georgia O’Keeffe, 1922 - The Art Institute of Chicago © 
Georgia O’Keeffe Museum ( hors expo )


1933 :



Usa ... . Linbergh Il est décoré le 28 juillet 1936 de l'ordre de l'Aigle allemand 

par Hermann Göring. 


 La danse devient macabre. On saura te faire danser .... 


Dance ‘Til You Drop: Dance Marathons of the 1930s

"Danse Macabre" - Mabel Dwight. Lithograph. 1934.  ( hors expo )



1939 mais le magicien d'Oz promet de faire danser le monde .




Sur les chemins enchantés du bonheur l'allégorie économique berce les américains, 

le rêve américain ne veut pas s'éveiller en pleine guerre. 

Le 07 décembre 1941 ..Il faudra alors se réveiller.  

 Mental Geography, O Louis Guglielmi, 1938





La ville éternelle, 1934-37, Peter Blume

Les années 1930.. On barrage, on chemin de fer on new deal ,on accélère,  on construit, on éléve, on bâtit, on lamine, on productivise, on enchaine, on mécanise.




( hors expo )
Le 7 mars 1932 banlieue de Detroit - usine Ford- 3 000 manifestants pour une marche de la faim contre Ford – la police ouvre le feu sur un cortège pacifique .

Les années 1930, on combat, on s'oppose, on marche, on défend, on résiste 



Dans le sud du pays, la terreur anti-noirs du Ku Klux Klan raciste s'ajoute à celle d'une police aux ordres des propriétaires terriens.


années 1930 ...
On acier, on charbon, on autoroute, on réacteur, on automobile,


« Il y eut bien d’autres marches dans les années 1930. C’est la seule période au cours de laquelle le rituel du défilé du 1er mai a non seulement été observé mais a rassemblé un nombre significatif de participants, parmi lesquels des ouvriers et des intellectuels blancs et noirs. Le défilé du 1er mai 1933 à New York mobilisait une telle foule qu’il fallut la diviser en deux groupes, l’un partant du Sud de Manhattan l’autre du Nord pour converger à Union Square . Parallèlement aux marches de chômeurs et aux défilés du 1er mai, le parti communiste, en collaboration avec l’organisation noire N.A.A.C.P. (National Association for the Advancement of Colored People) organisa de nombreuses marches de protestation contre les iniquités de la justice envers les noirs. Le parti communiste dramatisa pour l’opinion l’affaire de Scottsboro dans laquelle 9 jeunes noirs avaient été faussement accusés de viol et joua un rôle actif dans leur défense Des marches rassemblèrent des milliers de manifestants noirs et blancs à Harlem, New York, Washington et Chicago contre la discrimination raciale et pour une législation fédérale anti-lynching. » Les marches de protestation aux États-Unis ( XIXe - XXe siècles) , Marianne Debouzy , extrait , Ed la découverte 2003.
"Lynching" - Lynd Ward. Wood engraving. 1932.( hors expo) 


Alors Harlem renaissance se met en marche .
Aaron Douglas  - Aspiration, 1936.

Inge Ruth Hardison, sculptrice  ( hors expo) 



Photographies  Gordon Parks  ( hors expo )




American way of life...
on pétrole et on baril,
on aspire on pactise
on ...Texaco pour Franco.



 Bombardment, Philipp Guston, 1938



et puis après...pareil pour Monsanto...




 Thomas Hart Benton- Pickers Cotton -

http://www.english.illinois.edu/maps/poets/a_f/brown/photos.htm

Les années 30, …l’obscurité est un trouble, une chape de fonte , a blank…

 "Il faut la flamme d'une bougie pour éclairer le monde..."

...soulever pour voir 

L'homme invisible, 1952 , Gordon Parks  ( hors expo )

1930 - 1935 ... 1940 ... 1945 ....1950... à l'horloge du monde

on germano soviétise, on stalinise, Hiroshima, Nagasaki, on se guerre froide, on s'en lasse pas , on se cuba, 
Indochine, Vietnam, demain on pulvérise, on partage, et on divise.
2016, à l'horloge du monde ... 
octobre 2016 , Bob Dylan, on nobélise. Là n'est déjà plus la question.  

Octobre 2016 , Paris : Jeu de paume , l'exposition Soulèvements dirigée par Georges Didi-Huberman



Remontages - 2016
Maria KOURKOUTA
16 mm sur vidéo (en boucle), noir et blanc, silencieux, 4’ 10.
© Maria Kourkouta. Production : Jeu de Paume, Paris.

Paris, l'Orangerie. L'exposition la peinture américaine des années 1930. «  The age of anxiety »,

le 06 novembre 2016 : le 45e président des Unis sera élu.

20.05.2016 : «  Percée impressionnante dans certains pays ou montée lente mais sûre dans d’autres, l’extrême droite s’ancre désormais en Europe. Un phénomène pas uniquement dû aux effets du marasme économique ou de l’ampleur de la crise migratoire. » Libération, Dominique Albertini.

«  Tant que les  lapins n'auront pas d'historiens , l'histoire sera écrite par les chasseurs.  » Howard Zinn.

Alors mémoire des images, mémoire de l'art. Visage des hommes.
Deux expositions communiquent entre elles. Notre mémoire sera notre passerelle pour voir large.
Il n'y aura plus jamais d'angle mort.
« Il faut changer la vue pour changer la vie » s'écria André Breton.
« remonter le fleuve magique qui s'écoule des yeux des hommes » pour recréer un monde enfin habitable pour l'œil.
« Crise = extrême droite. Soutenue par l’exemple des années 30, cette équation se voit remise au goût du jour pour expliquer les actuels progrès de cette mouvance. Mais le facteur économique est-il vraiment déterminant ? Les exemples de la Grèce et, dans une moindre mesure, de la France, plaident en ce sens. Pourtant, dans d’autres pays durement touchés tels l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, l’extrême droite reste marginale. A l’inverse, celle-ci pourrait conquérir le pouvoir en Autriche, où la situation est bien meilleure en dépit d’une croissance ralentie. De même, le nombre d’immigrés ne semble pas déterminer, seul, les résultats de l’extrême droite. Selon Jean-Yves Camus, c’est en réalité un ensemble de causes, et la «personnalité» propre de chaque pays, qui expliquent les niveaux de celle-ci : «Globalement, celle-ci prospère lorsque trois crises se déroulent en simultané : une crise de la représentativité, c’est-à-dire du fonctionnement des institutions ; une crise de la redistribution, c’est-à-dire une remise en question du caractère équitable de l’impôt ; et une crise de l’identité.» Un cocktail que le spécialiste voit à l’œuvre notamment en France. » Libération, Dominique Albertini.



Bernie Sanders ne sera pas le 45e président des Etats Unis d'Amérique. Je le regrette
Donald Trump ne sera pas le 45e président des Etats Unis d'Amérique . Je m'en réjouis.
Mais je n'oublie pas , l'insupportable pourcentage de citoyens et politiques américains qui l'auront soutenu. Je n'oublie pas la montée de l'extrême droite en Europe, je n'oublie pas comment Hitler s'est inspiré de l'Amérique des années 1920 ; je n'oublie pas la fermeture des frontières de l'Europe, le nombre d'enfants de femmes et d'hommes chassés par la guerre, ce nombre qui fait déborder de honte et d'horreur notre mer, et le nombre de celles et ceux morts sur nos routes, dans nos cales, à nos essieus, sous nos trains, dans nos tunnels, dans nos camps. Ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui.

. Je n'oublie pas non plus ces enfants , ces « mineurs non accompagnés ».. sans famille, sans maison, sans retour, sans amour sans école, et donc sans avenir, ces enfants qui deviennent invisibles, perdus dans nos villes.
Je n'oublie pas nos gisants , momies de nylon bleu.
Je n'oublie pas Daniel Blake.   Je regarde. Je n'oublie pas.
je n'oublie pas ceux qui n'ont à leur gueule que les mots croissance, rentabilité, expansion, libéralisme...  
 
L'art est un marqueur , un témoin, un miroir. Toute la mémoire d'un fleuve, il est le tronc et les racines, il est le flux et le reflux , l'espace où respire le monde.
Une image est un geste.
 Ce n'est pas une qualité c'est une capacité.
 Capacité à nos interroger à nous rappeler, à nous regarder,

 portrait de l’artiste en clown de Walt Kuhn - 1932


à nous interpeller, à nous soulever, à nous indigner, à nous révolter, à nous estimer, nous reconnaître, et également à nous aimer.
Capacité également , malheureusement à cacher, oublier, déformer, tromper, tronquer , omettre, falsifier.
L'art est un langage , il a son discours :  Il est émotion .
L'art s'inscrit dans une histoire, il est immortel mais il n'est pas intemporel. L'art est toujours une réaction à une action. Là réside sa nécessité.
Peur, angoisse, amour, violence, désir, obsession, plénitude…. l'art nous regarde. Sur tous les continents, dans touts les villes, dans les grottes, sur les rochers, le long des fleuves, sur tous les toits et tous les déserts du monde, sur toutes les mers, cela nous regarde.

 American Gothic - Grant Wood - 1930


mercredi 19 octobre 2016

"Soulèvements" , Georges Didi-Huberman présente , au Jeu de Paume à Paris du 18 octobre .2016 au 15 janvier 2017



"Tout ce qui tombe se relève. " 
Georges Didi-Huberman



Mierda - 1934
Federico GARCÍA LORCA
Calligramme à l’encre de Chine.


 
Un évènenent . Une venue .

Histoire. Images. Mémoire. Voir.  Prendre ce temps.
Remontage de nos temps. 
Prendre les images et le mot : soulèvements.
Prendre le temps, les images, et les mots.  

Problème ? Conséquence ? de quoi ? Suite?  peut être, mais à quoi ?  

Toute image présente est une image manquante à un futur et constitutive déjà d'un futur , mais à la fois constituante du passé, et également du présent. 

L'image est le verbe d'une phrase qui s'écrit.  Que l'on écrit. 

Le verbe est une action. L'image est un geste.

Un geste a son effet. Un geste est un mouvement. Un mouvement rend visible.
 
Soulèvements.

Toutes les cartes sont en je. Formulation.

 Je regarde. Je vois. Je me demande. J'imagine. Je collectif. Comme mémoire. Je soulève un problème. Question. Pourquoi se soulève- t -on, d'où vient qu'on se soulève, et se soulevant , si nous osions,...  où irions nous ? jusqu' où ?.....

 19.10.2016 - Jardin des Tuileries - Paris- photo A.S


J'imagine tout d'abord la joie, le plaisir, et ce questionnement, dans le regard de cet homme arrivant en cette fin de matinée d'octobre 2016 au jeu de Paume. Marche rapide, sac à l'épaule, manteau sombre , regard très bleu et sourire tendre.





Le public est déjà là. Public... est-ce là le mot juste ? Oui public dans le sens collectif. 
Il y a du monde qui attend devant les portes . Public majoritairement jeune, mais pas seulement. Public concentré, respectueux. Public interpellé. Personne n'est venu là par hasard et cela se ressent. Et même si ... Le hasard faisant parfois bien les choses, nous sommes ici bienvenus. 

Exposition collective . Cela aussi se ressent.

C'est du vivant. La matière humaine est à l'épreuve. C'est au présent.

Le public ne s'approche pas de l'homme qui dirige l'exposition.  L'homme travaille. Aujourd'hui , il répond aux questions des journalistes. Parmi les images, devant le public, Georges Didi-Huberman est là, "à sa table de travail" , parmi nous, et si nous sommes là pour voir l'exposition qu'il dirige actuellement au jeu de Paume, il est ici pour nous présenter, nous montrer, nous apprendre, nous demander, nous pousser à réfléchir, nous inviter aux soulèvements. Il nous enseigne.
Et à cette enseigne il est écrit : «  Soulèvements  ».


Poètiques, politiques, artistiques. Faire la part de ce qui nous élève et de ce qui nous cloue au sol. Ce qui nous donne des ailes et ce qui nous foudroie. A quel endroit sommes nous des humains ?  A quelle condition, à quel moment ? À l'endroit , à travers, à l'envers des images ? Images, reflet, echo. Répétition, amnésie. Quand perdons nous l'équilibre ? Quand perdons nous la face , A quoi devons nous faire face, comment regarder, quel sens, comment trouver, où est- il écrit, qu'est ce l'image de montre pas , qu'est ce que l'image nous dit, nous crie, question de l'origine, question de la légitimité, question de jour, question, question…. Question d' innocence, de liberté, de justice. 
  

Ne venez pas à cette exposition pour trouver des réponses. Georges Didi- Huberman est agitateur de conscience à spectre extrêmement large. Philosophie, sémiologie, histoire, histoire de l'art, poésie, peinture, photographie, cinéma, danse, psychiatrie, sociologie, et etc etc etc. Cet inventaire est absurde en fait. Tout pose problème. Tout est question.  
Pédagogie. ( enfin ! ) Un maître qui nous apprend en apprenant. Qui se pose des questions, qui nous soumet des problèmes, et c'est en suivant son travail que le public apprend. Pas des verités, pas de prêt à penser. Il nous apprend à apprendre. par et de nous -mêmes. Donc pas de mouvement, ni d'école Didi Huberman. Juste un public qui vient s'émanciper , qui doit se souvenir, qu'il doit se soulever lorsqu'il le doit. Question de temps, de chronologie mais pas seulement. Question de choix, de trop, de trop plein. Question de physique qui donnera l'essor du mécanique. Soulèvement, bouleversement, renversement.
Coups de poings, coups de gueule. Artaud en a pété son marteau. Etions nous sourds ? 
 Reconnaître le moment venu. Mais peut etre faut il - apprendre à anticiper ce « moment venu ». 

Moment qui peut être terrible , qui annonce le pire. Moment qui  peut être sublime qui annonce le meilleur avenir. 

Moment du sensible éternellement. Puissance du sensible. L'ordonnance du pessimisme ? optimisme ? , oui ! ....,  malgré tout. 
Soulèvements donc, est une exposition qui se tiendra jusqu'au 15 janvier 2017 au Jeu de Paume à Paris . Et répétons le c'est un évènement.

Exposition extrêmement dense. Trois heures ne sont pas de trop pour « approcher », soupeser l'ensemble des problèmes soulevés. 

Cette exposition doit etre considérer comme une mise en chantier collective et personnelle. Lectures, films, images, peintures, univers artistiques multiformes et protéiformes, tout viendra, tous viennent nourrir notre réflexion.  


Dennis Adams, Léon Cogniet, Francisco de Goya, Marcel Ducamp, William Holgarth, Victor Hugo, Leandro Katz, Maria Kourkouta, Eustachy Kossakowski, Man ray, Jasmina, Metwaly, Henri Michaux, Tina Morris, Helio Oiticica, Roman Signer, Tsubasa Kato, Jean Veber, Paulo Abreu, Antonin Artaud, Joseph Beuys, A Désiré-Maglire Bournevile, Gilles Caron, Claude Cattelain, Augusti Centelles, Chim, Pascal Convert, Gustave Courbet, Michel Foucault, Leonard Freed, Marcel Gautherot, Agnès Geoffray, Jochen Gerz, Jack Goldstein, Alvaro Hoppe, Käthe Kollwitz,Alberto Korda, Germaine Krull, Hiroji Kubota, Anette Messager, Lisette Model, Tina Modetti, Friedrich Nietzsche, Willy Ronis, Willy Römer, Graciela Sacco, Lorna Simpson, Wolf Vostell, Ever Astudillo, Ismael Astudillo, Georges Bataille, Charles Baudelaire, André Breton, Carl Einstein, Frederico Garcia Lorca, Jacques Rancière, Philippe Soupault et tant d'autres...


C'est la deuxième exposition proposée par Georges Didi- Huberman que je découvre.
La première était Nouvelles histoires de fantomes, exposition qu'il co-dirigeait avec Arno Gisinger,En collaboration avec le Fresnoy, au Palais de Tokyo de Paris . Sujet : lamentations, peuples en larmes.
Première mouvement ... lamentations. 2014

2016 - Voici le deuxième mouvement : soulèvements... peuples en armes.
Drapeaux dansent , gonflent, flottent voix s'élèvent , poings se dressent , mains se pressent , les mots portent, ...aux barrières, aux grilles, aux murs, ...de nos linceuls aux barricades .

Colère sursaut, energie, puissance. Soulèvements. Peuples en marche.

Ne pas oublier, ne rien oublier. 

Cela nous regarde.

Nous regarde tous.

Expostiion exponentielle. 

 
Si nous n'avons pas le pouvoir, nous avons la puissance.

« Soulevements. » exposition à voir , à revoir , à re re voir, mais pas seulement.

A dire, à inviter, à regarder, écouter, à lire, à parler, à échanger, à transmettre, à réfléchir, à se demander, à sans cesse encore se questionner les uns pour les autres, en son propre nom et au nom des autres et notamment de ceux dont l'histoire ne retient jamais les noms :  les sans noms, les anonymes. 
 



«  Nous ne cesserons de mourir de nous mêmes si nous continuons à vire par défaut. Le temps est venu d'apprendre à détruire ce qui nous détruit en apprenant à nous construire.L'exploration de l'univers commence avec la découverte individuelle et collective du mouvement de l'humanité qui se crée. » Raoul Vaneigem , Pour une internationale du genre humain, extrait .  


à lire , écouter : " je suis de côté des spartakistes, définitivement" 
http://www.rfi.fr/culture/20161019-soulevements-jeu-paume-montrer-images-esperance-georges-didi-hubermann


Bibliographie de Georges Didi- Huberman
  • Invention de l’hystérie. Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière, Macula, 1982
  • Mémorandum de la peste. Le fléau d’imaginer, Christian Bourgois, 1983
  • La Peinture incarnée suivi du Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, Minuit, 1985
  • Fra Angelico. Dissemblance et figuration, Flammarion, 1990
  • Devant l’image. Questions posées aux fins d'une histoire de l'art, Minuit, 1990
  • Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Minuit, 1992
  • Le Cube et le visage. Autour d’une sculpture d’Alberto Giacometti Macula, 1992
  • L'Empreinte du ciel, présentation des Caprices de la foudre, Éditions Antigone, 1994
  • La Ressemblance informe, ou Le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Macula, 1995
  • Phasmes. Essais sur l'apparition, Minuit 1998
  • L’Étoilement, sur Simon Hantaï, Minuit, 1998
  • La Demeure, la souche, sur Pascal Convert, Minuit, 1999
  • Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté, Gallimard, 1999
  • Devant le temps, Minuit, 2000
  • Être crâne, sur Giuseppe Penone, Minuit, 2000
  • L’Homme qui marchait dans la couleur, sur James Turrell, Minuit, 2001
  • Génie du non-lieu, sur Claudio Parmiggiani, Minuit, 2001
  • L’Image survivante, Minuit, 2002
  • Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002
  • Images malgré tout, Minuit, 2004
  • Gestes d’air et de pierre, Minuit, 2005
  • Le Danseur des solitudes, sur Israel Galván, Minuit, 2006
  • L'Image ouverte. Motifs de l'incarnation dans les arts visuels, Gallimard, 2007
  • La Ressemblance par contact, Minuit, 2008
  • Survivance des lucioles, Minuit, 2009
  • L'Œil de l'histoire
    • Tome 1 : Quand les images prennent position, Minuit, 2009
    • Tome 2 : Remontages du temps subi, Minuit, 2010 (ISBN 9782707321367)
    • Tome 3 : Atlas ou le gai savoir inquiet, Minuit, 2011
    • Tome 4 : Peuples exposés, peuples figurants, Minuit, 2012
    • Tome 5 : Passés cités par JLG, Minuit, 2015 (ISBN 9782707328489)
    • Tome 6 : Peuples en larmes, peuples en armes, Minuit, 2016 (ISBN 9782707329622)
  • Écorces, Minuit, 2011
  • L'Album de l'art à l'époque du « Musée imaginaire », Éditions Hazan, 2013
  • Sur le fil, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322821)
  • Blancs soucis, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322838)
  • Phalènes. Essais sur l'apparition, volume 2, Minuit, 2013
  • Sentir le Grisou, Minuit, 2014
  • Essayer voir, Minuit, 2014
  • Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir, Gallimard, coll. Art et artistes, 2015
  • Invention de l’hystérie. Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière, Macula, 1982
  • Mémorandum de la peste. Le fléau d’imaginer, Christian Bourgois, 1983
  • La Peinture incarnée suivi du Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, Minuit, 1985
  • Fra Angelico. Dissemblance et figuration, Flammarion, 1990
  • Devant l’image. Questions posées aux fins d'une histoire de l'art, Minuit, 1990
  • Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Minuit, 1992
  • Le Cube et le visage. Autour d’une sculpture d’Alberto Giacometti Macula, 1992
  • L'Empreinte du ciel, présentation des Caprices de la foudre, Éditions Antigone, 1994
  • La Ressemblance informe, ou Le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Macula, 1995
  • Phasmes. Essais sur l'apparition, Minuit 1998
  • L’Étoilement, sur Simon Hantaï, Minuit, 1998
  • La Demeure, la souche, sur Pascal Convert, Minuit, 1999
  • Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté, Gallimard, 1999
  • Devant le temps, Minuit, 2000
  • Être crâne, sur Giuseppe Penone, Minuit, 2000
  • L’Homme qui marchait dans la couleur, sur James Turrell, Minuit, 2001
  • Génie du non-lieu, sur Claudio Parmiggiani, Minuit, 2001
  • L’Image survivante, Minuit, 2002
  • Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002
  • Images malgré tout, Minuit, 2004
  • Gestes d’air et de pierre, Minuit, 2005
  • Le Danseur des solitudes, sur Israel Galván, Minuit, 2006
  • L'Image ouverte. Motifs de l'incarnation dans les arts visuels, Gallimard, 2007
  • La Ressemblance par contact, Minuit, 2008
  • Survivance des lucioles, Minuit, 2009
  • L'Œil de l'histoire
    • Tome 1 : Quand les images prennent position, Minuit, 2009
    • Tome 2 : Remontages du temps subi, Minuit, 2010 (ISBN 9782707321367)
    • Tome 3 : Atlas ou le gai savoir inquiet, Minuit, 2011
    • Tome 4 : Peuples exposés, peuples figurants, Minuit, 2012
    • Tome 5 : Passés cités par JLG, Minuit, 2015 (ISBN 9782707328489)
    • Tome 6 : Peuples en larmes, peuples en armes, Minuit, 2016 (ISBN 9782707329622)
  • Écorces, Minuit, 2011
  • L'Album de l'art à l'époque du « Musée imaginaire », Éditions Hazan, 2013
  • Sur le fil, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322821)
  • Blancs soucis, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322838)
  • Phalènes. Essais sur l'apparition, volume 2, Minuit, 2013
  • Sentir le Grisou, Minuit, 2014
  • Essayer voir, Minuit, 2014
  • Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir, Gallimard, coll. Art et artistes, 2015.

autour de l'exposition "soulèvements" :
http://soulevements.jeudepaume.org/soulevements/ 

CE QUI VIENT AU MONDE POUR NE RIEN TROUBLER 
NE MERITE , NI EGARDS, NI PATIENCE. 
RENE CHAR 


"RESTER VOYOU " ...

Georges Bataille


Astrid Shriqui Garain,
19 octobre 2016


 







dimanche 16 octobre 2016

Je d'automne


"Playing with autumn", 

photographie de la photographe  Fumiko Araï ©

https://plus.google.com/105594579053382353839/posts/7VUBE8a38Qh



Je d'automne


Les feuilles s'ombrent à l'écho de mes pensées.
Lumière tunnel qui appelle
lumière qui entrèfle le jour qui ne peut me prononcer.

Demain marche au plafond de ma tête.
La nuit déchire ses pas sur le plancher.
Arrache lettre , frappe mes traits, blesse voyelle.

Demain a encore son goût de sang séché.

Quelle écorce de parfum ?
Quelle pépite de bruit ?
quel pétale d'iris me fera remonter ? me retourner.
voir l'endroit exact où il fera beau et vrai de me diriger.

lumière femelle qui me berce
lumière qui lape la plaie que je ne rive plus à refermer
ma tête n'a plus de porte, plus de mur, plus de lieu où se réfugier
ma tête n'est qu'une voûte sur laquelle le brouillon de mon passé efface des lettres que j'esquissais. 

Ma tête aspire le sablier.

Ce que j'écris devient vase
ce que je dis trouble mes phrases.

Je voudrais reposer .

Les feuilles remontent la parole de mes pensées

Lumière flanelle , brume lente , si douce à me recomposer

Lumière soulève peu à peu ma peine
 murmure enfanté entre les rails d'une urgence
qui m'a si vite décomposée.

Remonter, voir encore ce que mon rêve touchait, 
effleurait pour être espérer.

Dire lumière comme amitié
et jeter nuit comme lame brisée.

Voir à l’entrebâillement de ces feuilles flottées
enfin mon sommeil sur un ciel posé
comme la portée d'une image retournée.

Ma langue fossile dans un palais ruiné.

Je voudrais vivre sans oublier.

Comment dehors oser mettre sa peine
lorsque le néant brouille le visage du monde ?

Comment floutent les saisons, elles,
pour passer ici sans ne jamais plus y penser ?



Astrid Shriqui Garain ©  - 10.16 




mercredi 5 octobre 2016

In Remembrance, 05 .10






05.10
















Paul Jacoulet, exposition à la Maison de la La Culture du Japon à Paris - 2016





Face à face. La palpation du regard.Si l'esprit caresse les livres., l'oeil entre en contact avec l'oeuvre des artistes. 


Paul Jacoulet ( 1896- 1960)  est à l'honneur en cette rentrée 2016 à la maison de la culture du Japon à Paris et ce jusqu'au 15 octobre 2016.
« D'abord aquaréliste , il choisit à partir de 1934 la technique de la gravure sur bois ."



Sado, danse d'Okesa, 1952


La centaine d'estampes ukiyo-e présentée nous permet de réaliser la qualité, l'exigence du travail que réclame cet art  : diversité des sujets, le dessin, , la gravure, le nombre de matrices necessaires, le nombre de passages, les teintes  et matières , le gaufrage. 

Car c'est l'un des grands interets de cette exposition :

voir,

voir l'estampe. 


Le travail de la matière, du  papier. Aucune photo ne pourra vous rendre cette perspective, ce jeu du relief.   





Paul Jacoulet, est un des rares peintres occidentaux qui aura passé toute sa vie au Japon. 


Paul Jacoulet , jeunesse. 


Il ne fait donc pas parti d'un occident  japonisant.
Il ne rêve pas,  ne phantasme pas le Japon. Il appartient au Japon. 
Même aux heures les plus sombres de l'empire, il restera au Japon et ce jusqu'à la fin de sa vie.


Et c'est un important témoignage ethnographique que Paul Jacoulet nous a laissé.
Il entreprend très tôt des voyages dans îles du pacifique, en Corée, en Mandchourie.


Reconnu et exposé au Japon et en Corée très tot, puis en Australie et aux Usa, il a fallu attendre 2011 pour qu'une exposition lui soit dédiée à la BNF de Paris. 

A l'occasion du 120e anniversaire de sa naissance, la MCJ à Paris nous permet de prendre contact avec certaines de ses œuvres.

Il faut s'approcher des estampes, regarder la précision la finesse du gauffrage, jouer avec la lumière pour voir le mica, l'or , l'argent miroiter à la surface du  papier. Il incruste la lumière à la matière.


Flocons de neige, 1956




À la surface... pour que se reflète un «  monde flottant ».

"Paul Jacoulet utilise les techniques traditionnelles les plus virtuoses de l’estampe Ukiyo-e : pigments végétaux pour les encres, poudre de mica saupoudrée sur la surface ou fixée en couche sur le fond, poudres d’or et d’argent, poudre de perles, laque, gaufrage.
Il fait fabriquer un papier spécial pour ses estampes (le kizuki hosho), plus épais car le nombre de couleurs nécessite un nombre d’application de la feuille sur les bois encrés plus important qu’au temps de l’Ukiyo-e
(rappel : une pour le trait de contour plus une pour chaque couleur). Pour certaines estampes, le papier est appliquées en effet 60 fois sur les bois." ( prodezarts.wordpress.com)


Paul Jacoulet a su comprendre l'importance de son  témoignage. Il a répondu à la necessité qu'il ressentait de voir t imprimer l'espace de ces mondes, de ces îles, de ces peuples, de ces saisons.


Vieil Aino Chikabumi. Hokkaido, Japon - Paul Jacoulet 1950

( la minorité autochtone Aino, qui vit au nord du Japon et en Sibérie 
a longtemps été discriminée) 

Images fantômes, echos de gestes, que l'art de l'ukiyo-e a su rendre immortels tout en traduisant l'impermanence de leurs royaumes.

Finesse du geste, élégance des traits, eloquence des couleurs, justesse, pression , precision, . 

Tout est question de retenue, de retait, de pertinence, d' à propos, de patience, de transparence .

"Les perles " est l'une des estampes les plus remarquables de cette exposition.






Une véritable architecture : la fondation est la pensée, ou disons l'idée. Cette idée est le sujet.
Les gestes, assemblés, codifiés, divisés , partagés, sont  : Technique.
La technique assure la structure. 
Et la construction de cet ensemble adresse à notre esprit,  l'objet, c'est à dire l'image sujet, que l'artiste a voulu nous donner.

Puisque l'art délivre le langage, chaque artiste libère son histoire.





Cette exposition même si elle est non exhaustive, - mais ne les sont-elles pas toutes ?  - est  un plaisir , un privilège , et  un enseignement.


C'est une découverte également car si il y a quelques mois les travaux d'Henri Rivière m'avait permis d'entre apercevoir la richesse de la nécessaire  hybridité , créolité , métissage dans l'Art,

( voir https://dutremblementdesarchipels.blogspot.fr/2016/06/des-nouvelles-des-archipels-hokusai.html )

les oeuvres de Paul Jacoulet ne font que renforcer l'idée que je peux avoir au sujet de l'Art à savoir que son universalisme trouve sa totale lecture à travers un multiculturalisme.sans cesse activé. 

L'Art se trouve à la même enseigne que la littérature : peu importe le genre, le registre, peu importe le temps, l'espace , les origines,  pourvu qi'il y ait toujours  l'épreuve de notre humanité. 
    
                                   extrait de " la coupe de nèfles" , 
 
Pour finir, peu importe si le peintre est japonnais et la main française, 
peu importe si le la langue est anglaise et le poète polonais, 
peu importe que le violon soit italien et la note allemande, 
ce qui compte c'est ce qui nous parvient, ce qui nous reste, et qui nous est transmis.



Et je reste persuadée que plus les cultures collaborent entre elles, se transfusent mutuellement plus l'arbre de l'humanité deviendra solide .






Alors les mots  « Paul Jacoulet, un artiste » , aurait peut être suffit au titre de cette exposition...Je ne sais pas. Peu importe.


Le mandarin aux lunettes, 1950







"Calme", 1941 


  Cette très belle exposition m'a également donné l'occasion de découvrir certaines des oeuvres de :


Lilian May Miller ( 1895-1943 )  ,

https://theibtaurisblog.com/2012/04/04/lilian-may-miller-painting-east-and-west/



 peintre américaine née au Japon , graveuse sur bois, aquarelliste , poète, et photographe.


 Lilian Miller, 1920, Tokyo Coolie Boy


Une partie de ses oeuvres a été détruite lors du tremblement de terre de Tokyo en 1923.



Elizabeth Keith ( 1887 - 1956 ),  artiste  écossaise .
  

http://jsmacollection.uoregon.edu/detail.php?type=related&kv=22&t=people



 Elizabeth Keith, estampe , Prêtre boudhiste - 1925

Keith, Elizabeth


Helen Hyde ( 1868- 1919 )

 est une graveuse et peintre américaine . Elle est surtout connues pour ses eau-fortes et gravures sur bois mettant en scène des femmes et des enfants japonais.




 Helen Hyde - Going to the Fair, 1910 



Helen Hyde - The Sauce-Pan Shop, color woodcut, 1908



Charles William Bartlett, peintre anglais ( 1860 - 1940 )


Charles William Bartlett, Negishi  - Color woodblock print, 1916



Charles Hovey Pepper, peintre américain ( 1864- 1950 )



Charles Hovey Pepper, Yaeiko, 1903 


Félix Régamay 1844-1907,

peintre , dessinateur et caricaturiste français.


Noel Nouet ( 1855 - 1969 )  , peintre, dessinateur français.


Noël Nouët est né en Bretagne en 1885. Sa mère possédait des estampes d’Ukiyo-e reçue d’un ami qui avait été consul-général au Japon et qui e son aveu même, l’influença beaucoup. A 25 ans, il alla à Paris pour étudier et fréquenta des cercles littéraires faisant la connaissance des plusieurs artistes japonais. Il partit comme enseignant de français à Shizuoka en 1926, puis retourna au Japon en 1930 comme professeur à l’Ecole des Langues Etrangères de Tokyo. C’est à ce moment qu’il commença à faire des croquis des plusieurs quartiers de Tokyo, Kanda, Ginza recherchant les paysages dépeints par Hiroshige.
Ses dessins furent publiés dans plusieurs journaux, puis transformés en estampes par l’éditeur Doi, notamment une série des 10 vues de Tokyo, toujours ré-éditée. Il devint directeur de la Maison Franco-japonaise, puis resta à Tokyo pendant la guerre où sa maison fut détruite pendant les bombardements de 1945.
En 1946, il publia un petit livre de croquis montrant Tokyo en ruines ainsi que d’autres livres sur l’histoire du Japon. En 1951, il donna des cours de français au prince héritier, l’empereur actuel et enseigna dans plusieurs universités (Université de Tokyo, Université Waseda, …)
Les estampes de Noël Nouët ont un tracé très fin, difficile à imprimer parce qu’il utilisait des plaques de cuivre gravées pour reproduire le détail des ses croquis.



Georges Ferdinand Bigot, 1860-1927,

peintre, dessinateur français



Cyrus Leroy Balbridge , dessinateur, illustrateur,  américain
1889 -1977




The Ghost, Cyrus Leroy Balbridge - 1937




En sortant de cette exposition, j'ai pensé aux oeuvres de Foujita. A l'un de ses premiers tableaux de nus d’après modèle vivant ,

et je me suis promis d'aller de nouveau le saluer au MAM de la Ville de Paris.



Nu couché à la toile de Jouy, 1922, Foujita.




" Le public veut comprendre et apprendre en un 

seul jour, une minute, ce que l'artiste a mis des

 années à apprendre"....

Paul Gauguin, Oviri, premier jour à Tahiti, extrait. 


L'exposition "Paul Jacoulet, un artiste français au Japon " se tient en acces libre jusqu'au 15 octobre 2016 à la Maison de la Culture du Japon à Paris.

 


Astrid Shriqui Garain