mercredi 5 octobre 2016

Paul Jacoulet, exposition à la Maison de la La Culture du Japon à Paris - 2016





Face à face. La palpation du regard.Si l'esprit caresse les livres., l'oeil entre en contact avec l'oeuvre des artistes. 


Paul Jacoulet ( 1896- 1960)  est à l'honneur en cette rentrée 2016 à la maison de la culture du Japon à Paris et ce jusqu'au 15 octobre 2016.
« D'abord aquaréliste , il choisit à partir de 1934 la technique de la gravure sur bois ."



Sado, danse d'Okesa, 1952


La centaine d'estampes ukiyo-e présentée nous permet de réaliser la qualité, l'exigence du travail que réclame cet art  : diversité des sujets, le dessin, , la gravure, le nombre de matrices necessaires, le nombre de passages, les teintes  et matières , le gaufrage. 

Car c'est l'un des grands interets de cette exposition :

voir,

voir l'estampe. 


Le travail de la matière, du  papier. Aucune photo ne pourra vous rendre cette perspective, ce jeu du relief.   





Paul Jacoulet, est un des rares peintres occidentaux qui aura passé toute sa vie au Japon. 


Paul Jacoulet , jeunesse. 


Il ne fait donc pas parti d'un occident  japonisant.
Il ne rêve pas,  ne phantasme pas le Japon. Il appartient au Japon. 
Même aux heures les plus sombres de l'empire, il restera au Japon et ce jusqu'à la fin de sa vie.


Et c'est un important témoignage ethnographique que Paul Jacoulet nous a laissé.
Il entreprend très tôt des voyages dans îles du pacifique, en Corée, en Mandchourie.


Reconnu et exposé au Japon et en Corée très tot, puis en Australie et aux Usa, il a fallu attendre 2011 pour qu'une exposition lui soit dédiée à la BNF de Paris. 

A l'occasion du 120e anniversaire de sa naissance, la MCJ à Paris nous permet de prendre contact avec certaines de ses œuvres.

Il faut s'approcher des estampes, regarder la précision la finesse du gauffrage, jouer avec la lumière pour voir le mica, l'or , l'argent miroiter à la surface du  papier. Il incruste la lumière à la matière.


Flocons de neige, 1956




À la surface... pour que se reflète un «  monde flottant ».

"Paul Jacoulet utilise les techniques traditionnelles les plus virtuoses de l’estampe Ukiyo-e : pigments végétaux pour les encres, poudre de mica saupoudrée sur la surface ou fixée en couche sur le fond, poudres d’or et d’argent, poudre de perles, laque, gaufrage.
Il fait fabriquer un papier spécial pour ses estampes (le kizuki hosho), plus épais car le nombre de couleurs nécessite un nombre d’application de la feuille sur les bois encrés plus important qu’au temps de l’Ukiyo-e
(rappel : une pour le trait de contour plus une pour chaque couleur). Pour certaines estampes, le papier est appliquées en effet 60 fois sur les bois." ( prodezarts.wordpress.com)


Paul Jacoulet a su comprendre l'importance de son  témoignage. Il a répondu à la necessité qu'il ressentait de voir t imprimer l'espace de ces mondes, de ces îles, de ces peuples, de ces saisons.


Vieil Aino Chikabumi. Hokkaido, Japon - Paul Jacoulet 1950

( la minorité autochtone Aino, qui vit au nord du Japon et en Sibérie 
a longtemps été discriminée) 

Images fantômes, echos de gestes, que l'art de l'ukiyo-e a su rendre immortels tout en traduisant l'impermanence de leurs royaumes.

Finesse du geste, élégance des traits, eloquence des couleurs, justesse, pression , precision, . 

Tout est question de retenue, de retait, de pertinence, d' à propos, de patience, de transparence .

"Les perles " est l'une des estampes les plus remarquables de cette exposition.






Une véritable architecture : la fondation est la pensée, ou disons l'idée. Cette idée est le sujet.
Les gestes, assemblés, codifiés, divisés , partagés, sont  : Technique.
La technique assure la structure. 
Et la construction de cet ensemble adresse à notre esprit,  l'objet, c'est à dire l'image sujet, que l'artiste a voulu nous donner.

Puisque l'art délivre le langage, chaque artiste libère son histoire.





Cette exposition même si elle est non exhaustive, - mais ne les sont-elles pas toutes ?  - est  un plaisir , un privilège , et  un enseignement.


C'est une découverte également car si il y a quelques mois les travaux d'Henri Rivière m'avait permis d'entre apercevoir la richesse de la nécessaire  hybridité , créolité , métissage dans l'Art,

( voir https://dutremblementdesarchipels.blogspot.fr/2016/06/des-nouvelles-des-archipels-hokusai.html )

les oeuvres de Paul Jacoulet ne font que renforcer l'idée que je peux avoir au sujet de l'Art à savoir que son universalisme trouve sa totale lecture à travers un multiculturalisme.sans cesse activé. 

L'Art se trouve à la même enseigne que la littérature : peu importe le genre, le registre, peu importe le temps, l'espace , les origines,  pourvu qi'il y ait toujours  l'épreuve de notre humanité. 
    
                                   extrait de " la coupe de nèfles" , 
 
Pour finir, peu importe si le peintre est japonnais et la main française, 
peu importe si le la langue est anglaise et le poète polonais, 
peu importe que le violon soit italien et la note allemande, 
ce qui compte c'est ce qui nous parvient, ce qui nous reste, et qui nous est transmis.



Et je reste persuadée que plus les cultures collaborent entre elles, se transfusent mutuellement plus l'arbre de l'humanité deviendra solide .






Alors les mots  « Paul Jacoulet, un artiste » , aurait peut être suffit au titre de cette exposition...Je ne sais pas. Peu importe.


Le mandarin aux lunettes, 1950







"Calme", 1941 


  Cette très belle exposition m'a également donné l'occasion de découvrir certaines des oeuvres de :


Lilian May Miller ( 1895-1943 )  ,

https://theibtaurisblog.com/2012/04/04/lilian-may-miller-painting-east-and-west/



 peintre américaine née au Japon , graveuse sur bois, aquarelliste , poète, et photographe.


 Lilian Miller, 1920, Tokyo Coolie Boy


Une partie de ses oeuvres a été détruite lors du tremblement de terre de Tokyo en 1923.



Elizabeth Keith ( 1887 - 1956 ),  artiste  écossaise .
  

http://jsmacollection.uoregon.edu/detail.php?type=related&kv=22&t=people



 Elizabeth Keith, estampe , Prêtre boudhiste - 1925

Keith, Elizabeth


Helen Hyde ( 1868- 1919 )

 est une graveuse et peintre américaine . Elle est surtout connues pour ses eau-fortes et gravures sur bois mettant en scène des femmes et des enfants japonais.




 Helen Hyde - Going to the Fair, 1910 



Helen Hyde - The Sauce-Pan Shop, color woodcut, 1908



Charles William Bartlett, peintre anglais ( 1860 - 1940 )


Charles William Bartlett, Negishi  - Color woodblock print, 1916



Charles Hovey Pepper, peintre américain ( 1864- 1950 )



Charles Hovey Pepper, Yaeiko, 1903 


Félix Régamay 1844-1907,

peintre , dessinateur et caricaturiste français.


Noel Nouet ( 1855 - 1969 )  , peintre, dessinateur français.


Noël Nouët est né en Bretagne en 1885. Sa mère possédait des estampes d’Ukiyo-e reçue d’un ami qui avait été consul-général au Japon et qui e son aveu même, l’influença beaucoup. A 25 ans, il alla à Paris pour étudier et fréquenta des cercles littéraires faisant la connaissance des plusieurs artistes japonais. Il partit comme enseignant de français à Shizuoka en 1926, puis retourna au Japon en 1930 comme professeur à l’Ecole des Langues Etrangères de Tokyo. C’est à ce moment qu’il commença à faire des croquis des plusieurs quartiers de Tokyo, Kanda, Ginza recherchant les paysages dépeints par Hiroshige.
Ses dessins furent publiés dans plusieurs journaux, puis transformés en estampes par l’éditeur Doi, notamment une série des 10 vues de Tokyo, toujours ré-éditée. Il devint directeur de la Maison Franco-japonaise, puis resta à Tokyo pendant la guerre où sa maison fut détruite pendant les bombardements de 1945.
En 1946, il publia un petit livre de croquis montrant Tokyo en ruines ainsi que d’autres livres sur l’histoire du Japon. En 1951, il donna des cours de français au prince héritier, l’empereur actuel et enseigna dans plusieurs universités (Université de Tokyo, Université Waseda, …)
Les estampes de Noël Nouët ont un tracé très fin, difficile à imprimer parce qu’il utilisait des plaques de cuivre gravées pour reproduire le détail des ses croquis.



Georges Ferdinand Bigot, 1860-1927,

peintre, dessinateur français



Cyrus Leroy Balbridge , dessinateur, illustrateur,  américain
1889 -1977




The Ghost, Cyrus Leroy Balbridge - 1937




En sortant de cette exposition, j'ai pensé aux oeuvres de Foujita. A l'un de ses premiers tableaux de nus d’après modèle vivant ,

et je me suis promis d'aller de nouveau le saluer au MAM de la Ville de Paris.



Nu couché à la toile de Jouy, 1922, Foujita.




" Le public veut comprendre et apprendre en un 

seul jour, une minute, ce que l'artiste a mis des

 années à apprendre"....

Paul Gauguin, Oviri, premier jour à Tahiti, extrait. 


L'exposition "Paul Jacoulet, un artiste français au Japon " se tient en acces libre jusqu'au 15 octobre 2016 à la Maison de la Culture du Japon à Paris.

 


Astrid Shriqui Garain

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