dimanche 30 octobre 2016

De la peinture américaine des années 1930, ou "The age of anxiety"


 “Je ne sais maintenant, ce que je porte en moi, 

 mes yeux font de l’obscur et je cherche à mieux voir….”

le chaos et la création, les fables du monde , Jules Supervielle, extrait . 



 
"Les filles de la révolution " , Grant Wood, 1932.


29 octobre 1929 . La bourse de New York s'effondre. 

1932 : 


 (source :  photographie , bibliothèque du Congrès américain ) - hors expo

1929... Les dix années qui suivront verront l'Europe s'enfoncer peu à peu dans l'obscurité . La nuit vient. Elle recouvrira tout. Dix années. Décisives, déterminantes.

Misère chômage expulsions. Tout un peuple est jeté sur la route.
Les raisins auront à jamais le goût de la colère. 




( hors expo)   (source :  photographie , bibliothèque du Congrès américain )


Montée des extrémismes , radicalisation, nationalismes, ségrégationnisme.  

Antiparlementarisme, fascisme, populismes, racisme, antisémitisme.


Le monde occidental se rétracte, se sclérose, il n'imagine pas , il s'invagine, 

s'infectionne… 

Il se referme. Au creux de ses mains ? la chair, la vie, la terre, des hommes.


de Grant Wood,


Erosion 2, Mother Earth Laid Bare ( 1936) , d' Alexandre Hogue. 



Georgia O’Keeffe, 1922 - The Art Institute of Chicago © 
Georgia O’Keeffe Museum ( hors expo )


1933 :



Usa ... . Linbergh Il est décoré le 28 juillet 1936 de l'ordre de l'Aigle allemand 

par Hermann Göring. 


 La danse devient macabre. On saura te faire danser .... 


Dance ‘Til You Drop: Dance Marathons of the 1930s

"Danse Macabre" - Mabel Dwight. Lithograph. 1934.  ( hors expo )



1939 mais le magicien d'Oz promet de faire danser le monde .




Sur les chemins enchantés du bonheur l'allégorie économique berce les américains, 

le rêve américain ne veut pas s'éveiller en pleine guerre. 

Le 07 décembre 1941 ..Il faudra alors se réveiller.  

 Mental Geography, O Louis Guglielmi, 1938





La ville éternelle, 1934-37, Peter Blume

Les années 1930.. On barrage, on chemin de fer on new deal ,on accélère,  on construit, on éléve, on bâtit, on lamine, on productivise, on enchaine, on mécanise.




( hors expo )
Le 7 mars 1932 banlieue de Detroit - usine Ford- 3 000 manifestants pour une marche de la faim contre Ford – la police ouvre le feu sur un cortège pacifique .

Les années 1930, on combat, on s'oppose, on marche, on défend, on résiste 



Dans le sud du pays, la terreur anti-noirs du Ku Klux Klan raciste s'ajoute à celle d'une police aux ordres des propriétaires terriens.


années 1930 ...
On acier, on charbon, on autoroute, on réacteur, on automobile,


« Il y eut bien d’autres marches dans les années 1930. C’est la seule période au cours de laquelle le rituel du défilé du 1er mai a non seulement été observé mais a rassemblé un nombre significatif de participants, parmi lesquels des ouvriers et des intellectuels blancs et noirs. Le défilé du 1er mai 1933 à New York mobilisait une telle foule qu’il fallut la diviser en deux groupes, l’un partant du Sud de Manhattan l’autre du Nord pour converger à Union Square . Parallèlement aux marches de chômeurs et aux défilés du 1er mai, le parti communiste, en collaboration avec l’organisation noire N.A.A.C.P. (National Association for the Advancement of Colored People) organisa de nombreuses marches de protestation contre les iniquités de la justice envers les noirs. Le parti communiste dramatisa pour l’opinion l’affaire de Scottsboro dans laquelle 9 jeunes noirs avaient été faussement accusés de viol et joua un rôle actif dans leur défense Des marches rassemblèrent des milliers de manifestants noirs et blancs à Harlem, New York, Washington et Chicago contre la discrimination raciale et pour une législation fédérale anti-lynching. » Les marches de protestation aux États-Unis ( XIXe - XXe siècles) , Marianne Debouzy , extrait , Ed la découverte 2003.
"Lynching" - Lynd Ward. Wood engraving. 1932.( hors expo) 


Alors Harlem renaissance se met en marche .
Aaron Douglas  - Aspiration, 1936.

Inge Ruth Hardison, sculptrice  ( hors expo) 



Photographies  Gordon Parks  ( hors expo )




American way of life...
on pétrole et on baril,
on aspire on pactise
on ...Texaco pour Franco.



 Bombardment, Philipp Guston, 1938



et puis après...pareil pour Monsanto...




 Thomas Hart Benton- Pickers Cotton -

http://www.english.illinois.edu/maps/poets/a_f/brown/photos.htm

Les années 30, …l’obscurité est un trouble, une chape de fonte , a blank…

 "Il faut la flamme d'une bougie pour éclairer le monde..."

...soulever pour voir 

L'homme invisible, 1952 , Gordon Parks  ( hors expo )

1930 - 1935 ... 1940 ... 1945 ....1950... à l'horloge du monde

on germano soviétise, on stalinise, Hiroshima, Nagasaki, on se guerre froide, on s'en lasse pas , on se cuba, 
Indochine, Vietnam, demain on pulvérise, on partage, et on divise.
2016, à l'horloge du monde ... 
octobre 2016 , Bob Dylan, on nobélise. Là n'est déjà plus la question.  

Octobre 2016 , Paris : Jeu de paume , l'exposition Soulèvements dirigée par Georges Didi-Huberman



Remontages - 2016
Maria KOURKOUTA
16 mm sur vidéo (en boucle), noir et blanc, silencieux, 4’ 10.
© Maria Kourkouta. Production : Jeu de Paume, Paris.

Paris, l'Orangerie. L'exposition la peinture américaine des années 1930. «  The age of anxiety »,

le 06 novembre 2016 : le 45e président des Unis sera élu.

20.05.2016 : «  Percée impressionnante dans certains pays ou montée lente mais sûre dans d’autres, l’extrême droite s’ancre désormais en Europe. Un phénomène pas uniquement dû aux effets du marasme économique ou de l’ampleur de la crise migratoire. » Libération, Dominique Albertini.

«  Tant que les  lapins n'auront pas d'historiens , l'histoire sera écrite par les chasseurs.  » Howard Zinn.

Alors mémoire des images, mémoire de l'art. Visage des hommes.
Deux expositions communiquent entre elles. Notre mémoire sera notre passerelle pour voir large.
Il n'y aura plus jamais d'angle mort.
« Il faut changer la vue pour changer la vie » s'écria André Breton.
« remonter le fleuve magique qui s'écoule des yeux des hommes » pour recréer un monde enfin habitable pour l'œil.
« Crise = extrême droite. Soutenue par l’exemple des années 30, cette équation se voit remise au goût du jour pour expliquer les actuels progrès de cette mouvance. Mais le facteur économique est-il vraiment déterminant ? Les exemples de la Grèce et, dans une moindre mesure, de la France, plaident en ce sens. Pourtant, dans d’autres pays durement touchés tels l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, l’extrême droite reste marginale. A l’inverse, celle-ci pourrait conquérir le pouvoir en Autriche, où la situation est bien meilleure en dépit d’une croissance ralentie. De même, le nombre d’immigrés ne semble pas déterminer, seul, les résultats de l’extrême droite. Selon Jean-Yves Camus, c’est en réalité un ensemble de causes, et la «personnalité» propre de chaque pays, qui expliquent les niveaux de celle-ci : «Globalement, celle-ci prospère lorsque trois crises se déroulent en simultané : une crise de la représentativité, c’est-à-dire du fonctionnement des institutions ; une crise de la redistribution, c’est-à-dire une remise en question du caractère équitable de l’impôt ; et une crise de l’identité.» Un cocktail que le spécialiste voit à l’œuvre notamment en France. » Libération, Dominique Albertini.



Bernie Sanders ne sera pas le 45e président des Etats Unis d'Amérique. Je le regrette
Donald Trump ne sera pas le 45e président des Etats Unis d'Amérique . Je m'en réjouis.
Mais je n'oublie pas , l'insupportable pourcentage de citoyens et politiques américains qui l'auront soutenu. Je n'oublie pas la montée de l'extrême droite en Europe, je n'oublie pas comment Hitler s'est inspiré de l'Amérique des années 1920 ; je n'oublie pas la fermeture des frontières de l'Europe, le nombre d'enfants de femmes et d'hommes chassés par la guerre, ce nombre qui fait déborder de honte et d'horreur notre mer, et le nombre de celles et ceux morts sur nos routes, dans nos cales, à nos essieus, sous nos trains, dans nos tunnels, dans nos camps. Ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui.

. Je n'oublie pas non plus ces enfants , ces « mineurs non accompagnés ».. sans famille, sans maison, sans retour, sans amour sans école, et donc sans avenir, ces enfants qui deviennent invisibles, perdus dans nos villes.
Je n'oublie pas nos gisants , momies de nylon bleu.
Je n'oublie pas Daniel Blake.   Je regarde. Je n'oublie pas.
je n'oublie pas ceux qui n'ont à leur gueule que les mots croissance, rentabilité, expansion, libéralisme...  
 
L'art est un marqueur , un témoin, un miroir. Toute la mémoire d'un fleuve, il est le tronc et les racines, il est le flux et le reflux , l'espace où respire le monde.
Une image est un geste.
 Ce n'est pas une qualité c'est une capacité.
 Capacité à nos interroger à nous rappeler, à nous regarder,

 portrait de l’artiste en clown de Walt Kuhn - 1932


à nous interpeller, à nous soulever, à nous indigner, à nous révolter, à nous estimer, nous reconnaître, et également à nous aimer.
Capacité également , malheureusement à cacher, oublier, déformer, tromper, tronquer , omettre, falsifier.
L'art est un langage , il a son discours :  Il est émotion .
L'art s'inscrit dans une histoire, il est immortel mais il n'est pas intemporel. L'art est toujours une réaction à une action. Là réside sa nécessité.
Peur, angoisse, amour, violence, désir, obsession, plénitude…. l'art nous regarde. Sur tous les continents, dans touts les villes, dans les grottes, sur les rochers, le long des fleuves, sur tous les toits et tous les déserts du monde, sur toutes les mers, cela nous regarde.

 American Gothic - Grant Wood - 1930


                                              Photographie de  Gordon parks ( hors expo)


Ainsi L'Amérique des années 1930 nous regarde, en cet automne parisien, elle nous regarde, dans parc,  et nous la contemplons.
1930 - 1942 - 2016 ....
 Chacun devra estimer la hauteur de ce pont.
Faire un saut, juste un bond, un soulèvement, une volonté, un désir de dignité.


« Changer la vue, cet espoir qui peut paraître insensé…. » André Breton .
"Nous voyons que, dans le monde organique, plus la réflexion paraît faible et obscure, plus la grâce est souveraine et rayonnante. — Cependant, comme l’intersection de deux lignes situées d’un même côté d’un point se retrouve soudain de l’autre côté, après avoir traversé l’infini, ou comme l’image d’un miroir concave revient soudain devant nous, après s’être éloignée à l’infini : ainsi revient la grâce, quand la conscience est elle aussi passée par un infini ; de sorte qu’elle apparaît sous sa forme la plus pure dans cette anatomie humaine qui n’a aucune conscience, ou qui a une conscience infinie, donc dans un mannequin, ou dans un dieu.
....— Par conséquent, lui dis-je un peu songeur, nous devrions manger une fois encore du fruit de l’Arbre de la Connaissance, pour retomber dans l’état d’innocence ?
....— Sans aucun doute, me répondit-il ; c’est le dernier chapitre de l’histoire du monde."
Heinrich Von Kleist - Sur le théâtre de marionnettes 1810.



Deux grandes expositions qui communiquent entre elles.


Musée de l'Orangerie – Paris – La peinture américaine des années 1930 The Age of Anxiety,
Exposition du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017

http://www.musee-orangerie.fr/fr/evenement/la-peinture-americaine-des-annees-1930



Exposition du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017

Parcours croisés : musée de l'Orangerie / Jeu de Paume

19 novembre 2016 - 10 décembre 2016 - 14 janvier 2017

Durée :  3h30

Départ de la visite 14 H 30 au musée de l'Orangerie



Je dédie mon article à la mémoire d'Howard Zinn 



Astrid Shriqui Garain, octobre 2016





 






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