dimanche 30 avril 2017

Crust





" crust" , © Astrid Shriqui Garain , infographie.



l'arbrecoque


 " l'arbrecoque" , © Astrid Shriqui Garain, mine de plomb




Mat



"Mat" , © Astrid Shriqui Garain, mine de plomb.

L'apha et l'omega


"Pega3" , © Asrid Shriqui Garain, mine de plomb et infographie


Un geste ne tend pas à l’infini, il le prolonge.
Il en est l’instant.
Il est un écho qui contient à la fois la mémoire et le potentiel d’un son.
Il ne connaît ni son origine, ni son devenir.
Un geste reçoit, transporte, et transmet l’âme.
L’esprit peut être en capacité de l’entendre si le corps admet de le comprendre.
Un geste n’advient pas.
Il figure ce qui l’inaugure et annonce ce qu’il préfigure.
Sa gravité sous-tend sa profondeur.
La réceptivité de ce mouvement se produit lorsque celui-ci entre en notre résonance.
 "L'apha et l'omega",  © Asrid Shriqui Garain. 

la pomme venue de septembre


La pomme, © Asrid Shriqui Garain, mine de plomb


Ce que nous éprouvons révèle ce que nous voyons,
il ne le transforme pas.
Par ce mouvement, ce que nous nommions jusqu’à lors vérité devient réalité.
Le vent sait la réalité de la plume: sa légèreté.
Ma main sait la réalité de cette pomme : son poids.
Ma bouche sait la réalité du miel : la fleur.
Mes pas savent la réalité du chemin : sa peine.
A mes yeux ,la plume est blanche, la pomme est ronde,
la fleur n’est plus, et le chemin encore si long.
Ces mots sont vérités.
Mais la vérité d’un mot trouve sa réalité dans son geste.
Ainsi, une pomme venue de septembre peut elle nous apprendre qu’un homme est en chemin.
La vérité est peut être dans cette pomme.
mais la réalité, peut être , est-elle entre mes mains ?
 © "la pomme venue de septembre " , Asrid Shriqui Garain.




mardi 25 avril 2017

De notre pluie

Josef Sudek
Last Rose, 1956



Un peu de notre pluie
rigole de son futur de cendres
un envers qui s'écrit dans les veines du sol
l'étouffe d'une flamme qui se plante,
un manque qui se joue, te détoure et me hante.
Tu es le cratère de ce que je ne perçois plus.
et c'est un creux qui te réduit au creux de mon ventre
une pense qui frappe à ta matière
et qui marche sur l'arrête de mon souffle.
Encore un peu de ce silence et tu n'y verras plus.
Quelques écailles de lumière donneront à l'espace
l'illusion d'un ensemble.
Bien sur je suis seule et sans être perdue.
Tu es la pluie le silence et la cendre
au seuil, me trouble une silhouette qui tremble.
Elle est l'absente d'un point sur une allée de semble.
Encore un peu de cette pluie,
qui signe son silence
sur l'immensité d'une gloire
d'un peu que nous aurons vécu.
Un peu de cette pluie
comme les touches d'une phrase
touchant ce visage que je devine
et qui ne me connaît plus.
à cet endroit de mes veines
D'une autre page
en un possible voyage
j'entends , vois-tu, que repousse la terre. 

 Astrid Shriqui Garain, "de notre pluie" ©.

vendredi 21 avril 2017

aux pieds de l'herbe

                             
"aux pieds de l'herbe" , ©Astrid Shriqui Garain, infographie.



"Quand on a été foulé aux pieds de l'herbe
Ce mot a la saveur de la vie qu'on endure." 

 Nimrod ," Babel, Babylone", extrait. 
 
 
 
 
 

au bout de la langue

" le bout de la langue", ©Astrid Shriqui Garain, infographie.


"Je maternais la conviction d’appartenir au soleil 

avec un poème sur le bout de la langue."  

 Nimrod ," Babel, Babylone", extrait. 





 ISBN : 2916447296
Éditeur : Obsidiane (2010)


l'écho monte du geste



"Danae", infographie, ©, Astrid Shriqui Garain 


L’écho monte du geste ,
voilà le temps qui s'écaille à son image perdue.
D'une main aux jambes d'une plage
je suis arrachée à la moitié de mon ciel.
Le temps ne m'épuise plus
puisque je sais en corps ma demi-inconnue. 


Astrid Shriqui Garain,  ©," l'écho monte du geste"




 

jeudi 20 avril 2017

De faîte









 
De faîte mes mots sont des morceaux de craie
jetés sur un tableau de songes à demi effacés

d'aveugles couchants
méditant sur une pincée de ciel
et se dressant au premier sentier de l'été.
 
Dans ce regard mes mots sont des enfants
qui de la poussière de leur rêve parlent de rejoindre
ce qu'ils ne sauront jamais oublier.

 Astrid Shriqui Garain, ©, "de faîte"







mercredi 19 avril 2017

la foule





La foule - 2 - Astrid Shriqui Garain ©





 La foule - 1  - Astrid Shriqui Garain ©


inclinations 2014-JO25



 inclination 1-© - infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain









 inclination 2-© - infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain






inclination 3 -©- infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain





inclination 4-© - infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain




 inclination 5 -©- infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain





 inclination 6 -©- infographie sur monotype - Astrid Shriqui Garain





mardi 18 avril 2017

les fruits de cette table

Photographie de Christian Coigny ©. Argentique.

 Aimables fruits de cette table
tous les jardins demeurent
et mon sourire y rebondit.
Il n'y a point de bonne joie qui ne grandisse
ni de régal sans passion.
Si parfois une nature brûle comme le diable
c'est simplement qu'elle nous montre le chemin de la vie.

 Astrid Shriqui Garain -©" les fruits de cette table". 



Thésée

parametric facial animation created at the University of Utah in 1974

Thésée apprend et souris danse
tourne et rompt son errance
Thésée se plante
s'échine - s'échèque
en petite infractuosité blanche
rouage du silence
elle avance mais ne progresse pas
Thésée réfléchit son erreur
elle tourne, inaugure
peut être ici
clic peut être là
clac la voilà- passé sans rage

scrute Thésée
de ce lien de connaissance
cherche la clé
la souris danse
tourne et rompt son errance
Thésée ne garde aucun souvenir
que sait-elle ?
Elle sait oui ….
elle sait non
pile ou bien face
ni destin ni hasard
ils sont décommandés
Thésée ignore sa résistance
pourtant seule question d'équilibre
Thésée s'en cogne, on, off
elle se rappelle d'elle même
elle ne se questionne pas
mais interroge
sait oui
sait non
elle affirme,
elle enregistre , confirme
elle se câble
elle trotte infirme
mais ne rêve pas, ne doute pas
Thésée n'invente pas
elle note
elle est tenue à sa leçon
même pas à un fil
elle s'informe
n'anticipe pas
et ne colère pas
0 ou 1
elle s'y cogne
Thésée n'est jamais plus qu'elle même
et jamais moins
organe mécanique
un cerveau machin machine
biface, binaire
ouvre ferme
elle se détourne
impulsion sans émotion
elle ne se retourne pas
entre les deux je te coupe les doigts
qu'importe tu ne souffres pas
ultime
finale
elle peut mais ne désire pas
elle doit
ce que Thésée ne pense pas
elle fonctionne mais ne marche pas
voilà le cerveau content
Voilà donc Thésée comme on la mène
dans une fourmilière
sans peur pas à pas
On va -telle ? Et pourquoi ?
Thésée s'en cogne,
c'est un jouet.
intelligente mais artificielle
Thésée ton goût est de papier mâché.
Astrid Shriqui Garain, "Thésée"


dimanche 16 avril 2017

entre la table et la chaise




céramique de Jean Lurçat

J'ai tenu deux jours,
deux jours à peine
entre la table et la chaise
j'ai tenu
deux jours
pris dans ma graine ils n'étaient
pas choses terriennes
j'ai tenu ces jours contre ma chair
les ai laissé se nourrir en ma tête
quelque son devait déplier une lettre
rien encore
ni corps ni feuille
ni blanche ni cercle
au début
et ce n’est pas question de lumière
au début je savais
et je ne voyais rien

au début je ne connaissais pas les mots
la nuit était moi
le silence était moi
rien n'avait de nom
rien n'avait de sens
et pourtant tout était
en moi je savais
entre la table et la chaise
une force qui grandissait
ni poids ni force
une chose altière
le sentiment d'un air
un début
non
avant le début
bien avant que ce que nous nommons
ne vienne sur la montagne remercier le néant
avant le début
l'éclat d'une certitude
répandait une coupe
j'ai tenu deux jours
maintenant c'est présent
maintenant je sais
c'est présent
mais avant
avant que
mes yeux palpent
mes mains touchent
mon ventre bouge
que ma bouche ne s'ouvre
avant que ma langue mélange
et que mes lèvres m' autrent et m' étrangent
je savais qu'entre la table et la chaise
me perçait un chemin
J'ai tenu
à deux jours,
deux jours à peine
et puis les sons ont fait cercle
leur cercle a fait comme une voile
lancée au triangle de mon corps
Alors j'ai su
j'ai su que cela bougeait
comme le tremblement d'une feuille
que je ne savais pas nommer
les mots n'étaient pas encore
ils étaient dessous la peau
fracture labiale je devinais
et dans ma tête cette chose
qui n'entrait pas
ne sortait pas
mais se fécondait
j'étais la nuit, j'étais silence
j'étais longue, coupante, luisante
ronde, brillante, fuyante
comme une lame
plantée
entre l'arabesque d'une table
et la vague d'une chaise
J'ai tenu deux jours comme m'égraine
une craquelure entre la table et la chaise
j'ai tenu
deux jours
à cette flamme
liquide et impalpable
j'ai tenu ces jours sous ma chair
les laissant forger un regard
déroulant un fuseau
une étincelle de sons dans une gorge de lumière
le premier mot prononçait
Deux cratères s'étaient ouverts à ma tête
rien ne s'écoulait
ni le temps ni mon sang
Le premier s'est présenté
mes mains l'ont touché
mon ventre le bougeait
à ma bouche ma langue s'est balancée
mes doigts sur mes lèvres voguaient
il respirait en transparence de ma sève
Je n'avais sous ma peau plus que mes muscles
plus que mes os
et dans ma tête tout faisait cercle
comme multitude en présence
J'ai tenu deux jours
on dit comme cela,
comme tu le penses
deux jours...ce sont des vies
pourquoi remplir leur sens d'un présent ?
Cela n'a aucune im-portance
puisqu' entre la table et la chaise
germe ce qu'aucune île ne perd.

Astrid Shriqui Garain, "entre la table

samedi 15 avril 2017

l'Homme approximatif - Tristan Tzara



l'Homme approximatif - Tristan Tzara




dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang
hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles
tombé à l'intérieur de soi-même retrouvé
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous nous réjouirons au bruit des chaînes
que nous ferons sonner en nous avec les cloches
quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière
nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps
et le doute vient avec une seule aile incolore
se vissant se comprimant s'écrasant en nous
comme le papier froissé de l'emballage défait
cadeau d'un autre âge aux glissements des poissons d'amertume
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les yeux des fruits nous regardent attentivement
et toutes nos actions sont contrôlées il n'y a rien de caché
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné
aux pieds des murs dans les bars léché des vies
alléché les faibles lié des tentations tari des extases
creusé au fond des vieilles variantes
et délié les sources des larmes prisonnières
les sources servies aux quotidiens étouffements
les regards qui prennent avec des mains desséchées
le clair produit du jour ou l'ombrageuse apparition
qui donnent la soucieuse richesse du sourire
vissée comme une fleur à la boutonnière du matin
ceux qui demandent le repos ou la volupté
les touchers d'électriques vibrations les sursauts
les aventures le feu la certitude ou l'esclavage
les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes
usés les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes
se suivent serrés autour des rubans d'eau
et coulent vers les mers en emportant sur leur passage
les humaines ordures et leurs mirages
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
que même la lumière glisse sur l'onde lisse
et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
ornés d'inutiles rébus métalliques
purifiés dans le bain des paysages circulaires
dans les villes préparées au carnage au sacrifice
près des mers aux balayements de perspectives
sur les montagnes aux inquiètes sévérités
dans les villages aux douloureuses nonchalances
la main pesante sur la tête
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées
partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent
sans raison un peu secs un peu durs sévères
pain nourriture plus de pain qui accompagne
la chanson savoureuse sur la gamme de la langue
les couleurs déposent leur poids et pensent
et pensent ou crient et restent et se nourrissent
de fruits légers comme la fumée planent
qui pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n'en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c'est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l'odeur de l'herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regret sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d'argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s'ouvrir les gouffres
les tombes d'air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu
je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruit en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil
le souffle obscur de la nuit s'épaissit
et le long des veines chantent les flûtes marines
transposées sur les octaves des couches de diverses existences
les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique
et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côtés que nous ne voyons pas
l'utltra-violet de tant de voies parallèles
celles qui nous aurions pu prendre
celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde
ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps
qu'on aurait oublié et l'époque et la terre qui nous aurait sucé la chair
sels et métaux liquides limpides au fond des puits
je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous


Tristan Tzara

jeudi 13 avril 2017

comme une algue ma cendre

"Cosmogonies",© gravure de Cécile Reims, 1959 
  
Comme une algue , ma cendre
à peau menue, un écheveau

Comme une ancre , mon geste.

Mes yeux vont comme des îles perdues.

Ces cils, mon âme, d'une petite pointe tenue,
tressent la vérité de ma chair d'une parole tendue. 

Comme un pétale, ton geste
à notre choeur venu
Comme des arbres mon âme

Sais -tu qu'ici à des rives sans sommeil
tu viens de donner l'encre du ciel ?


Astrid Shriqui Garain , ©, "comme une algue ma cendre"




le sujet d'une image



Par quelle impression pourrait-on empreinter 

le  signe qui nous perçoit? 



L’image n’est qu’un jeu d’adresse.


 Un je que je recherche. 

" son chapeau 
est blanc
sa moustache est blanche 
sa chemise, son pantalon et ses souliers 
sont, sans aucune tache, tout aussi blancs
Ainsi que ses cheveux, du reste
son visage est invisible
il est si blanc, qu'il est irréprochable 
c'est vous ou moi, ou bien 
celui qui a du mal à percer le nuage
du négatif d'une photographie". 
Marc Pietri, le troisième livre de la jungle, extrait. 
 





Une perte que je dépose 

à cette image 

qui ignore l’incomplétude qui me 

dévore et qui se nourrit du regard que je lui porte.



 Je suis le sujet d’une l’image 

devant un verbe qui me transporte. 






point de vue en angle mort. 
   

Expositon Peter campus, video ergo sum, jeu de Paume Paris, avril 2017. 


Astrid Shriqui Garain 

préludes de la forme




Préludes de la forme, infographies, ©, Astrid Shriqui Garain

EXHOS

























EXHOS , infographies  ©, Astrid Shriqui Garain 

le monde est un miroir

Le monde est un miroir© - Astrid Shriqui Garain


mercredi 12 avril 2017

le saule

Saule pleureur de RANDALL C. 


 A la caresse du vent , son livret de lumière ouvre le cercle.
De ses bois souples et de son faite
un saule pleut à l'écriture de la terre.
En écarquillant ses branches dans l’œil du ciel
il courbe là
sans renoncement.

Astrid Shriqui Garain, "le saule "


 

mardi 11 avril 2017

memo mélange



Photographie Astrid Shriqui Garain , " lange", 


Un souffre-venir qui se referme
et qui coule sa lumière dans la chair. 

Toucher le lit de ton sourire

fil courir à cette pluie me revenir
poursuite à la mémoire de l'écho
 
méli mélo silence étrangle
méta des mots mémo étrange
 
une pensée ne peut suffire
bruire ou bien survivre
 
Ce souffre-revenir
qui ne cesse de m'ouvrir
et qui creuse de lumière dans le creux de mon cerveau.

 

Astrid Shriqui Garain, "mémo mélange",  

 

Un minuit que jamais le regard, là ne trouble, Edgar Sarin au Collège des Bernardins- Paris



« profaner, c'est restituer à l'usage commun ce qui a été séparé dans la sphère du sacré », écrit Giorgio Agamben.  

Profane est celui qui ignore. Il y a un peu de cette résonance là, de cet air là,  dans l'exposition d'Edgar Sarin. 

Peut-on parler d'exposition d’ailleurs. Exposer c'est faire connaître. Mais considérant la demande de l'artiste faite au public, à notre commun de mortels, je garde le terme : exposition. 

Jeu exploratoire, jeu de cache cache, coulisse, antre préparatoire. L'initiateur nous expose.

L'objet du regard poursuit son sujet. 


Exposition, expérience presque divinatoire. 
Le lieu, le collège des Bernardins, est un espace consacré. 

Exposer, prendre le risque. 

«  une exposition n'a de sens que lorsqu'elle met simultanément son initiateur et le visiteur en péril" . 

Dialogue entre l'initié et le novice. 

L'ancienne sacristie dans laquelle se tient l'espace est à l'origine un lieu de coulisses où les prêtres se préparaient avant les célébrations. Lieu d'initiation donc.  

Initiation : l'espace de notre réflexion. 



Cette exposition est mouvante, elle s'inscrit dans un espace temps qui lui est consacré. 

 Chaque semaine, Edgar Sarin invite quelques personnes choisies à s'enfermer dans la sacristie. 
Ensemble ils redonnent à l'espace un nouvel équilibre, ôtent, déplacent, transforment, élaborent.

Ces moments de concert-ation sont pris en notes. Notes enterrées après avoir été enfermées dans des capsules hermétiques en laiton , dans un lieu tenu secret, notes qui seront déterrées dans cent ans et versés aux archives du Collège.

Le temps donc. Archélogie préparatoire de la mémoire. Acte de Présence

Edgar Sarin est ingénieur,poète, plasticien, musicien et l'on ne peut rien soustraire. 

Forces, poids, contre poids, lignes et coulées.


Objets dit « anodins », communs, quotidiens, et qui se révèlent à notre individualité. 
Indivisible – dualité, invisible- particularité.

Vous ne pouvez pas tout voir, tout n'est pas dans l'espace que vous pensez consacré. Vous ne pouvez tout voir et pourtant semblez vous encore ignorer ? 

Que ce passe t il à ce minuit, mi-nuit, au clair obscur de l'histoire ? Il nous faudra s'en doute inventer, deviner. 


Alors le novice devra demain deviner...Découvrir, découvrir, recouvrir. Expérimenter. Risque le doute pour le doute, se tenir sur la corde raide, n'être retenu qu'à un fil. Ce fil tramerait il le chemin de toute pensée? 


 
Il serait présomptueux de vouloir penser, réfléchir dans sa totalité cette exposition.  
C'est une mise en réseau de propositions. La proposition de Sarin est de provoquer notre imagination et il y parvient. 

«  Si le but est important, le chemin emprunté pour y arriver l'est tout autant ». Et au détour de ce chemin quelques âmes viennent notre regard libérer. Chacun trouvera son chemin, chacun se perdra, erra, touchera et sera touché, détouré, projeté, et parfois rejeté.

Objets suspendus qui ne sont là qu'élévation de nos questions.

Surprises donc, formulation invisible d'un dialogue incessant entre l'ombre de la pensée et la lumière de l'esprit. C'est une expérience qu'il faut tenter.
Au devenir, nos poids ne seraient-il pas que de simples points de suspension ?
Voilà comment on pourrait formuler toute question. 





Astrid Shriqui Garain, avril 2017.