Dessin et numérisation, Astrid Shriqui Garain
Longtemps je n'ai plus appartenu au monde.
Un esclave meurt parfois.
On ne meurt pas de liberté.
On meurt de ne pas en connaître.
On ne sait plus ce que doit faire la main.
On ne sait plus ce que doit faire son pas.
La tête, vers quoi doit elle se tourner ?
À quoi peut-elle bien penser ?
A quoi doit-elle songer ?
Dans quels sens
doit-on écrire les mots ?
Dans le langage des maîtres ?
... dans le versant de nos colères ?
Comment faire pour qu'ils recouvrent la mémoire,
pour qu'ils commencent leur histoire ?
Un jour, je n'ai
appartenu à personne.
C'était avant, je crois,
mais je ne m'en souviens pas.
L'esclave rêve parfois.
On ne meurt pas de liberté,
on meurt de ne pas la protéger.
On ne sait plus que saisir ou frapper
on ne sait que prendre ou jeter
Les yeux, sur qui veulent-ils se refermer ?
Sur quoi doivent -ils encore pleurer ?
Quel instant auront ils la force d'emporter ?
On ne meurt pas de
liberté,
on meurt de l'oublier.
Un jour j'ai regardé le monde,
J'ai vu qu'il respirait.
Astrid Shriqui Garain, mai 2016
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