"Je ne suis pas venu ici pour être heureux", Arthur Rimbaud
Correspondance... Fallait il que ces lettres nous parviennent ? Peut
être pour tenter de le rejoindre, ne pas rater une correspondance.
Rêver
d'Aden, de Tadjourah, d'Harar, de Chypre, du Caire, tellement de
raisons en enfer qui tracent et galopent et qui nous rattrapent un jour.
« Oh ! Les temps reviendront ! Les temps sont bien venus !
Et l'Homme n'est pas fait pour jouer tous ces rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles,
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et comme il est du ciel, il scrutera les cieux ! »
Credo in unam, Soleil et Chair 29.04.1870.
« Stat mater dolorosa, dum pendet filius... »
Comment ne pas l'aimer ? Ce travailleur acharné qui plantait sur la grève le plus beau des flambeaux.
Ses poèmes sont restés.
Ses poèmes sont restés.
« L'art éternel aurait ses fonctions ; comme les poètes sont citoyens. La Poésie ne rythmera plus l'action ; elle sera en avant.
Ces poètes seront !
Ces poètes seront !
Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand
elle vivra pour elle et par elle, l'homme – jusqu'ici abominable – lui
ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera
de l'inconnu ! Ses mondes d'idées diffèreront-ils des nôtres ? Elle
trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ;
nous les pendrons et nous les comprendrons ».
Alors...
Aimez le poète pour ce qu'il est,
pas pour ce que vous en faites.
Aimez sa voix avant d'aimer son chant.
Aimez ses paumes, aimez sa trogne
ses jurons, ses colères, ses alcools,
ses dix formes,
ses quatre raisons qu'il lance à la gueule des saisons
aimez le pour ses doutes, ses peurs, ses nuits, ses fonds,
pour l'épouvantail qu'il nourrit, pour les jardins qu'il porte à son ventre,
aimez le pour ses paupières de sable, sa mine de brouillon,
pour le noir sous ses ongles,
aimez le pour ses doutes, ses peurs, ses nuits, ses fonds,
pour l'épouvantail qu'il nourrit, pour les jardins qu'il porte à son ventre,
aimez le pour ses paupières de sable, sa mine de brouillon,
pour le noir sous ses ongles,
pour le cul de ses rêves posé sur une
caisse à savon,
pour ses savates, pour ses poches vides, pour son
impossible éducation pour son unique sourire fréquentable , pour son
rire insupportable, pour l'échappée de ses typhons, pour les chevaux
qu'il vous adresse, pour son front chaud, pour le goudron de ses
silences, pour sa tasse vide, pour son manque, pour son besoin, pour la
cadence de ses envies, pour ses poings lourds, pour la vitre qu'il
brise, pour l'escalier qu'il dévale, pour la rue qu'il avale.
Aimez le poète pour ce qu'il est,
pas pour ce que vous en ferez.
pas pour ce que vous en ferez.
Aimez le à tous ses temps, aimez le sale, aimez le sourd,
aimez le pauvre, aimez
son vouloir un peu triste, son toujours pouvoir jouir, son mourir à
rebours , sa main tremblante qu'il glisse sous les jupons de vos jours,
le profil qu'il découpe dans les pages de vos nuits.
aimez le pour la terre qu'il pétrie, pour la chair qu'il embrasse, pour les odeurs qu'il pourchasse.
aimez le pour la terre qu'il pétrie, pour la chair qu'il embrasse, pour les odeurs qu'il pourchasse.
Aimez le pour ses ennemis, pour le visage qu'il vous dessine, pour sa dernière chemise sans jour, pour les trous à son chandail, aimez le pour les bois de sa marche , pour sa rage à tous les étages, pour ses hivers de charbon, pour ses étés de caille, pour sa poussière, pour la honte de son courage, pour le rouge de ses entailles, pour ses mains de carton, pour l'encre sur ses lèvres, pour la chaise renversée, pour le lit défait, pour sa chandelle, pour ses baisers de polichinelle, pour l'osier de son plancher, pour ses braises, ses feux, ses cendres sur la rocaille, son chapeau de paille, pour ses mots d'animal,pour ses phrases bancales,
pour ses derniers, ses pas un seul, ses toujours ailleurs,
ses pas sans toi, tous ses sans soif, ses jurons en miettes de
pain blanc.
Aimez sa défroque, ses chipes, ses nippes, ses
passe-muraille, et sa pagaille.
Aimez le poète pour ce qu'il est,
pas pour ce que vous en ferez.
Aimez le pour ses crimes, pour sa haine, pour sa tendresse, pour ses départs, son exil, pour ses retours, pour ses matins de prairie, toutes ses mains ouvertes aux quatre vents, pour les voiles qu'il prononce et pour les portes qu'il défonce, aimez le voir tituber, tomber, s'accrocher, marcher, courir et s'envoler.
Aimez le pour tout ce qu'il est,
une matière d'être et jamais une manière de penser,
Aimez, acceptez son outrance, ses ombres, ses guirlandes de souffrance, sa boue, son fleuve, et ses tempêtes , la fanfare de ses amours, ses bals de minuit, ses bains de fleurs bizarres, ses cris dans son sommeil d'enfant, ses secrets de bazars, toutes les couleurs qu'il vous tend.
Aimez ses gestes et ses retards, sa vitesse et ses absences.
Aimez qu'il vous dérange
Aimez qu'il vous fasse peur
Aimez qu'il vous
manque
Aimez qu'il dise des mots de phalènes, de nacre, de dentelles ,
d'opale, d'or-paille, de papillons adolescents,
rêvez à tout ce qu'il
peut imaginer,
aimez croire que toujours il viendra vous le porter.
Aimez ses soupirs inversés, aimez sa verticalité, sa béance, sa faim,
ses horizontalités, aimez le tambour de son cœur au soupirail de son
âme,
aimer sa main noire sur le flambeau de son mal, aimez sa gifle
portée à la joue de l'infâme, aimez la craie de son regard, le verbe de
sa peau, les lèvres qu'il porte à la bouche de son vers, aimez l'ovale
de son rectangle, la courbe de ses triangles, l'étoile de ses losanges,
la corde qu'il lance à votre espoir, sa lime sur les barreaux du
mensonge, la berceuse de ses songes, aimez sa sueur, tous ses doutes et ses naufrages,
aimez chaque note de son incroyable voyage.
Aimez cet animal,
aimez comme il vous regarde et il saura toujours vous retrouver.
Aimez le poète comme il est
jamais comme vous le pensez.
jamais comme vous le pensez.
« Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie », les illuminations.
Qu'il nous soit donné de l'entendre revenir.
Astrid Shriqui Garain, lecture.
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