"Lure", Alpes de Haute-Provence © Éric Bourret, 2010.
Attendre tout un ciel.
Atteindre tout ce ciel
au bout d ‘ incertain soir
abandonné en désespoir
voir en nul autre revenir
dans un ultime revoir
mais soudain de grâce
combattre et se dresser.
Alors, saisir en guet à prendre
sa fidèle happe de misère
et arracher mille vagues de chape
de la bouche bêlante du chantre.
Attendre -
Attendre pour entendre.
Entendre sa pluie
– son ventre – et cet orage
Attendre
du ciel – boire à sa coupe saillante
la chair montante et bouillonnante
de toute sa force et de sa rage.
Lamper au goulot froid du flot hurlant
des lèvres brumes et brûlantes de Baal
Atteindre tout un ciel.
Trancher d’un coup sec les lacets du monde
au corsage noir des jours
et plonger l’oeil de ses mains
dans l’échancrure troublante de l’écume
si blanche dessous ses charmes
et qui offre son cul à tous les sables.
Jeter enfin le voile au pal du temps
Et laisser la sueur de ses lames
tomber dans les langes du diable.
Risquer sa peau sur la hune la plus haute des dunes
en brisant sa dérive sur un vaisseau sans larmes.
Passer – battant – triomphant – la tranchée du levant
Essuyer enfin son front aux cotons blancs de l’azur sang.
Alors souffler sur des braises pleines de l’âme
et éteindre le silence jusqu’à la nuit même.
Et attendre
Attendre tout un jour et mille tours sans doute
Pour enfin à travers ce mirage de cendres
entendre, entendre,
galoper la pluie dans l’inverse des jours.
Et goûter l’espace d’un instant juste l’écho d’un ciel
qui porte si haut tout ce qui reste et brûle en nous.
© - Astrid Shriqui Garain
Texte donné en lecture publique salon du livre d’art et du patrimoine – Barbâtre- Ile de Noirmoutier – 2014
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