mercredi 15 juin 2016

Elle d'ivoire






Ossip Zadkine - Femme a la colombe - 1936 


L'oiseau d'ivoire était une nymphe d'or et d'opale que le bercement

du monde avait bouleversé.


Enfin midi, et l'espace reposait .


D'être de vent , d'eau et de sable, c''était la lumière qui l'avait 

touchée la première.
 
C'est elle qui avait déposé sur cet espace la douceur d'un voile,
 
c'est elle qui avait donné aux ombres l'ordre de rejoindre la base 

des pierres.
 
Elle émettait un à un chacun de leur son.
 
A travers l'opacité de son regard on devinait que la nature de ce 

corps pouvait se remettre en vie 

- si tant est qu'elle en ait eu véritablement envie.
 

Les hommes étaient loin , peut être repartis, ivres, comme ils 

étaient venus,
 
aussi inconscients de leur haine qu'ils avaient pu être impatients

de leur naissance.
 

Le monde n'en avait gardé ni les os, ni les noms, ni même leur 

nombre.
 
Il ne lui restait aucun goût , aucune mémoire de cet abandon.
 
L'oiseau d'ivoire, pelotonné dans la jeunesse de sa chair,
 
entendait simplement parler d'espoir comme on peut, entre ses 

mains, parfois sentir renaître le souvenir du monde.


  
© - Astrid Shriqui Garain




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