Ossip Zadkine - Femme a la colombe - 1936
L'oiseau d'ivoire
était une nymphe d'or et d'opale que le bercement
du monde avait
bouleversé.
Enfin midi, et
l'espace reposait .
D'être de vent ,
d'eau et de sable, c''était la lumière qui l'avait
touchée la
première.
C'est elle qui avait déposé sur cet espace la
douceur d'un voile,
c'est elle qui avait donné aux ombres
l'ordre de rejoindre la base
des pierres.
Elle émettait un à un
chacun de leur son.
A travers l'opacité de son regard on
devinait que la nature de ce
corps pouvait se remettre en vie
-
si tant est qu'elle en ait eu véritablement envie.
Les hommes
étaient loin , peut être repartis, ivres, comme ils
étaient venus,
aussi inconscients de leur haine qu'ils avaient pu être
impatients
de leur naissance.
Le monde n'en avait gardé ni les
os, ni les noms, ni même leur
nombre.
Il ne lui restait aucun
goût , aucune mémoire de cet abandon.
L'oiseau d'ivoire,
pelotonné dans la jeunesse de sa chair,
entendait simplement
parler d'espoir comme on peut, entre ses
mains, parfois sentir
renaître le souvenir du monde.
© - Astrid Shriqui Garain
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