C'est assez étrange.
Lorsque je lisais "les corps de Lola", une
image était présente à
mes côtés : la femme accroupie de Camille
Claudel. Mais
aussi celle de Rodin .
La femme accroupie - Camille Claudel
Peut être la première était- elle plus
présente. Parce c'est celle de
Camille qui demandait le plus, qui
exigeait le plus . C'est étrange.
Mais toutes les lectures ont leur mystère....
La femme accroupie - Auguste Rodin
Les corps de Lola ,
deuxième roman de Julie Gouazé , c'est l'âme
mise à nue
sous l'enveloppe d'un Corps.
Un corps, un corps
à toi, à cris, des corps à il , décors à elle .
Parce que Lola est
multiple. Lola la bleue , Lola la rouge.
Lola en plein ventre
dans un coeur.
Lola l'ange qui
lange,
Lola la louve qui tient son plaisir haletant.
Lola sauvage et
solitaire,
Lola qui se livre, se donne, se perd.
Lola en a marre.
Lola pleure.
Lola la pure, Lola la dure.
Lola encre de
mioche, toute langue hors de leurs poches ,
langue de pioche.
La caverne de Lola
sous la terre, là où les mots ne s'entendent plus.
Mal au cuir de son
ventre, mal par dégoût, ,
belle à écrire,
couleurs plein ciel, plaint son rimel.
Les corps de Lola
c'est Lola toute entière.
Une Trinité. Lola
la violette. Bleue rouge. Un mixte.
Ni bien ni mal. Lola
c'est toutes les femmes et une seule,
particulièrement à la fois.
Un ventre à
papillons, un filet tout mignon, un torrent, une source,
une
éruption, un doudou, un bazar, une colère, une mâchoire, une
lanière, des chaînes, une peau sous velours, des lèvres de pêche,
un sourire marylin boulevard, la dormeuse du soir.
C'est chaud , c'est
froid, c'est désert et glacé,
c'est boule de coton contre éclat de
soi. C'est sang et eau.
Les corps de Lola
étonnent par leur voix. A corps perdus et
inconnus. Éparses, en
désaccord, Lola tremble parfois.
Si justes, si
exactes, si parfaitement précises qu'elles en
deviennent distinctement aimantes.
Et puis des sons,
des lumières ; des tréfonds, des abîmes,
des peurs, des
images extrêmement anciennes du fond du
tréfonds de tous les âges.
Le vertige.
C'est bien d'écrire
comme cela.
Peut être pas évident de se relire.
D'admettre que ce vocable sorte de soi.
Tant la présence
des corps de Lola sont puissants.
L'auteure a su trouver sa place, sa
distance,
elle s'est risquée "à rendre".
Tout, odeur,
souffle, déchirement, solitude. Solitude beaucoup.
Lola est seule avec
ces corps. Ces corps sont seuls en Lola.
Claquemurée en
dedans.
Une carapace de ces mêmes à l'usage de l'Autre.
A la limite du
dédoublement.
Lola la bête jette la peau de son âme .
Mais non Lola n'est
pas folle.
Elle souffre mais elle n'est pas folle de douleur.
Pelotonnée. Les
bras repliés. Oui les femmes accroupis, surgissent
de la terre, je
les ai senties près de moi.
Lola la désirante
,la suppliante, la pleine, la ronde, la violente,
Lola l'humaine.
Le manque le vide.
L'empreinte et la griffe.
Une très belle
découverte. Qui donne envie de découvrir le
premier roman tant ce
second livre est étonnant.
Les mots ne sont pas
crus. Ils sont vrais. L'impudeur aurait été de
les voiler.
L'auteure a su
donner corps à son œuvre.
Je ne parlerai pas
de style je parlerai de « tout donnant », comme
sur un
ring.
Elle a un sacré swing Julie Goauzé , mine de rien.
Des coups
balancés qui dépassent leurs limites.
Et c'est comme ça
qu'on avance, sur un ring.
On frappe. Une lettre, un mot, une phrase,
on se place, on déplace,
on frappe, une lettre, un mot, une lettre,
on avance, on frappe.
On projette.
Il y a l'instinct, le souffle,
l'envie, le désir, et le plaisir d'avoir
mis les points au bout de
la ligne.
Au delà de la ligne.
Voilà le mixte de
Julie Gouazé.
Lola douleur, Lola chaleur.
Lola a du bonheur
plein les bras.
« la liberté
commence à l'intérieur du corps ».
Lola toute recomposée.
Julie Gouazé a pris
toute liberté , ce qui donne aux corps de Lola
toute leur vérité.
Merci aux Editions Belfond et à Babelio, de m'avoir donné
l'occasion de découvrir ce second roman de Julie Gouazé, à
l'occasion de la rentréé littéraire
Lecture, Astrid Shriqui
Garain
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