lundi 27 juin 2016

Les corps de Lola, Julie Gouazé









 


C'est assez étrange. Lorsque je lisais "les corps de Lola", une

image était présente à mes côtés : la femme accroupie de Camille 

Claudel. Mais aussi celle de Rodin . 







La femme accroupie - Camille Claudel 


Peut être la première était- elle plus présente. Parce c'est celle de 

Camille qui demandait le plus, qui exigeait le plus . C'est étrange.

Mais toutes les lectures ont leur mystère.... 






 
La femme accroupie - Auguste Rodin



Les corps de Lola , deuxième roman de Julie Gouazé , c'est l'âme 

mise à nue sous l'enveloppe d'un Corps.

Un corps, un corps à toi, à cris, des corps à il , décors à elle .

Parce que Lola est multiple. Lola la bleue , Lola la rouge.

Lola en plein ventre dans un coeur.

Lola l'ange qui lange,

Lola la louve qui tient son plaisir haletant.

Lola sauvage et solitaire, 

Lola qui se livre, se donne, se perd.

Lola en a marre. Lola pleure.

Lola la pure, Lola la dure.

Lola encre de mioche, toute langue hors de leurs poches , 

langue de pioche.


La caverne de Lola sous la terre, là où les mots ne s'entendent plus.


Mal au cuir de son ventre, mal par dégoût, ,

belle à écrire, couleurs plein ciel, plaint son rimel.

Les corps de Lola c'est Lola toute entière.

Une Trinité. Lola la violette. Bleue rouge. Un mixte.

Ni bien ni mal. Lola c'est toutes les femmes et une seule,

particulièrement à la fois. 


Un ventre à papillons, un filet tout mignon, un torrent, une source, 

une éruption, un doudou, un bazar, une colère, une mâchoire, une 

lanière, des chaînes, une peau sous velours, des lèvres de pêche, 

un sourire marylin boulevard, la dormeuse du soir. 

C'est chaud , c'est froid, c'est désert et glacé, 

c'est boule de coton contre éclat de soi. C'est sang et eau.

Les corps de Lola étonnent par leur voix. A corps perdus et 

inconnus. Éparses, en désaccord, Lola tremble parfois.

Si justes, si exactes, si parfaitement précises qu'elles en 

deviennent distinctement aimantes.


Et puis des sons, des lumières ; des tréfonds, des abîmes, 

des peurs, des images extrêmement anciennes du fond du 

tréfonds de tous les âges. Le vertige.

C'est bien d'écrire comme cela.

Peut être pas évident de se relire. 

D'admettre que ce vocable sorte de soi.

Tant la présence des corps de Lola sont puissants. 

L'auteure a su trouver sa place, sa distance, 

elle s'est risquée "à rendre".

Tout, odeur, souffle, déchirement, solitude. Solitude beaucoup.

Lola est seule avec ces corps. Ces corps sont seuls en Lola. 

Claquemurée en dedans. 

Une carapace de ces mêmes à l'usage de l'Autre.

A la limite du dédoublement.

Lola la bête jette  la peau de son âme .

Mais non Lola n'est pas folle. 

Elle souffre mais elle n'est pas folle de douleur.

Pelotonnée. Les bras repliés. Oui les femmes accroupis, surgissent 

de la terre, je les ai senties près de moi.

Lola la désirante ,la suppliante, la pleine, la ronde, la violente, 

Lola l'humaine.

Le manque le vide. L'empreinte et la griffe.

Une très belle découverte. Qui donne envie de découvrir le 

premier roman tant ce second livre est étonnant.

Les mots ne sont pas crus. Ils sont vrais. L'impudeur aurait été de 

les voiler.

L'auteure a su donner corps à son œuvre.

Je ne parlerai pas de style je parlerai de « tout donnant », comme 

sur un ring. 

Elle a un sacré swing Julie Goauzé , mine de rien. 

Des coups balancés qui dépassent leurs limites.

Et c'est comme ça qu'on avance, sur un ring. 

On frappe.  Une lettre, un mot, une phrase, on se place, on déplace,

 on frappe, une lettre, un mot, une lettre, on avance, on frappe. 

On projette. 

Il y a l'instinct, le souffle, l'envie, le désir, et le plaisir d'avoir 

mis les points au bout de la ligne. 

Au delà de la ligne.

Voilà le mixte de Julie Gouazé. 

Lola douleur, Lola chaleur.

Lola a du bonheur plein les bras.

«  la liberté commence à l'intérieur du corps ».

Lola toute recomposée. 

 
Julie Gouazé a pris toute liberté , ce qui donne aux corps de Lola 

toute leur vérité.


Merci aux Editions Belfond et à Babelio, de m'avoir donné 

l'occasion de découvrir ce second roman de Julie Gouazé, à 

l'occasion de la rentréé littéraire




Lecture, Astrid Shriqui Garain









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