C'est l'histoire du Poète ... de beaucoup de poètes et de beaucoup beaucoup d' artistes...
« Regarder le monde avec les yeux d’Apollinaire, c’est guetter « les belles choses neuves » et accueillir leurs épiphanies. C’est chercher les merveilles. Non ces miracles bon marché pleins de niaiserie dont nous repaissent les productions médiatiques à grande échelle, mais les phénomènes mystérieux, tantôt féeriques, tantôt sinistres et toujours envoûtants, qui introduisent la surprise dans la vie ordinaire et l’aventure dans l’ordre du monde. »
Laurence Campa.
Un nom : Apollinaire.
Guillaume.
Né Wilhelm de Kostrowitzky .
Un nom qui porte son univers.
L'homme, qui ne connut pas son géniteur, mais qui se donna la plus grande des ascendances : Apollinaire , peut être descendant d'un dieu grec, presque Apollon !
Et il a eu raison ! Quel nom !
Un miracle. Miracles de créations. De partages, d'amitiés. Une époque métisse. Voilà pour moi ce que fut cette époque. Un renouveau. Une re-pigmentation de la pensée et du monde. L'invention de nouveaux langages, de nouvelles cultures, d'une nouvelle humanité, elle même multiforme, protéiforme. Une époque plus vraiment conte de fée, plus un « il était une fois », mais « un tout à la fois ».
Le désir de cela, la puissance, l'urgence de cette mise au monde.
L'époque de l 'Esprit nouveau !.
Appelons les ! Pablo Picasso, Georges Braque, Vlaminck, Leger, Chagall, Marie Laurencin, Duchamp, Zadkin, Matisse, Sonia Delaunay, Robert Delaunay, Jean Cocteau, Natalia Goutcharova, André Derain, Raoul Dufy, Max Jacob, Giorgio De Chiroco , Juan Gris, Jean Metzinger, Alfred Jarry, Séverini, Albert Gleizes, Picabia, Soupault, Breton, Satie et ... d'autres et d'autres encore.
Apollinaire l'auteur, le critique l'éditeur.
L'ami,
le Poète.
Celui qui donna au sur-réalisme son nom.
Ma tête me porte. Elle m'entraîne. Ma tête m'emporte...
Sept salles. Comme des jours.
07 jours pour créer un monde.
J'ai parcouru 07 salles pour embrasser ce monde.
Je ne ferai pas de cours sur l'histoire de l'art, ni de littérature. Je ne sais pas. Je ne saurai pas.
Je ne jouis pas de ces facultés là.
Mais ce n'est pas, comme disait Apulée, parce que je ne peux pas jouir que je ne peux pas aimer...
Riche de cet enseignement donc, je vais vous dire ce qu' aujourd'hui il m'a plus d'aimer.
Ce que j'ai envie là de poser devant moi . Sur cette écran. C'est le souvenir fabuleux de ces heures.
Portrait d'Apollinaire par Marc Chagall
Qu'il fait beau la pluie sur Paris , qu'il fait chaud à l'âme le ciel gris sur les Tuileries.
J'avais bien plus que le soleil devant moi.
J'avais l'éternité. Je sais c'est beaucoup.
Et comme c'est beaucoup il me faut la partager.
J'ai aimé retrouver Braque.
Respirer Paris à la fenêtre de Marc Chagall …
Marc Chagall
La lumière incroyable ( pour peu qu'on se mette de
côté et pas en face - selon moi) des joueurs de football de Gleizes. 
Joueurs de football de Gleizes
Le tableau en relief de Picasso. (Une première pour moi. Mon premier Picasso en relief ! ) .
et l'étonnant homme guitare.
Pablo Picasso, l'homme guitare
« On peut peindre avec ce qu'on voudra » Apollinaire, méditations esthétiques.
Oui on peut peindre avec ce qu'on voudra, comme on voudra, on peut écrire dans le sens qu'on voudra, on peut aimer comme on voudra, ce qu'on voudra, qui on voudra.
Face à la brutalité du monde il faudra répondre de cette façon là. Elles et ils y répondront.
Voilà le merveilleux scandale de « Parade ». L'honneur qu'ils sont d'êtres des Poètes. La beauté du Coq d'Or
Des peintres, des musiciens, des danseurs, des poètes, des chorégraphes.
Natalia Goutcharova
« la fenêtre s'ouvre comme une orange, » je vois « le beau fruit de la lumière », les fenêtres, extrait .
Vision. Apollinaire est visionnaire. Il a vu . Vu très tôt. Parce qu'il a vu loin.
C'est une règle d’astrophysique.
Il a vu l'évidence de l’éruption artistique de 20 e siècle.
En regardant l'homme dans un café de Juan Gris j'ai vu un homme pixelisé. Comment le cubisme a t il dit autrement le monde ?
« je sais que seuls renouvellent ( le monde) ceux qui sont fondés en poésie. "
L'art annonce. Il devance. L'art est voyant. Le poète aussi. Et c'est cette évidence qui les unie.
Oui Apollinaire avec les peintres, les plasticiens, les sculpteurs, oui Apollinaire avec les saltimbanques, les baladins, les arlequins, avec le cirque Medrano.
Apollinaire amoureux d'un Arlequin entre les mains de Picasso, Apollinaire amoureux de Laurencin , de Lou, passionné de l'amour, Libre Appolinaire. L'érotique .
Il est Louise Lalanne. La femme poète. Clin d'oeil à l'Esprit.
La Baronne Hélène Oettingen, une de ses mécènes, était bien
quant à elle à la fois le romancier Léonard Pieu, Roch Grey le
poète et François d'Angiboult le peintre.
Colette était un peu Claudine un peu Willy.. . Et Alors ?
Il crée. Avec tout. Il l'a dit : on peut tout avec tout ce que qu'on veut.
Ils créent. Peut être pour tenter de conjurer les catastrophes qui s'annoncent...
Apollinaire amoureux des livres, des femmes, amours des arts premiers.
(L 'oiseau du Bénin ...c'est ainsi que Cocteau surnommait Picasso )
Apollinaire regarde partout, aime beaucoup. Son appétit est insatiable.
Il dévore.
C'était une époque foisonnante. Une époque de tous feux de tous bois de toutes essences. Et de tous les diables.
Théâtre, Cirque, Poésie, gravure, peinture, dessin, sculpture, photographie, cinéma. Tous se parlent tous se répondent. Là il se crée. Ça ne s'invente pas. Ça imagine !
« Ils enchantent « la vulgaire » matière. »
De l'émerveille !
« C'est moi qui commence cette chose des siècles à venir"
ainsi parlait Apollinaire dans Merveille de la guerre.
Comment ne pas être troublée par le portait que De Chirico a fait d'Apollinaire ?
Apollinaire portrait par de Chirico
Appolinaire qui sera justement blessé à la tempe gauche durant la guerre. Ce portrait prémonitoire.
Portrait d'Apollinaire par Pablo Picasso
Comment ne pas être troublée lorsque qu'on lit ces vers
« il y aura l'âge des choses légères, on dépensera des millions
pour des choses qui serviront durant une minute et qui s
évanouiront et les chefs d'oeuvre seront aussi aériens que les
aviateurs. »...Tout terriblement .
Arts visuels. Visions. Simultanéités du langage. Vision du poème- océan , vision des peintures de Delaunay, vision des rythmes colorés de Leopold Survage.
Les calligrammes d'Apollinaire ...
Il sait que le phonographe et le cinéma seront les lecteurs nouveaux de la poésie future.
Il le sait en 1917.
L'oeil doit s'élargir. Entendre ce que l'on voit ,Voir ce que l'on dit. Toucher ce qu'on écrit. Faire tourner les mots, faire réfléchir la lumière. Dépasser une réalité que les hommes s'imposent.
Le poème pousse son rêve.
« La grande force c'est le désir ».
« Les oiseaux chantent avec les doigts » !!!
Apollinaire...merveilleux Apollinaire.
Fort, tendre Apollinaire….
« Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile » .
Oui , il y a un milliard de poèmes qui restent à faire, de monde à faire naître. Mais parlons, parlons de cet oiseau. De celui là.
Les autres suivront.
Hommage à Apollinaire, 1911-1912 de Marc Chagall
« L'aigle et le poussin » sont de même chair. Du même bestiaire que leur frère humain.
J'ai salué les baigneuses de Derain et puis je suis allée rendre visite, comme à chacun de mes passages à l'Orangerie, à ma baigneuse préférée, celle de Pablo, Pablo Picasso , la grande baigneuse.
Toujours là, et moi en retour... ici..
Oui j'ai eu l'éternité devant moi aujourd'hui. Une fabuleuse éternité.
J'en ai eu besoin dehors. Par la sortie du jardin des Tuileries j'ai pris par la sortie rue Cambon, et en marchant le long des grilles , j'ai eu les faveurs d'un cortège armé qui passait toutes portieres ouvertes protégeant une dizaine de fourgons blindés.
Hommes en noir, armés en visée, en visée sur nous. Nous c'est à dire les gens des jardins, les gens des rues.
Moi, le vélo, l'enfant, l'enfant qui n'avait alors d' yeux que pour eux.
J'en ai eu besoin de cette éternité là, pour penser, pour penser : "pauvre con ", en croisant le regard de celui qui m'avait tenu en visée. ….
Penser sans trembler, sans trembler parce que j'avais un rêve à pousser. Ç'est utile l'Art. Utile pour avancer, sans trembler.
Mon père m'a élevé en m'apprenant qu'on ne vise personne. Personne, jamais. Même pas avec un jouet.
Et toi l'homme en noir, toi avec ton fusil en joue, contre moi, contre l'enfant, le vélo, les oiseaux, le jardin, le jardin dans la ville. Toi, l'homme armé...
Alors….alors :
Vive l'éternité ! Vive la Poésie !
"Pour le peintre, pour le poète, pour les artistes (c'est ce qui les différencie des autres hommes, et surtout des savants), chaque œuvre devient un univers nouveau avec ses lois particulières."
(Préface au catalogue de l'exposition Braque chez Kahnweiler, 9-28 novembre 1908)
Apollinaire, le regard du poète c'est au musée de l'Orangerie de
Paris jusqu'au 18 juillet 2016
exposition en partenariat avec le musée Picasso de Paris, jusqu'au
28 aout 2016.
20 juin 2016, Astrid Shriqui Garain
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