La lune de sable, © Astrid Shriqui Garain
numérisation
C’est l’heure où l’océan, disciple, animal d’écume, revient au domaine.
Les crêtes ébouriffées, il lape à grande goulée son écuelle de craie.
Depuis le jour, le rocher n’a pas quitté sa table.
La bête , brisée et trempée par la course de sa chasse,
vient se coucher au pied de son maître,
laissant sur la plage de nacre l’empreinte de ses marnes.
« Te revoilà » dit le maître à la bête.
Et la bête ne dit rien.
Elle penche vaguement sa grosse tête, et lèche la main de son maître.
« Demain je tacherai de ne point envoyer la Lune trop loin…
Aussi loin je te la jette, et trop loin tu la cherches. »
L’océan s’étire et s’endort.
Ses flancs sont comme les soufflets de la terre.
A sa table, le rocher, en le veillant un peu, le regardera toujours.
Les rideaux de la nuit se referment sur la confiance du domaine.
© Astrid Shriqui Garain , c'est l'heure où l'océan.
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