les inconvenants

«J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce 

que j’avais, sur le plan psychologique, tout ce

 qu’il faut pour devenir une terroriste. 

Au lieu de cela j’ai utilisé le fusil pour une 

bonne cause, celle de l’art» . 

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle en train de viser (1972), 

 

Inconvenant... 

Qui ne convient pas.

Tout est inconvenant aujourd'hui.

Ma joie est inconvenante pour les nouvelles qui se déversent.

Inconvenance de ma joie.

Rien de sonnant, rien qui risquerait de me ferait trébucher, rien ne 

pèse pourtant entre mes mains. Et je regarde ce jour.

Je suis l'oiseau, il fait grand jour.

Et ce que ce jour est inconvenant ?

Inconvenants sont ces déchirements, ces meurtres, la stupidité des 

crimes , l'effroyable stupidité d'un monde qui veut justifier la 

moindre chose qu'il commet.

Tout est inconvenant.

C'est inconvenant. Soit. Et après ?

J'aime dessiner l'oiseau, j'aime danser , j'aime feuilleter mes 

livres,  courtiser les roses,  j'aime prendre tout le temps pour faire

 ce que rien ne peut retenir.

J'aime l'inconvenance de ce jour.

Je suis inconvenante. Oui. Le jour et moi sommes inconvenants.

Ce jour dans sa beauté et moi dans ma joie.

C'est comme cela que nous nous sommes aimés.

Et nous marchons sur la route.

Cela ne convient pas. Mais à qui exactement cela ne convient il 

pas ?

Que ceux là défilent sur leur chemin, nous sommes sur la route !

Nous sommes l'oiseau comme ce jour Poésie.

Le jour, et peut être la nuit.

Nous sommes tristes ou nous sommes gais.

Nous sommes là où notre coeur nous porte.

Rien ne nous oblige.

Ce qui nous oblige ne nous convient pas.

Je peux si je veux gratter la tête du chat que je n'ai pas .

Ou cracher la tête en bas

Mais rien ne m'oblige à craindre les chiens que vous avez dressé 

contre moi.

Ni même manger ce que vous voulez faire de moi

Je suis l'oiseau, le lapin ou le chat, le poisson et ma joie à la fois.

Ceux qui nous obligent ne nous conviennent pas ! 

et le jour et moi nous sommes très ,très bien inconvenants comme 

ça.

Astrid Shriqui Garain