jeudi 2 juin 2016

Les contes défaits, Oscar Lalo, éditions Belfond




ISBN 97827144738688

 
«  Ce qui m'est arrivé ne m'est pas arrivé. Ce que je 

sais, c'est que c'est arrivé à d'autres, et qu'eux non

 plus ne le savent pas. 

Ma vie est un conte qui n'existe pas. 

Un conte inventé qui, depuis me hante. 

Un conte impossible : ni fée, ni citrouille, ni carrosse.

 Un conte vide. »



 
Détruire. Se détruire . Tout détruire.

Il n'y a même pas de déconstruction possible puisque

la construction n'a jamais eu lieu.

Un blanc. « A blank ». Un espace vide, un trou noir,

 une absence, un chaînon manquant. Le néant…. 

 

Écrire, puisque dire était jusqu'à lors impossible,

écrire sur l'impact. 

Remplir d'encre et d'âme.


Le lieu : on le sait, la victime : on la connaît, le

 coupable: sans aucun doute possible, les suites post

traumatiques ...on les connaît aussi. 

On connaît la brûlure, la béance, le gouffre, le

dégoût, on sait ce qui ne va pas. 

On sait la différence. L’infranchissable différence.

Celle qui rend méconnaissable. Soi et les autres. 

Vivre en avatar. Ce qui est défait n'est jamais sans

effet. Ce qui est défait ne sera jamais plus.
 

Les contes défaits d'Oscar Lalo , c'est la vie d'un

 homme. Le dossier de sa vie c'est ce livre, cet écrit

 là.



C'est la vie d'un enfant qui va nous instruire. 

De cet enfant qui n'a jamais pu et puis plus voulu 

grandir. 

Qui a joué les grands, qui a fait comme ci, comme 

savent le faire les enfants. 

Parce qu'il faut survivre. 

Mais être un homme ?... «  mon malheur, c'est que

 tous les chemins mènent à l'homme », à l'homme 

d'enfants, celui du home d'enfants. 
 

Au bourreau, au tueur, au crime, au faux ami, au 

loup.


Écriture étonnante. 

Écriture, qui ,à elle seule, nous permet de saisir de

comprendre d'accompagner l’urgence de cette

instruction qui doit être mener « à décharge ».

A décharge. 

Il faut décharger l'enfant. 

Le décharger du poids de l'adulte.

Ce poids qu'il ne doit pas porter. 

Qu'il n'aurait jamais du avoir sur et contre lui.

Qu'il n'aurait jamais du subir.
  

Le talent d'Oscar Lalo c'est de nous faire comprendre

 tout ce qui a été défait sans jamais nous balancer

 directement les images terribles des faits.

 

Alors ce qui rend le livre, le roman puisqu'il est ainsi

nommé, d'Oscar Lalo, étonnant c'est bien son

son écriture. 

Parlons de l'écrit . 

Quelque soit le sujet , tout sujet est sujet à la

littérature si l'objet du livre est écriture. 

Les contes défaits d'Oscar Lalo est un roman. 

Un excellent livre, objet de littérature.

 

L'enfant mis en miettes , l'enfant morcelé, 

décomposé, l'enfant pulvérisé, l'enfant puzzle,

 l'enfant « abîmé », la mise en abîme de cet enfant . 

Voilà le sujet. 


Le traumatisme génère autisme, mutisme, perte de

confiance, perte d'identité, sentiment d'inutilité,

il fausse la distance et le rapport à soi et aux autres,

jusqu'à en donner la nausée et vous voler votre

sommeil. 
 

Avoir été l'objet d'un désir et non le sujet blesse,

mutile, massacre. 
 

Sans visage, sans histoire,l'enfant sage, sans bruit,

l'enfant de l'ombre, qui ne dit mot, parce que le mot 

est écrasé par un poids inimaginable, qui ne dit mot

parce que le cri est impossible tant le poids est

effroyable. 

 
L'enfant caméléon , à qui tout va, tout convient, qui

peut endosser n'importe quel rôle lui qui ne peut

devenir le héros d'aucune histoire, le petit prince

perdu. 
 

« Le petit poussé » se cache se dissimule , 

le petit d'homme a peur de l'homme d'enfants.

 

 Oscar Lalo déclare que sa formation d'avocat lui a

permis de trouver les mots pour mener l'écriture de

ce roman. 
 


Comment accoucher d'une vérité, comment la faire

naître, comme la remettre entre les mains du 

monde, aux yeux du monde ?


Sur quoi prendre appui pour faire émerger ce 

visage ? 

La vérité, jusqu'à lors inconnue, invisible, muette,

noyée... 

Mais l'océan rend toujours les corps. 

Tout remonte. Tout revient. 

La mémoire n'est plus un bois mort. 

Un bourgeon apparaît. La vie est là. 

Elle a toujours était là. 

Cette force de vie qui pousse , qui se plaque à la 

fenêtre du monde, et qui pousse et qui fait voler en

éclat les miroirs.

La parole libérée, l'homme paraît et un grand auteur

pousse son premier écrit.


La chape du silence craque et perd les eaux. 

L'homme apparaît.


Oscar Lalo nous offre un livre magnifique. 

Une œuvre littéraire. 
 


«  L'homme est au dessus de tout prix ; car en tant

 que tel , il doit être estimé non pas simplement

 comme moyen en vue des fins d'autrui, ni même en 

vue des siennes propres, mais comme fin en soi

, c'est à dire qu'il possède une dignité, par laquelle il

 force à son égard le respect de tous les autres êtres

 raisonnables de ce monde, peut avec tout autre

 membre de cette espèce se mesurer et s'estimer sur

 un pied d'égalité ». 

Fondement de la métaphysique des mœurs. 

E.Kant- extrait.


Ainsi voici un livre achevé pour un conte qui ne 

l'était pas.



Il est donc pour la première fois :  

Oscar Lalo aux Éditions Belfond.


Et c'est un très, très heureux événement. 
 



                          L'auteur: Oscar Lalo 

Merci aux Éditions Belfond, ainsi qu'à l'équipe de 

Babelio.com de m'avoir permis de découvrir les

 Contes défaits d'Oscar Lalo, et ceci à l'occasion de

 la présentation du programme de la rentrée littéraire

 de leur maison.







  Lecture, Astrid Shriqui Garain. 

 
 
« Le berger c'était le loup. 

Il nous écartait des autres pour ne pas être 

dérangé.

Et plus il prenait la pose du berger, 

plus il devenait loup.»...

Parution : août 2016.











Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire