mercredi 15 juin 2016

Josef Sudek, le monde à ma fenêtre




 Josef Sudek 
 
Josef Sudek. Je suis contente de vous savoir à l'honneur à Paris, 


 Monsieur Josef Sudek.



Moi aussi Josef , je vois souvent le monde à travers ma fenêtre.

Et comme vous Josef je pars marcher dans les bois.


J’aime les lieux, leur fatras, leur enchevêtrement, leur 

amoncellement .Ce que certains appelleraient "fichu désordre". 

Ce que vous auriez appellé "necessaire matière".  


Et si je pouvais photographier celles et ceux que j'aime c'est avec 

la beauté d'un travail comme le votre que j'aimerai pouvoir vous 

les montrer. C'est comme ça que je les vois. 

 

Josef Sudek. 
 

Il m'a accompagné cet artiste. 

Dans ma solitude. Un hiver, ses photos ont été très importantes

 pour moi. Je parlais aux photos de Josef Sudek. 

C'est étrange , je sais. Je ne suis jamais allée à Prague. 

Mais je parlais . 

On dit souvent « cette image me parle ». 

Là, c'est moi qui parlais.


Et si je faisais cela c'est que les photos de Sudek sont des photos

amies.


Elles ne vous bousculent pas, ne vous frappent pas, nous vous 

contrecarrent pas, ne vous malmènent pas. ne vous humilient pas

, ne vous écrasent pas. 

Elles sont là. Toutes entières. 

Belles parce qu'exactes, belles parce qu'elles sonnent justes. 

 

Une photographie de Sudek c'est une amie qui vient s’asseoir 

à vos cotes le soir au jardin.


Dans ce jardin enchanté. 






C'est l'heure des regards, de quelques mots, d'une présence, 

d'une écoute. Voilà pourquoi je parlais aux photos de Sudek. 

Comme ça à travers ma fenêtre , ma fenêtre... , la même que 

celle ci, celle derrière laquelle je vous parle encore à présent.


Josef Sudek.


J'aime les coquillages de Sudek, son intelligence à saisir la 

transparence., j'aime quand la pluie devient peau, à en faire venir 

la chair de poule au moindre roseaux, j'aime le visage de Milena.





                           Milena Vildová, 1942 par Josef Sudek




Ce qu'elles me font ces photos ? Elle me rendent  présente.


Je regarde. Et mon regard devient important. J'aime l'éternité des 

arbres de Sudek, j'aime la coquille de l'oeuf, la fleur et la 

résonance du verre d'eau. J'aime quand les pigments se frottent à 

leur papier charbon. J'aime croire aux souvenirs de Sudek, à ces 

cartes, à ses lettres, à ses mots. J'aime ses labyrinthes de verre. 

J’aime son pas de cyclope, presque manchot , j’aime son

obstination et son amour des choses. J'aime son improbabilité et sa 

bienveillance. Oui j'ai parlé aux photos de Sudek, de nombreux 

jours, mon front contre ma fenêtre, j'avais ça , cette vue là. Je ne 

vous souhaite pas ces heures là. Mais je vous souhaite de découvrir  

son travail. De sortir, d'aller voir derrière la fenêtre.



Sudek ou une ou un autre. Vivre cette amitié là. Vivre ces 

moments là. Cette humanité là. Parce que c'est important de 

sauvegarder cela. De prendre le temps de l'exprimer. De partager. 

Cette vérité de Sudek est importante. Parce que devant nos

fenetres on doit y voir de la poésie, de Art, entendre des paroles

 amies. 

Sinon  sur nos villes sera la Nuit.



Un homme à sa fenêtre regardait.... Et c'est le monde qui 

vient nous parler.


C'est un mouvement une image. 

Un mouvement ça rend visible comme dit l'artiste chinoise

Guan Xiao. ( je vous conseille d'aller voir son film au sous sol, 

d'aller écouter et voir ce que cette artiste nous adresse - vraiment. 




Voilà pour moi c'était un jour important, je suis allée rendre visite 

à un ami.


D'un point à un autre point, là commence le destin de toutes nos 

lignes.


Oui j'ai rendu visite à Monsieur Josef Sudek, ou plus exactement à 

une chose extrêmement précieuse et particulière qu'il nous a 

laissé, posé devant la fenêtre de son atelier : , la douceur, la 

sagesse, la tendresse et la chaleur de son âme . Son amitié.



Notre ami, donc, Josef Sudek. Photographe, artiste, peintre du 

regard, alchimiste, tisseur de lignes , tailleur de points. 

Qu'il soit ici infiniment remercié.



Je sais que ça ne se fait pas trop de dire, d'écrire qu'on aime 

comme ça. de cette façon là, de guingois, avec tout son fatras. 

Mais Monsieur Sudek est de passage à Paris. Et je ne pouvais pas 

ne pas vous dire combien il est important pour moi.



Le monde à ma fenêtre de Josef Sudek, c' est au Jeu de Paume à 


Paris jusqu'au 25 septembre. 


 
© Astrid Shriqui Garain



     

                                     Photo de Josef Sudek 


L’objet.
Seul est sans maître.
L’histoire est parfaite.
Le regard est encore là.
Mais l’homme n’y est pas .

Il reste sa pratique,
Ce gîte et ce couvert

Il manque l’envie, le besoin, et le désir
D’un souvenir ? Nul trace.
La matière semble matière.
Et bien
Que pourrait elle être ?

L’homme.
Multiple, reste maître.
L’histoire semble parfaite.
Le regard est toujours là.

Mais l’objet ne le voit pas.
Il reste une musique,
Son vivre et le peut être.
Le souvenir est tenace.
L’homme se voit poussière
Et se rêve matière.

Sur la photo il ne pose pas.
Comment se fait- il qu'il soit ,
En ce point,
Si présent ?
         ( © Astrid Shriqui Garain, lecture du quantique  - 2012)







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