ISBN 9782330000172 Editions Actes Sud
Il y a 14 000 ans avant JC , au fond d'une grotte, en Dordogne, des
mains gravaient
dans la pierre l'image d'un homme cerf qui
dansait.
Il dansait et des
mains ont écrit son chemin.
Le geste de son chemin entre ces mains.
Écrire la danse.
Écrire cette danse . Écrire pour que nous puissions
les entendre.
Parce qu'il y a une
intelligence, une histoire dans chaque danse.
Du geste de la jambe
qui traverse l'espace, de la main qui taille la
pierre ou de la force
du pouce qui creuse la terre, du crayon qui
trace, qui courbe, du
clavier sur lequel on frappe, du rideau qui se
soulève à la
fenêtre, aux particules des poussières qui
dansent, au jour qui se
lève, tout est geste, tout fait signe.
On danse pour écrire
son espace.
On frappe, on grave, on frotte, on gratte pour
se faire
entendre. Pour dire. On parle de mémoire.
De cette mémoire commune que contient notre individualité.
Par signe par respiration par rythme par pulsation par extase par
force ,jamais par hasard.
Sans volonté pas de
langage, sans volonté pas de partage,
sans volonté aucun voyage,
aucun retour. Un naufrage.
Sans volonté aucune liberté.
Le pouvoir sans
doute. Mais la première étincelle est volonté.
Nécessaire
volonté.
La volonté du
soleil, du vent, de la lumière, la volonté du fleuve,
des hommes et de la pluie.
Tout s'affronte, se
confronte, s'associe, se meut dans un sens.
Un ensemble.
Le grand
ensemble fait de force, d'énergie, de contraires,
de matières. Cela nous dépasse. Nous le savons.
Nous le rattraperons.
De dire, de parler,
de communiquer d'écrire de danser.
Cela est une affaire de sens.
Geste de peau,
geste de souffle, geste de force, geste de noire signe
de blanc, la musique de l'esprit contient l'harmonie du monde.
Affirmer « n'avoir
qu'un désir, un destin, devenir malgré tout
une peinture vivante. » comme le disait Victor Segalen dans
Du peintre, à la calligraphie, de la calligraphie, à la poésie,
de la poésie à la danse de la danse à la lumière de la lumière au
premier geste du
premier geste au premier verbe.
La première touche la première note.
Je suis je dis je
dis je suis je suis je danse je danse ce que je suis je
ce ce que je dis je dis ce que je note et je dis ce que j'écris j'écris
ce que
je danse je danse ma vie je suis en vie .
Musique de vie.
Chant. Danse. Poésie.
Je le proclame et te l'annonce. Je vous écris.
Carolyn Carlson,
fait poésie de la vie.
Elle danse, chorégraphie, calligraphie, elle écrit.
Et c'est parce qu'elle est une des représentations les plus
vivantes
de « ce que vers quoi Écrire doit tendre »
c'est toujours une
sonorité extrêmement importante qui nous
parvient à chaque fois
qu'il nous est possible de la voir, de l'entendre, de l'écouter,
de la lire.
Immenses questions.
Immenses rappels qui nous reviennent en mémoire.
Cohérence de nos
multiples co-incidences.
Alors « geste
de danse pour accentuer la légèreté du lavis » .
Tenir le
fil , tisser nos lignes, une trace d'encre.
Le signe de Vie.
Dire l'histoire,
lire l'empreinte, entendre le voyage vers cette terre
« où ne
règne que la lumière ».
Comment exprimer
cela ?
Comment rendre l'émotion qui nous parvient à vivre ?
Comme le disait un
peintre chinois « quand l'idée est au bout du
pinceau , pas la peine d'aller au bout de l'idée », alors....:
pointe, encre,
pinceau, la scène devient tableau.
Alors lire ce que
nous dit Carolyn Carlson.
« Ce que tes yeux feront pour moi,
je le ferai pour toi en retour ».
Le souffle. La respiration du
monde.
L'échange.
L'instant du regard. Du premier regard.
Trouver cette « âme
dans un mouvement de couleur absente ».
Présence. Vérité
d'une présence.
« tu es pluie
ruisselante à la fenêtre ».
C'est entendre monde à sa
fenêtre comme savait le voir
Josef Sudek.
« Tu es l’événement
au cœur de l'océan ».
Tu marches à
travers des « miroirs ente terre et mystère ».
Tu me fais signe. Je
ne me perds pas. Nous sommes ensemble.
« Ceci n'est
pas un livre, mais un dit, un appel, une évocation, un
spectacle. »
Victor Segalen, Peintures, extrait. »
Apprenons les uns
les autres à lire nos traces, et nous nous
rejoindrons.
Astrid Shriqui Garain, lecture.
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