vendredi 17 juin 2016

Traces d'encre, Carolyn Carlson




 

 ISBN 9782330000172 Editions Actes Sud 



Il y a 14 000 ans avant JC , au fond d'une grotte, en Dordogne, des

mains gravaient dans la pierre l'image d'un homme cerf qui 

dansait.


Il dansait et des mains ont écrit son chemin. 

Le geste de son chemin entre ces  mains.







Écrire la danse. Écrire cette danse . Écrire pour que nous puissions 

les entendre.


Parce qu'il y a une intelligence, une histoire dans chaque danse. 

Du geste de la  jambe qui traverse l'espace, de la main qui taille la

 pierre ou de la force du pouce  qui creuse la terre, du crayon qui

 trace, qui courbe, du clavier sur lequel on frappe, du rideau qui se

 soulève à la fenêtre, aux particules des poussières qui 

dansent, au jour qui se lève, tout est geste, tout fait signe.





On danse pour écrire son espace. 

On frappe, on grave, on frotte, on gratte pour 

se faire entendre. Pour dire. On parle de mémoire. 

De cette mémoire commune que contient notre individualité.

Par signe par respiration par rythme par pulsation par extase par

 force ,jamais par hasard.


Sans volonté pas de langage, sans volonté pas de partage, 

sans volonté aucun voyage, aucun retour.  Un naufrage.

Sans volonté aucune liberté.






Le pouvoir sans doute. Mais la première étincelle est volonté. 

Nécessaire volonté.


La volonté du soleil, du vent, de la lumière, la volonté du fleuve, 

des hommes et de la pluie.


Tout s'affronte, se confronte, s'associe, se meut dans un sens. 

Un ensemble. 

Le grand ensemble fait de force, d'énergie, de contraires, 

de matières. Cela nous dépasse. Nous le savons. 

Nous le rattraperons. 





De dire, de parler, de communiquer d'écrire de danser.

Cela est une affaire de sens.


Geste de peau, geste de souffle, geste de force, geste de noire signe

 de blanc, la musique de l'esprit contient l'harmonie du monde.



Affirmer « n'avoir qu'un désir, un destin, devenir malgré tout 

une peinture vivante. » comme le disait Victor Segalen dans 

ses Peintures. 





Du peintre, à la calligraphie, de la calligraphie, à la poésie, 

de la poésie à la danse de la danse à la lumière de la lumière au

 premier geste du premier geste au premier verbe. 

La première touche la première note. 











Je suis je dis je dis je suis je suis je danse je danse ce que je suis je

 ce ce que je dis je dis ce que je note et je dis ce que j'écris j'écris

ce que je danse je danse ma vie je suis en vie .



Musique de vie. Chant. Danse. Poésie. 

Je le proclame et te l'annonce. Je vous écris.




Carolyn Carlson, fait poésie de la vie. 

Elle danse, chorégraphie, calligraphie, elle écrit. 

Et c'est parce qu'elle est une des représentations les plus vivantes

de  « ce que vers quoi Écrire doit tendre » c'est toujours une

sonorité extrêmement  importante qui nous parvient à chaque fois


qu'il nous est possible de la voir, de  l'entendre, de l'écouter, 

de la lire.




Immenses questions. 

Immenses rappels qui nous reviennent  en mémoire. 

Cohérence de nos multiples co-incidences.



Alors «  geste de danse pour accentuer la légèreté du lavis » .

 Tenir le fil , tisser  nos lignes, une trace d'encre. 

Le signe de Vie.


Dire l'histoire, lire l'empreinte, entendre le voyage vers cette terre


«  où ne règne que la lumière ». 






Comment exprimer cela ? 

Comment rendre l'émotion qui nous parvient à vivre ?



Comme le disait un peintre chinois « quand l'idée est au bout du

 pinceau , pas la peine d'aller au bout de l'idée », alors....: 

 pointe, encre, pinceau, la scène devient tableau. 







Alors lire ce que nous dit Carolyn Carlson. 

« Ce que tes yeux feront pour moi, je  le ferai pour toi en retour ».

 Le souffle. La respiration du monde.


L'échange. L'instant du regard. Du premier regard.


Trouver cette « âme dans un mouvement de couleur absente ».


Présence. Vérité d'une présence.


« tu es pluie ruisselante à la fenêtre ». 

C'est entendre monde à sa fenêtre  comme savait le voir 

Josef Sudek. 

« Tu es l’événement au cœur de l'océan ».


 Tu marches à travers des « miroirs ente terre et mystère ».


Tu me fais signe. Je ne me perds pas. Nous sommes ensemble.



« Ceci n'est pas un livre, mais un dit, un appel, une évocation, un 

spectacle. » 

Victor Segalen, Peintures, extrait. » 

 
Apprenons les uns les autres à lire nos traces, et nous nous 

rejoindrons. 














Astrid Shriqui Garain, lecture. 

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