vendredi 16 septembre 2016

La cas du hasard, Erri de Luca, Paolo Sassone-Corsi









Tout est vision. Vision du proche et du lointain, du dedans et du dehors, des cimes et des abysses, du jour et de la nuit, du silence et du bruit, du monde et de l'homme. 

L'un est scientifique , spécialiste de la biologie moléculaire, 
l'autre est écrivain, poète. 

Tous deux être humains, tous deux napolitains.
Amis, amis sur le grand chemin.
Amitié donc entre ces hommes et également avec une femme, Emiliana Borrelli
scientifique également.

Et c'est dans le cercle de cette amitié qu'ils correspondent. 




 © Eric Bourret, photographie 

Comprendre le monde c'est comprendre les hommes. 

Serions nous le reflet de ce qui nous dépasse ? 
Ou ce qui nous surpasse est il la projection de notre image ?

Pour penser ainsi, imaginer tous les possibles il faut d'abord reconnaître à l'homme sa nature d' être libre. Erasthothène, Copernic, Giordano Bruno étaient « outside the box ». 

« De temps en temps, je passe un chiffon sous mon lit. J'y trouve la poussière enroulée en boucles et en spirales, la figure parfaite des galaxies vues au télescope. La coïncidence de formes entre l'immense et le minuscule m'attire. Un amas d'étoiles reproduit celui d'un rouleau de poussière. » 
Infiniment grand, infiniment petit. 

Deux mètres d'ADN...une galaxie. Lorsque nos cellules se touchent combien de mondes se tutoient ? 

Vision des sciences, vision poétique de nos espaces.

« L'ADN est une prophétie. Elle est écrite , mais ne peut être appliquée ». 
Par le choix, l'homme change le cours de son histoire continuellement. 
L'homme, cet instable fait nature.

Ce qui est écrit dans l'ADN est donc d'une importance fondamentale, mais ce que les cellules de notre corps utilisent pour lire la partition est essentiel pour donner ce que les biologistes appellent « la plasticité du génome ».
Notre ADN est comme un moule qui prend diverses formes selon les étapes de notre développement.
99.9 % de sa matière nous est commune à tous. Mais chacun interprétera sa lecture.
Histoire, émotions, événements, accidents, joies et douleurs rencontrées donnent « forme » à notre ADN.
« Ainsi, les décisions sociales, politiques, affectives sont déterminées par des convictions qui ne sont écrites dans l'ADN, mais qui sont produites par la plasticité du génome. »

La plasticité du génom nous offre «  un vaste espace de liberté du comportement ».

Infiniment grand , infiniment petit. Infiniment loin.

Hasard, probabilité, inné, acquis, possible….
Combien de chances pour que la vie apparaisse ? Qu'elle progresse ? … Qu'elle subsiste ?...Qu'elle se développe ?

Rien n'est écrit définitivement. Tout est en mouvement.

Expansion de l'univers, expansion de la vie.
De toute vie.

L'homme réalise qu'il n'est pas seul au monde. Tout concorde pour que  la grande partition du monde soit jouée. Du désert à la banquise , des profondeurs des océans, du fond des plus épaisses forets. Tout Vie, tous participent. 

Interaction, adéquation, A quel point que l'infra rejoint-il le supra ? 

Nous sommes Capteur de système solaire. Des structures moléculaires dans chaque cellule reçoivent des signaux. La nuit le jour , nous recevons. Nos cellules savent la nuit, savent le jour.
Notre rythme naturel est basé sur un cycle. 

« astronomie et biologie «  sont liées. 

«  En août, couché sur le toit dune maison d'un île, j'ai senti sur moi le poids de l’univers grand ouvert.Il pesait dans ma respiration, il pénétrait par mon nez et mes yeux, il tournait dans mon corps de mes cheveux à mes pieds. La nuit grande ouverte au-dessus de moi envoyait sur la Terre une énergie, différente de celle du Soleil, mais tout aussi forte.Mon corps fatigué d'avoir nagé, rassasié de poisson, s'en abreuvait.Qu'est donc la nuit pour le corps ? »

La nuit ce silence de lumière. Lumière composée de photons. Ces particules voyagent à trois cent mille kilomètres par seconde. La lumière du Soleil met 8 minutes pour arriver jusqu'à nous, pour les lointaines galaxies cela se mesure en milliards d'années.
Lumière ET nuit . Inséparables.

La Nuit ? Nous dormons rêvons, nous courrons, nous combattons, nous fuyons, La Nuit ? . Notre epiphyse , ce « troisième oeil à l'inérieur de notre cerveau » , issu des mêmes cellules qui donnèrent naissance également à notre rétine, travaille . La Nuit ? Elle fabrique la mélatonine qui régie la grande horloge de notre sommeil.
« Et la nuit est immense. » Notre sommeil profond, nos rêves si hauts...
« J'aime le temps qui est passé, bon s'il a été bon, mauvais parce qu'il ne peut y revenir. »
Passé, futur présent, ce n'est pas une question d'échelle mais de rayonnement, de sprirales, de cycles,..une histoire ronde comme le monde.
Alors en lisant cette correspondance entre Paolo Sassone-Corsi et Erri de Luca j'ai pensé à Leopardi, au tendre Giacomo Leopardi.

« Toujours j'aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j'invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une si profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le coeur. Et percevant
Le vent qui passe dans ces feuilles – ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l'éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encor, de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d'immensité ma pensée sombre,
Et m'abîmer m'est doux en cette mer.
Giacomo LEOPARDI, Canti.

«  Lune, que fais tu dans le ciel ? Dis le moi, que fais-tu, Lune Silencieuse » ?…
Giacomo, ...le tendre et si malheureux poète.
Et puis vision encore


« Pour avancer je tourne sur moi-même ... »
 
....«  Mais au dedans , plus de frontières !».. Jean TARDIEU. 


Depuis la nuit des temps, Passé et Avenir , Sciences et Poésie sont sœurs humaines. 
 

Lucrèce, Gaston Bachelard, Léopardi, Albert Jacquard, André Brahic, De Lucca, Hubert Reeves, Sassone-Corsi, ….

il n'y a pas que du hasard, peut être n'y a t il, pour commercer, que de très belles  rencontres.

 Paolo Sassone-Corsi, Emiliana Borrelli, Erri de Luca 






La nébuleuse à double hélice observée par le télescope spatial Spitzer serait la conséquence d'une déformation du champ magnétique au voisinage du coeur de la Voie Lactée  (Crédits : NASA/JPL-Caltech/UCLA)

 Astrid Shriqui Garain, lecture 09.2016.



  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire