mardi 30 mai 2017

l'ombre déroule


"The ninth vawe" © de Ceslovas Cesnakevicius.


L'ombre qui déroule ta chemise sur mon chemin
c'est un livre grand offert à la parole de mes mains.

C'est un océan qui plonge dans un regard
et qui remonte à la lumière de ta bouche.

Et c'est ainsi que je perds pieds
lorsque ma mémoire se retrouve à te chercher.

La lumière marche toujours sur l'ombre,
puisque nos rêves nous envolent
aussi loin que la vie peut nous porter.

Alors, de ce lieu, il se peut que je tu lises
le premier refuge de ma pensée.

Astrid Shriqui Garain," l'ombre déroule".  © 

lundi 22 mai 2017

le soleil coincé


 "écaille" , huile, Astrid Shriqui Garain ©


Le soleil coincé entre les pôles
je courais coller mes ailes
aux pétales du ciel

en épingle sur la page
avec mes deux mains tendues
vois tu
...ça ne rime plus.


Astrid Shriqui Garain, ©" le soleil coincé" 


Organique 9 - 7





"Les organiques - 9 " Astrid Shriqui Garain, ©



Les organiques - 7 - Astrid Shriqui Garain, ©



Je sais que le hasard




 "Be"   © Photographie d'Oliva Parker, 2016 ,
série " disparaître en pleine vue".



Je sais qu'il n'existe pas de hasard

le rêver c'est possible voyager


Je sais qu'il n'existe  pas de chant

celui qui me vit de t 'espérer


Je sais que la nuit ne féconde pas le jour

Je garde ton étoile au goût de ma langue


Je sais que les mots ne défilent pas l'éternité

et c'est là que j'ai tissé la clé


Je prononce ton regard à la lumière d'un poème

Puisque le temps ne sait rien faire

alors c'est à moi de ne pas l'oublier


Oui je sais  qu'il n'existe pas de hasard

alors si matin je parle en étoile

c'est parce que j'écris pour te trouver


Savoir qu'il n'existe pas de hasard

Penser c'est impossible résister

c'est peut-être là la seule force d'exister.


Astrid Shriqui Garain, © " je sais que le hasard".


jeudi 18 mai 2017

La lettre voyage



Matin. Matin d'une lettre.
Une lettre voyage, venue, posée, comme bagage.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main, témoin,
survivante à des myriades de sable.
Prendre le temps. Le temps devenu trop sérieux, trop pesant parfois.
Respirer au souffle de ce rivage.
Prendre le temps, regarder une date, tourner et retourner son enveloppe.
Comme un coquillage, une nacre à laquelle une gangue saline redonne la forme d'un visage.
Presque signe. Un message.
On voudrait déjà deviner mais l'incertain contient le sourire d'un présage devant lequel l il faut savoir laisser l'instant se découvrir.
Alors, enfin, convier cet instant.
Décortiquer. En ouvrir les pétales.
Ne rien déchirer puisqu'on le sait, cette lettre sera gardée, parce qu'il faut toujours prendre soin ce que l'on vous a confié.
Matin, une lettre à l' écriture vive, comme mille ruisseaux d'un langage, et l'on sourit à revoir le rythme des phrases, et l'on penche son regard à l'inflexion d'une voix, sur ses silences qui sont comme la respiration d'un pas que rien ne saura arrêter.
Écriture vive, virgule d'écailles, lettres courant l'une vers l'autre.
Intimes arabesques qui viennent combler les creux d'une absence que l'arrogance des temps pensait de son devoir remplir.
Matin d'une lettre qui forme à cette fenêtre les paroles d'une ronde imaginée.
Il faut un temps. Un temps l'on en vient à prier l' heure de s'arrêter.
Pas de voyant, pas de flux, pas de bip, par de cliquetis.
La modernité serait de reconnaître que nous ne sommes qu'aimant d'éternité.
Juste cette lumière, rendue à ce temps, livrée à cet orage troublant, entendre un peu lointains les bruits qui viennent frôler le ventre des nuages, à demi ton, à petite voix, trois feuilles d'un beige revêtu sur lesquelles une encre marine festonne l'étendue.
Un peu de ce rivage. D'un paysage enfin reconnu.
Matin d'une lettre, une ville, une date et un prénom résonne.
« A force de m'écrire/Je me découvre un peu/ Je retrouve l'autre » écrivait Andrée Chedid.
Quoi de plus précis pour dire ce que le matin d'une lettre peu offrir en partage.
Rompre la cadence des heures et goûter un peu de ce pain qui nous donnent matin la force de rejoindre nos rives.
Des mots qui donne au quotidien la silhouette d'une âme.
Le parfum de l'esprit est là, entre les lignes comme des oiseaux menus posés au fil d'un passage soulignant la présence d'un geste, la romance de toute peine, et l'élégance d'un sourire.
Ainsi devrait-on toujours reconnaître notre concorde appartenance de nos Vivre-bagages.
« Je vais bien ».
Trois mots qui viennent apaiser votre cœur. Trois mots qui viennent du pays d'Amitié, trois mots liés maintenant à votre pensée par le présent de leur ligne, devant vos yeux, à votre bouche, dessiné .
Musiques de mots espérés attendues, à présent entendues, à bras ouverts, comme la sonate d'un baiser.
On ne s'écrit plus. C'est un usage, une convenance, un pacte.
On fait vite, on fait peu, on se salue, on dit si peu.
On verbiage On transmet. On efficace.
On rentabilise. L'investissement a perdu tout usage. Les thèmes et les termes ont perdu leur langage.
On se mesure , voilà l'estime qui va de soi en soi.
On catapulte une idée, à peine si on veut bien savoir dans quel interstice elle voudra peut être se loger.
Vers quel désir, quelle crainte, quelle joie, quel amour elle portera l'enfance de son fruit….
On ne s'écrit plus de crainte de retrouver l'Autre.
Alors à ces moments perdus, on se perd chaque jour un peu plus de vue.
On existe, ou du moins on a l'usage de vouloir le fort prononcer.
Marteler peut briser plus qu'il ne crée.
On ne s'écrit plus. On se dissout, on se disperse. On ne s'écrit plus, de soi en l'autre et de cet autre vers soi. Le sable ne sait pas comment adresser un message à des regards vitrifiés.
On écrit sans même y penser.
Sans rien dessiner, sans rien laisser deviner.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main..
Les cloisons forment les prisons. Des lieux où l'on fait son temps.
On le compte, on y soustrait ses heures, celles qui d'un jour viendront à nous manquer.
Matin d'une lettre, comme ce bonjour qui de sa plume avive le jardin de mes pensées.
Douceur de toi venue généreusement semer ses mots en moi.
Que de fruits ces mots viennent d' offrir, que de plaisir, de plénitude, ces mots viennent fleurir aux fenêtres grandes ouvertes du matin.
A ce demain d'une lettre,
que je tiens dans mes mains et que tu recevras
matin, comme toute lettre libre voyage .

Astrid Shriqui Garain, © la lettre voyage.

mercredi 17 mai 2017

L'ïle monarque



L'île monarque, © Astrid Shriqui Garain 

 La démence n’est que par ciel. 
Il faut poussière adjoindre à l’écriture du monde.
Du bout des lèvres ordonner l’espace entre ce que nous fécondons et ce que nous condamnons.
 
 C’est un silence que nous combattons.
Sans que rien ne cesse.
Sans relâche.
En voulant pourtant tout commettre.
Dans nos tentatives de communion, dans nos affrontements, nos fuites, nos rébellions, et dans nos insignes acceptations.
Faire en sorte du dire pour ne pas tomber muets et sans autre nom que celui que viendrait recouvrir la poussière de ce que nous empreintons.
Ce faire entendre comme une nécessité de chair.
Faire se lever, se dresser, une voix, un son, une lumière.
Cette trace d’ existence.
Non pas pour laisser , achever, abandonner, mais pour donner, offrir,
offrir une possibilité à ceux qui nous suivrons.
A ceux qui ne doivent pas nous survivre. mais vivre à leur façon,
et à leur manière toute particulière : une démentielle présomption.
Car vivre est une présomption,
une présomption d’existence.
Qui peut dire exactement où commence et ou s’arrêtera notre fiction ?
C’est cette liberté que nous devons reconnaître.
L’empreinte d’un corps fugace, passager de miroir de glace,
âme peut être, esprit qui sans relâche ordonne l’espace.
Juste une échancrure de parole .
 
C’est un silence que nous combattons.
Ainsi nous comètons.

Alors musicien par le son, le geste, le pas, par l’image, par le verbe, musicien,
il nous faut connaître l’empreinte de chaque ton.
Au creux de nos mains :l’échappement d’un regard.
Des poings comme des étoiles et que démence par ciel nous libérons.
Entre nos tempes soumettre la violence à l’intelligence de ce que percevons.
Battre de nos ailes et faire monter l’encens sublime d’un tempo.

La démence n’est que par ciel.
 
C’est vivre que d’être fou.
 
Parce que nous n’avons pas d’autre choix que d’être plus fort ,
plus vif que ce qu’il nous semble être mort.
 
Inévitable n’est pas un flot qui convient aux étoiles.
Elles naissent aux bords du monde, entre les lèvres de chaque seconde, brèves pulsions en de convulsives cascades. Danse monarque déversant un futur mémoire dans un astre domaine.
 
La démence n’est que par ciel. 
Un jour tout de blanc . Brûlant, étincelant.
 
Cela sera en nous de tout autrement.

Asrid Shriqui Garain, ©, l'île monarque.  01.2016, 


babelion



Babelion, ©, Astrid Shriqui Garain 



Organique5


Organique5, © Astrid Shriqui Garain


"L'unité de conception surréaliste, qui prend valeur de critérium, ne saurait être recherchée dans les "voies" suivies qui peuvent différer du tout au tout. Elle réside dans la profonde communauté de but : parvenir aux terres du désir que tout, de notre temps, conspire à voiler et les prospecter en tous sens jusqu'à ce qu'elles livrent le secret de "changer la vie". »    André Breton
(Sarrebruck, Mission diplomatique française en Sarre, Peinture surréaliste en Europe (préface d'André Breton), 1952, )."



eThNOGRAPHIEs



eThNOGRAPHIe 1    © , Asrid Shriqui Garain


 eThNOGRAPHIe 2  ©  , Asrid Shriqui Garain

mercredi 10 mai 2017

à la bouche






"à la bouche" , © Astrid Shriqui Garain 


 Par ses entrelacs singuliers
la feuille égraine la pulpe d'un mot
sous le pendule d'un arbre.

La vulve grandissante de l'Être
épure la fibrance de sa chair

A l'entaille de sa terre
elle ouvre et parle sa matière.

Déchirement qui s'ouvre et qui se voit
d'une main traverser l'immensité de sa tête.

Papilles volubiles
comme lignes semant une lettre
à la renverse d'une veine.

geste dévêtu de sa nuit
berçant la vie dans une fenêtre ouverte.



à la bouche, 
© Astrid Shriqui Garain 

l'arbre de Jessé



"L'arbre de Jessé "
©  Astrid Shriqui Garain