Matin. Matin d'une lettre.
Une lettre voyage, venue, posée, comme bagage.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main, témoin,
survivante à des myriades de sable.
Prendre le temps. Le temps devenu trop sérieux, trop pesant parfois.
Respirer au souffle de ce rivage.
Prendre le temps, regarder une date, tourner et retourner son enveloppe.
Comme un coquillage, une nacre à laquelle une gangue saline redonne la forme d'un visage.
Presque signe. Un message.
On voudrait déjà deviner mais l'incertain contient le sourire d'un présage devant lequel l il faut savoir laisser l'instant se découvrir.
Alors, enfin, convier cet instant.
Décortiquer. En ouvrir les pétales.
Ne rien déchirer puisqu'on le sait, cette lettre sera gardée, parce qu'il faut toujours prendre soin ce que l'on vous a confié.
Matin, une lettre à l' écriture vive, comme mille ruisseaux d'un langage, et l'on sourit à revoir le rythme des phrases, et l'on penche son regard à l'inflexion d'une voix, sur ses silences qui sont comme la respiration d'un pas que rien ne saura arrêter.
Écriture vive, virgule d'écailles, lettres courant l'une vers l'autre.
Intimes arabesques qui viennent combler les creux d'une absence que l'arrogance des temps pensait de son devoir remplir.
Matin d'une lettre qui forme à cette fenêtre les paroles d'une ronde imaginée.
Il faut un temps. Un temps l'on en vient à prier l' heure de s'arrêter.
Pas de voyant, pas de flux, pas de bip, par de cliquetis.
La modernité serait de reconnaître que nous ne sommes qu'aimant d'éternité.
Juste cette lumière, rendue à ce temps, livrée à cet orage troublant, entendre un peu lointains les bruits qui viennent frôler le ventre des nuages, à demi ton, à petite voix, trois feuilles d'un beige revêtu sur lesquelles une encre marine festonne l'étendue.
Un peu de ce rivage. D'un paysage enfin reconnu.
Matin d'une lettre, une ville, une date et un prénom résonne.
« A force de m'écrire/Je me découvre un peu/ Je retrouve l'autre » écrivait Andrée Chedid.
Quoi de plus précis pour dire ce que le matin d'une lettre peu offrir en partage.
Rompre la cadence des heures et goûter un peu de ce pain qui nous donnent matin la force de rejoindre nos rives.
Des mots qui donne au quotidien la silhouette d'une âme.
Le parfum de l'esprit est là, entre les lignes comme des oiseaux menus posés au fil d'un passage soulignant la présence d'un geste, la romance de toute peine, et l'élégance d'un sourire.
Ainsi devrait-on toujours reconnaître notre concorde appartenance de nos Vivre-bagages.
« Je vais bien ».
Trois mots qui viennent apaiser votre cœur. Trois mots qui viennent du pays d'Amitié, trois mots liés maintenant à votre pensée par le présent de leur ligne, devant vos yeux, à votre bouche, dessiné .
Musiques de mots espérés attendues, à présent entendues, à bras ouverts, comme la sonate d'un baiser.
On ne s'écrit plus. C'est un usage, une convenance, un pacte.
On fait vite, on fait peu, on se salue, on dit si peu.
On verbiage On transmet. On efficace.
On rentabilise. L'investissement a perdu tout usage. Les thèmes et les termes ont perdu leur langage.
On se mesure , voilà l'estime qui va de soi en soi.
On catapulte une idée, à peine si on veut bien savoir dans quel interstice elle voudra peut être se loger.
Vers quel désir, quelle crainte, quelle joie, quel amour elle portera l'enfance de son fruit….
On ne s'écrit plus de crainte de retrouver l'Autre.
Alors à ces moments perdus, on se perd chaque jour un peu plus de vue.
On existe, ou du moins on a l'usage de vouloir le fort prononcer.
Marteler peut briser plus qu'il ne crée.
On ne s'écrit plus. On se dissout, on se disperse. On ne s'écrit plus, de soi en l'autre et de cet autre vers soi. Le sable ne sait pas comment adresser un message à des regards vitrifiés.
On écrit sans même y penser.
Sans rien dessiner, sans rien laisser deviner.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main..
Les cloisons forment les prisons. Des lieux où l'on fait son temps.
On le compte, on y soustrait ses heures, celles qui d'un jour viendront à nous manquer.
Matin d'une lettre, comme ce bonjour qui de sa plume avive le jardin de mes pensées.
Douceur de toi venue généreusement semer ses mots en moi.
Que de fruits ces mots viennent d' offrir, que de plaisir, de plénitude, ces mots viennent fleurir aux fenêtres grandes ouvertes du matin.
A ce demain d'une lettre,
que je tiens dans mes mains et que tu recevras
matin, comme toute lettre libre voyage .
Astrid Shriqui Garain, © la lettre voyage.
Une lettre voyage, venue, posée, comme bagage.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main, témoin,
survivante à des myriades de sable.
Prendre le temps. Le temps devenu trop sérieux, trop pesant parfois.
Respirer au souffle de ce rivage.
Prendre le temps, regarder une date, tourner et retourner son enveloppe.
Comme un coquillage, une nacre à laquelle une gangue saline redonne la forme d'un visage.
Presque signe. Un message.
On voudrait déjà deviner mais l'incertain contient le sourire d'un présage devant lequel l il faut savoir laisser l'instant se découvrir.
Alors, enfin, convier cet instant.
Décortiquer. En ouvrir les pétales.
Ne rien déchirer puisqu'on le sait, cette lettre sera gardée, parce qu'il faut toujours prendre soin ce que l'on vous a confié.
Matin, une lettre à l' écriture vive, comme mille ruisseaux d'un langage, et l'on sourit à revoir le rythme des phrases, et l'on penche son regard à l'inflexion d'une voix, sur ses silences qui sont comme la respiration d'un pas que rien ne saura arrêter.
Écriture vive, virgule d'écailles, lettres courant l'une vers l'autre.
Intimes arabesques qui viennent combler les creux d'une absence que l'arrogance des temps pensait de son devoir remplir.
Matin d'une lettre qui forme à cette fenêtre les paroles d'une ronde imaginée.
Il faut un temps. Un temps l'on en vient à prier l' heure de s'arrêter.
Pas de voyant, pas de flux, pas de bip, par de cliquetis.
La modernité serait de reconnaître que nous ne sommes qu'aimant d'éternité.
Juste cette lumière, rendue à ce temps, livrée à cet orage troublant, entendre un peu lointains les bruits qui viennent frôler le ventre des nuages, à demi ton, à petite voix, trois feuilles d'un beige revêtu sur lesquelles une encre marine festonne l'étendue.
Un peu de ce rivage. D'un paysage enfin reconnu.
Matin d'une lettre, une ville, une date et un prénom résonne.
« A force de m'écrire/Je me découvre un peu/ Je retrouve l'autre » écrivait Andrée Chedid.
Quoi de plus précis pour dire ce que le matin d'une lettre peu offrir en partage.
Rompre la cadence des heures et goûter un peu de ce pain qui nous donnent matin la force de rejoindre nos rives.
Des mots qui donne au quotidien la silhouette d'une âme.
Le parfum de l'esprit est là, entre les lignes comme des oiseaux menus posés au fil d'un passage soulignant la présence d'un geste, la romance de toute peine, et l'élégance d'un sourire.
Ainsi devrait-on toujours reconnaître notre concorde appartenance de nos Vivre-bagages.
« Je vais bien ».
Trois mots qui viennent apaiser votre cœur. Trois mots qui viennent du pays d'Amitié, trois mots liés maintenant à votre pensée par le présent de leur ligne, devant vos yeux, à votre bouche, dessiné .
Musiques de mots espérés attendues, à présent entendues, à bras ouverts, comme la sonate d'un baiser.
On ne s'écrit plus. C'est un usage, une convenance, un pacte.
On fait vite, on fait peu, on se salue, on dit si peu.
On verbiage On transmet. On efficace.
On rentabilise. L'investissement a perdu tout usage. Les thèmes et les termes ont perdu leur langage.
On se mesure , voilà l'estime qui va de soi en soi.
On catapulte une idée, à peine si on veut bien savoir dans quel interstice elle voudra peut être se loger.
Vers quel désir, quelle crainte, quelle joie, quel amour elle portera l'enfance de son fruit….
On ne s'écrit plus de crainte de retrouver l'Autre.
Alors à ces moments perdus, on se perd chaque jour un peu plus de vue.
On existe, ou du moins on a l'usage de vouloir le fort prononcer.
Marteler peut briser plus qu'il ne crée.
On ne s'écrit plus. On se dissout, on se disperse. On ne s'écrit plus, de soi en l'autre et de cet autre vers soi. Le sable ne sait pas comment adresser un message à des regards vitrifiés.
On écrit sans même y penser.
Sans rien dessiner, sans rien laisser deviner.
Une lettre sur la table comme l'empreinte d'une main..
Les cloisons forment les prisons. Des lieux où l'on fait son temps.
On le compte, on y soustrait ses heures, celles qui d'un jour viendront à nous manquer.
Matin d'une lettre, comme ce bonjour qui de sa plume avive le jardin de mes pensées.
Douceur de toi venue généreusement semer ses mots en moi.
Que de fruits ces mots viennent d' offrir, que de plaisir, de plénitude, ces mots viennent fleurir aux fenêtres grandes ouvertes du matin.
A ce demain d'une lettre,
que je tiens dans mes mains et que tu recevras
matin, comme toute lettre libre voyage .
Astrid Shriqui Garain, © la lettre voyage.
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