"les linges" , © info- photographie, Astrid Shriqui Garain
Nos linges
Écrire un corps
décrire ,
dés-écrire, réinscrire.
Penser mon corps .
Pensez, donc , un
corps ! Mon corps,
Ce corps, cet
alphabet
imaginez !
pensé comme pièce
oubliée.
Un souvenir enfoui
emmuré.
Écrire pour
soulever la dalle,
retourner la face,
ouvrir un corps
emboîter sa langue.
Pavillon passe
poitrail
écouter
mon corps ne se
refuse pas à dire
il guette le silence
qui lui plait.
Il sait parler.
Se taire. Oublier.
...Effacer...
...Vous souriez.
Les siècles m'ont
appris à patienter.
parle – ne te tais
pas – reviens
écoute ma caresse
j'ai aimé
sans armure, sans
pudeur
sans rien demander
sans me projeter
sans même
questionner
sans conceptualiser
sans évaluer ,
élaborer, sans juger
recevoir donner
donner au-delà
par débordement ,
par peur de suffoquer
donner à respirer ,
prononcer chaque don
comme une lettre,
une proposition, une remontée,
un rêve .
J'ai aimé –
J'aime – J'aimerai.
Ma seule trinité.
mon corps se charge
il a vu,
tremblant brûlant
il a vécu
fulgurance de joie
pulsion de chair ,
pulsation de lumière
donnant ballant
volcan
versant renversant
Une vérité s'est
déchirée
l’œil s'est
ouvert
chaque membrane est
un tambour
Aucun pardon juste
un son
Ecoute son vertige
voyant, illes se
donnent
un nom à refuser le
pire
un rire pour un non
le pire c'est céder,
plier, se taire
forcer ses lèvres
au silence
oublier, effacer
non. j'ai aimé
leur non
enchaînait mon nom
à tel force à tel
point
que cela te faisait
prendre peur,
te faisait prendre
haine
à perdre haleine
parce que ce langage
que j' exprime
ma jouissance ce
râle que j'expulse
ce cri déchire
tous les lois,
ce cri dehors d'un
ventre
/ chair sang cri
larme/
matière à jouir à
penser phénoménal
c'est mon cri et
c'est un cri de joie
Il arrache toutes
les portes
c'est courant,
frôlant,
Je nous aime
en pensant l'autre
mon égale
Je nous regarde
ni moitié ni tout
un être singulier,
toi
un unique
désirant,moi
baisant pensant
caressant
autre en toi autre
de moi
dire mon corps c'est
écrire l'autre
parler de nos corps
c'est dire l'entrejambe
de nos langues
bouche à lèvres
langue dans l'encre
mot à mot lire
le goût de la peau
Mon corps porte ses
traces
nue, neutre,
ni terre ni ciel, à
mots ouverts
peut être un peu de
sable
un souffle,
poussière ou terre
une fiction , une
carte,
à chœur , aux
poings,
par poignées de
phrases
debout, hurlant
mon corps est une
vague
Je peux laisser passer
ses navires
j' inventerai une autre
route
créer d' amour
vivre de jouir
tu es ma page
je suis un livre
c'est un non d'un
même nom
ni tabou
ni légende
ni mât
ni pieu
ni caverne
ni totem,
je suis oiseau
cerne sous mes ils.
illes sous mes
elles
Nous sommes oiseaux.
Je prends l'air.
entre la lumière et
ma bouche
il y a cette empreinte
Une main et ses cinq
lettres .
Chut…
Je pose mes mains
sur tes mains
la neige transpire,
sur tes paupières
Elle trempe mes
lèvres dans le ciel
Écoute...
Nos corps sont au
soleil d'un repos.
Astrid Shriqui Garain ©
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire